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L'ALLEMAGNE DE WEIMAR UN ÉCHEC DE LA DÉMOCRATIE (1919-1933) - Histoire

Publié le 25/01/2013

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allemagne

L'Allemagne vaincue fait l'expérience d'un régime démocratique dans des conditions difficiles. Née de la défaite et de la révolution, la République de Weimar souffre dès sa fondation de /'opposition irréductible des communistes et de la droite. Or la jeune démocratie doit affronter les graves séquelles de la guerre, réparations et inflation, puis une crise d'une ampleur inégalée en 1929. La coalition des partis républicains s'effrite d'élection en élection. Dès 1930, le jeu normal des institutions parlementaires s'enraye. La crise économique et la détresse sociale rejettent les Allemands vers le communisme et surtout le national-socialisme. Quoique minoritaires, les « nazis « entreprennent leur marche vers le pouvoir, tout en déchaînant la violence dans la rue. Le 30 janvier 1933, leur chef, Hitler, devient en toute légalité chancelier d'un régime qu'il veut détruire....

allemagne

« g 1 °' Une défaite qui a goQt de victoire :i Ernst von Salomon était cadet d'une ~ école d'officiers à la fin de la guerre de ~ 1914.

Indigné, blessé dans son nations­ (/) lisme.

il s'engage dans les corps francs de le ~ Baltique .qui combattent contre les Solche­ ~ viks à la frontiére orientale.

Puis, il prend 5 part au putsch Kapp et au complot qui .c débouche sur l'assassinat de W.

Rathenau.

~ fi est jugé et condamné à cinq ans de prison.

a; Dans son livre, Les réprouvés, il retrace son ~ expérience depuis 1918.

m E ..

Ë Les conditions de l'armistice furent affichées.

1j J"étais au milieu d"une grande masse ~ d"hommes devant l'édifice du journal.

De .c grandes feuilles aux titres criards étaient ~ suspendues devant moi, un monsieur lisait à © mi-voix en Anonnant, d" autres gens se pous­ .c saient en avant dont un portait le brassard ~ rouge.

( •..

) ~ Les titres s"étalaient en gros caractères satisfaits; mon premier sentiment fut de la 8 colère contre le journal parce que ces condi­ tions horribles, sèches, laconiques étaient présentées sous une forme presque joviale.

Puis ce fut comme si la faim, à laquelle je croyais m"être habitué, me tordait les parois de l'estomac.

Quelque chose me monta à la gorge, m'emplit la bouche d"un goOt nau­ séabond et fit danser devant mes yeux un millier d'étincelles.

Tout disparut à ma vue, même les gens qui étaient là autour de moi en rangs serrés, tout, sauf ces lettres noires qui avec le calme le plus effrayant m'enfon­ çaient dans le cerveau tant de choses mons­ trueuses.

Tout d"abord, je ne compris pas; je dus faire un effort pour comprendre.

Je crus devoir rire, la gorge sèche je marmonnai des choses tout seul, et plus mes yeux glis­ saient avec une croissante rapidité sur les lignes, plus létau qui m'étranglait se resser­ rait.

A la fin, je ne retins qu"une chose, c'est que les Français allaient venir, que les Français entreraient en vainqueurs dans la ville.

Nous étions debout, le cou tendu, pour voir s"ils n'arrivaient pas encore et tous les désirs se concentraient sur ce point unique.

Maintenant tout allait changer.

Le front venait et apporterait le souffle de ce monde qui pendant quatre années avait été le seul à compter.

Nous étions debout à attendre les meilleurs de la nation.

Leur enjeu ne pouvait pas avoir été risqué en vain.

Non, les morts n· étaient pas tombés pour rien, cela ne devait pas être, ne pouvait pas être.

Le front venait.

Autour de lui, la confiance tis­ sait une auréole éclatante.

Brusquement, nos paroles et nos opinions échappaient à cette atmosphère étouffante des recoins dans lesquels elles s"étaient confinées depuis des semaines.

Nos soldats ren­ traient, notre brillante armée était là, elle qui jusqu·au bout avait fait son devoir, qui avait gagné nos plus belles victoires, victoires dont l'éclat nous semblait presque insuppor­ table maintenant que la guerre était perdue.

L'armée n· était pas vaincue, le front avait tenu jusqu'à la fin.

Il revenait et il renouerait tous les liens.

E.

von Salomon.

Les "prouvt1s.

Pion éd .• trad.

française, 1931, p.

14, 23.

2 L'espoir dans la démocratie Hugo Preuss définit, dans une allocution du 29 juillet 1919, l'espoir des Rflpublicains Démocratie et parlementarisme n'ont pas la même signification.

