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L'Amérique Latine

Publié le 27/02/2008

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Le cas des pays d'Amérique latine au cours de la période qu'il est convenu d'appeler l'entre-deux-guerres illustre à la fois, et d'une façon contradictoire, l'inadéquation du découpage chronologique de la périodisation classique européenne, et cependant la sensibilité de cette partie du Nouveau Monde aux moindres pulsations d'une vie internationale gravitant alors autour de l'Europe et des États-Unis.                D'une part, en effet, il est à se demander s'il a existé quelque chose comme " un entre-deux-guerres " pour les pays au sud du Rio Grande. La guerre de 1914-1918 les a surpris en ordre dispersé, les a à peine dérangés dans leur évolution et, en tout cas, les a amenés à prendre des positions diverses. Une minorité seulement a déclaré formellement la guerre à l'Allemagne, huit exactement : le Brésil, Costa Rica, Cuba, Guatemala, Haïti, Honduras, Nicaragua et Panama. A l'exception du Brésil, cette liste ne comporte que des petits pays d'Amérique centrale et des Caraïbes, zone directement dans l'orbite des États-Unis. Cinq autres se contentèrent de la rupture des relations diplomatiques : Pérou, Uruguay d'abord puis la Bolivie, la République Dominicaine et l'Équateur. Enfin, sept restèrent carrément neutres : l'Argentine le Chili, la Colombie, le Mexique, le Paraguay, El Salvador et le Venezuela. Parmi ces derniers, comme on le voit, se trouvaient les pays qui ont traditionnellement le plus de poids dans la balance du continent. On peut donc dire que " la Grande Guerre " n'a pas été un phénomène latino-américain. Les pays d'Amérique latine l'ont vécue de l'extérieur, en spectateurs lointains et d'opinions partagées. Loin d'être comme en Europe la fin véritable du dix-neuvième siècle historique, la guerre de 1914-1918, " accident de parcours ", n'a fait qu'accélérer un processus de restructuration générale dont le démarrage spectaculaire remonte à la conjoncture de 1910-1911 qui, elle, a inauguré le vingtième siècle historique latino-américain.

« Le cas des pays d'Amérique latine au cours de la période qu'il est convenu d'appeler l'entre-deux-guerres illustre à lafois, et d'une façon contradictoire, l'inadéquation du découpage chronologique de la périodisation classiqueeuropéenne, et cependant la sensibilité de cette partie du Nouveau Monde aux moindres pulsations d'une vieinternationale gravitant alors autour de l'Europe et des États-Unis.

D'une part, en effet, il est à se demander s'il a existé quelque chose comme “ un entre-deux-guerres ” pour les paysau sud du Rio Grande.

La guerre de 1914-1918 les a surpris en ordre dispersé, les a à peine dérangés dans leurévolution et, en tout cas, les a amenés à prendre des positions diverses.

Une minorité seulement a déclaréformellement la guerre à l'Allemagne, huit exactement : le Brésil, Costa Rica, Cuba, Guatemala, Haïti, Honduras,Nicaragua et Panama.

A l'exception du Brésil, cette liste ne comporte que des petits pays d'Amérique centrale etdes Caraïbes, zone directement dans l'orbite des États-Unis.

Cinq autres se contentèrent de la rupture des relationsdiplomatiques : Pérou, Uruguay d'abord puis la Bolivie, la République Dominicaine et l'Équateur.

Enfin, sept restèrentcarrément neutres : l'Argentine le Chili, la Colombie, le Mexique, le Paraguay, El Salvador et le Venezuela.

Parmi cesderniers, comme on le voit, se trouvaient les pays qui ont traditionnellement le plus de poids dans la balance ducontinent.

On peut donc dire que “ la Grande Guerre ” n'a pas été un phénomène latino-américain.

Les paysd'Amérique latine l'ont vécue de l'extérieur, en spectateurs lointains et d'opinions partagées.

Loin d'être comme enEurope la fin véritable du dix-neuvième siècle historique, la guerre de 1914-1918, “ accident de parcours ”, n'a faitqu'accélérer un processus de restructuration générale dont le démarrage spectaculaire remonte à la conjoncture de1910-1911 qui, elle, a inauguré le vingtième siècle historique latino-américain.

De ce fait, 1919 ne représente pas un point de départ inaugurant une problématique nouvelle dans l'évolution del'Amérique latine, mais bien plutôt la continuation de courants, tendances et caractéristiques propres à une périodedont le début remonte à la révolution mexicaine de 1910.