L'Allemagne n'a pas encore parcouru les stades qui conduisent BU parlementarisme démocratique, ceux du parlementarisme aristocratique et plouto­ cratique.

Il nous a fallu risquer le saut mortel et prendre sur nous les grandes difficultés qui en résultent.

Nous avons tout de suite donné à l'Allemagne le parlementarisme démocratique.

Et ce n'était pas seulement notre évolution politique qui était retarda­ taire.

Elle l'était aussi par rapport à l'histoire économique et sociale de notre peuple.

Tan­ dis que nous élaborions la Constitution, nous étions, à chaque stade parcouru, avant tout hantés par le désir de sauver l'unité du Reich, de la consolider...

Nous avons les­ poir ...

que l'unité nationale ne sera pas seu­ lement, dans le cadre de cette Constitution, sauvegardée, mais encore renforcée et for­ tifiée.

3 E.

Vermeil, L'Allemagne contemporaine, Aubier éd., t.

1.

p.

350.

L'esprit de Weimar F.

Ebert tente de d(Jfinir l'esprit de Wei­ mar lors de la réunion du premier Reichstag républicain en juillet 1919 : Ici, à Weimar, nous devons réaliser le passage de l'impérialisme à l'idéalisme, de la puissance mondiale à la grandeur spiri­ tuelle.

L'époque du Kaiser, où seul l'éclat extérieur avait de l'importance, est bien définie par Lassalle 1 quand il dit que l'esprit des grands poètes et penseurs classiques l'avait à peine effleurée.

Il faut maintenant que l'esprit de Weimar, l'esprit des grands philosophes et écrivains, remplisse à nou­ veau notre vie.

Kolnische Zeitung (populiste de droite) du 4 aoOt 1919.

1.

Fondateur du socialisme allemand.

4 La République et les ouvriers Dans ce discours tenu le 11 février 1919 devant l'AssembMe constituante à Weimar, F.

Ebert, qui vient d'ltre (J/u président de la République, commente ainsi son accés à la magistrature suprlme : Mais je reconnais aussi que je suis un fils de la classe ouvrière qui a grandi dans le monde des idées socialistes et que je n· ai l'intention de renier ni mes origines ni mes convictions.

En me confiant la plus haute fonction de la République allemande, vous n'avez pas voulu, je le sais, favoriser la domination d'un seul parti, mais vous avez reconnu lextraordinaire changement qui s'est produit dans notre Ëtat ainsi que l'im­ portance immense qu·aura la classe ouvrière pour l'accomplissement des tllches à venir.

ln Die deutsche Arbeiterbewegung dans Paris-Berlin.

1900-1933, Catalogue de !"exposition du Centre Beaubourg, 1978.

5 • La répre11ion contre les spartakistes Le chien sanglant, caricature de George Grosz.

Le socialiste Noske est représenté en officier : « A ta santé 1 La jeune révolution est morte I » 6 Le jugement négatif des Populistes sur la Constitution de Weimar La nouvelle Constitution allemande res­ pire vraiment peu l'esprit allemand; le droit électoral étendu, la domination du Parle­ ment, la faiblesse du gouvernement, !'insi­ gnifiance du président et la pratique du réfé­ rendum ont radicalisé lAllemagne comme aucun grand pays civilisé ne l'a encore été.

Nous craignons que cela ne réponde ni au caractère, ni à la mission que l'Ëtat alle­ mand doit remplir, tant dans le temps pré­ sent que dans l'avenir proche.

Moins la Constitution nous donne de garanties pour une évolution calme et continue et plus les hommes politiques voient grandir leur devoir de stimuler cette évolution.

Les partis de droite, eux aussi, que de bonnes raisons ont amenés à repousser la Constitution, devront tenter de restaurer, en s"appuyant sur elle, l'ordre à l'intérieur et le respect du nom allemand à !"étranger.

Kôlnische Zeitung (populiste de droite) du 4 aoOt 1919.

Cité par G.

Castellan.

La République de Weimar, A.

Colin éd., p.

77.

7 Extraits de la Constitution de Weimar Article premier.

- Le Reich allemand est une République.

Le pouvoir politique émane du peuple.

Art.

13.

- Le droit du Reich l'emporte sur le droit des pays.

S'il y a des doutes ou des divergences d" opinion sur la question de savoir si une prescription contenue dans le droit des Ëtats-Unis est conciliable avec le droit du Reich, l'instance centrale compé­ tente du Reich ou de l"Ëtat-Pays peut, sui­ vant disposition plus précise d"une loi du Reich, en appeler à un tribunal suprême du Reich.

Art.

17.

- Chaque pays doit avoir une constitution républicaine.

La représentation populaire doit être élue sur la base du. »

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