Le ton donné par cette révolution, les thèmes propulséspar elle, les forces profondes mises en branle par son impact ou à son exemple dominent toute la période qui va de1910 à 1929, et qui a mérité d'être appelée “ l'élan des forces de la modernisation ”, avec l'ouverture au capitalétranger, la poussée industrielle engendrant une croissance tournée vers l'extérieur, l'irruption des classes moyennesau pouvoir consacrant en leur faveur la solution de la crise hégémonique de l'oligarchie traditionnelle et transformantle caudillisme “ archaïque ” en agent de la modernisation économique et politique.

1939 n'est guère davantage une date césure d'importance décisive.

La Seconde Guerre mondiale, bien que vécue plus intensément et moinsindirectement que la première, et bien qu'ayant fini par réaliser l'unanimité des pays d'Amérique latine (l'Argentine exceptée) contre les puissancesde l'Axe, ne termine pas à proprement parler une période, et 1945 ne provoque pas de rupture véritable d'avec un avant-guerre.

L'ère nouvelledéclenchée par la crise de 1929 poursuit son itinéraire historique en traversant la guerre, pour ne se terminer véritablement qu'aux environs de1959-1960 ; Le nationalisme revigoré par la crise et le populisme hérité de la poussée libérale-démocratique et sociale-contestataire de la périodeantérieure transforme le caudillisme éternel en un césarisme national-populiste avec par exemple un Perón P262 en Argentine, un Vargas P334 au Brésil, un Cárdenas P050 au Mexique, de la tâche historique d'assurer la participation des masses laborieuses aux bénéfices de l'industrialisation à son étape nouvelle de substitution d'importation.

Les deux guerres n'encadrent donc pas une phase bien délimitée avec son unité thématique et problématique, maisreprésentent chacune un moment particulier à l'intérieur de deux phases différenciées fondamentalement par la crisede 1929.

La fin de la guerre, une fois résorbée la courte crise d'adaptation aux conditions du retour à la paix, permet une relance vigoureuse de l'élan desforces de modernisation déjà à l'œuvre avant guerre, comme on l'a vu.

La décennie des années vingt, correspondant à l'ère de la prospéritéCoolidge- Hoover P150 aux États-Unis, s'analyse pour l'Amérique latine en une période de rapide développement économique dans le cadre de “ la croissance vers l'extérieur ”, et d'intenses transformations sociales.

C'est d'abord le retour marqué des investissements européens et l'arrivée en force du capital nord-américain.

De larégion des Caraïbes, où il avait déjà la prépondérance et où il renforce et consolide des positions qu'on ne peut pluslui contester, Wall Street, comme l'on aime à dire en Amérique latine, a profité de la guerre pour se substituer à laCity de Londres et au marché financier de Paris.

Les capitaux américains investissent le pétrole vénézuélien, laviande argentine, le cuivre péruvien et chilien et l'étain bolivien.

A la fin de 1930, les investissements américains enAmérique latine s'élèvent à un total de 5 159 millions de dollars dont 3 562 millions en investissements directs et1 597 en investissements de portefeuille.

C'est l'Amérique latine tout entière qui est désormais à l'heure de NewYork.

Toute cette manne venue de l'extérieur dynamise la croissance de la production des mines et des matièrespremières pour l'exportation, selon le processus déjà engendré à la fin du XIXe siècle.

Entre 1921 et 1930, laproduction vénézuélienne de pétrole a augmenté de 9 120 %.

Dans l'agriculture aussi, le mouvement est à la relancespectaculaire de la production : au Pérou, la superficie plantée en canne à sucre s'étend de 37 000 hectares en1912 à 77 000 en 1929.

La décennie 1919-1929 est d'or, avec “ danse des millions ” pour les “ paulistas ”, cesplanteurs industriels de São Paulo, pour les membres de la Sociedad Rural Argentina , pour les grands propriétaires sucriers de Cuba et de la République Dominicaine, cacaoyers de la région de Guayaquil en Équateur, caféiers deColombie et du Brésil, bananiers d'Amérique centrale et pour les planteurs de sisal du Yucatán mexicain.

Elle l'estaussi pour les éleveurs de la pampa uruguayenne et des Andes, pour les derniers “ seringueiros ” du caoutchoucbrésilien ou colombien et les extracteurs de tanin du Quebracho paraguayen.. »

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