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L'année 1995 (synthèse d'histoire)

Publié le 06/12/2018

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histoire

L'année 1995 a été emportée dans le torrent qui a brisé le XXe siècle en 1989-1990 sans pouvoir faire jaillir un siècle nouveau. La planète subit un double processus de mondialisation (économique, technologique, communicationnelle) et de fragmentation (ethnique, nationale, religieuse), l'une et l'autre de ces tendances s'accélérant. Sur le plan économique, des concentrations énormes s'opèrent, mais nul ne sait encore si la libéralisation des échanges produira davantage de prospérité que de maux et de destructions culturelles. 1995 fait partie d'une formidable transition créatrice/destructrice. Il y a deux mondialisations : celle qui homogénéise, mécanise, détruit les diversités, et celle qui permet la communication entre cultures et esprits différents. Internet, qui s'est imposé en 1995 comme un réseau mondial à fonctions multiples, est à la charnière de ces deux processus qui, dans tous les domaines, sont associés, concurrents et antagonistes.

 

La fragmentation, ou la balkanisation, est, pour sa part, issue de la mondialisation elle-même. La volonté de défense des identités nationales, culturelles et/ou religieuses a suscité des résistances politiques à l'occidentalisation du monde et le repli des civilisations. En outre, ce retour aux racines est accentué par une gigantesque crise du futur. Ce futur promis sous le nom de progrès de la science - de la raison à la technique - s'est insensiblement désintégré à partir des années soixante-dix avec la prise de conscience des menaces nucléaires et des périls écologiques. C'est dans ces conditions que la vérité, désertant le futur, a investi le message du passé religieux ethnique ou national. Dès lors, l'État-nation, qui avait réussi à construire des ensembles multiethniques à travers des siècles d'intégration, est devenu une planche de salut pour des ethnies soucieuses de préserver leur identité, et leur a permis de protéger leur héritage par des moyens de défense modernes.

 

Dans le monde entier, héritières des empires tsariste, austro-hongrois, ottoman ou coloniaux, d'anciennes provinces - devenues des États - où coexistaient plusieurs nationalités entrent en conflit.

 

La tragédie de la transformation des empires en États nationaux se poursuit en Afrique, où les découpages territoriaux des colonisateurs ont dessiné des États multiethniques, multilinguistiques et souvent multireligieux, soumis chacun à la domination de l'ethnie la plus puissante ou la plus nombreuse. Les révoltes d'ethnies aspirant à s'ériger en nations avaient commencé au Nigeria, où le Biafra avait fait sécession en 1967-1970, avant d'être écrasées. Et c'est un nouveau drame qui a eu lieu au Nigeria, au détriment du peuple ogoni, en novembre 1995. Les conflits tribaux éclatent, s'apaisent, reprennent au sein de nations africaines telles que le Liberia ou le Burundi. Les conflits qui se sont déroulés au Rwanda, en Somalie et en Angola ne se sont réglés que par la force. En Asie, où des guerres ignorées continuent à sévir, l'Afghanistan est déchiré par des combats tribaux-religieux.

 

Les luttes entre les conceptions laïcisées et celles, religieuses, de la société se sont poursuivies dans le monde arabe. Une véritable guerre civile a lieu en Algérie, mais peut-être l'élection au suffrage universel du président Zéroual en novembre 1995 est-elle l'annonce d'un apaisement... Parallèlement, l'antagonisme entre le

histoire

« Ramas et l'OLP en Palestine connaît une trêve de fin d'année avec les premiers retraits israéliens de villes cisjordaniennes.

Toutefois, l'islamisme, en tant que tendance aspirant à régenter le domaine proprement politique, fermente un peu partout dans le monde musulman et tend à s'imposer, y compris dans la Turquie laïque d'Atatürk.

L'Europe s'est, elle, révélée impuissante face au conflit qui a ravagé la Bosnie tout au long de l'année.

C'est la formidable pression américaine qui a abouti au cessez-le-feu d'octobre et aux accords de paix de décembre.

L'impudence de.

Karadzic et Mladic, sûrs de l'impuissance des puissances, s'est finalement retournée contre eux.

Reste à savoir si la Bosnie conservera sa tradition multiethnique.

La paix en Bosnie est un événement qui pourra devenir historique si elle est consolidée.

Cette paix coïncide avec le redémarrage du processus d'autonomisation de la Cisjordanie, prélude à la constitution d'un État palestinien.

Ce processus a été accentué -et non stoppé -par l'assassinat d'Itzhak Rabin par un intégriste juif le 4 novembre, mais son issue pacifique demeure elle aussi incertaine.

Ces deux grandes victoires de la paix, bien que non définitives, se situent sur la ligne sismique jusqu'alors la plus dangereuse du globe qui, partant du Caucase, traverse le Moyen-Orient et se prolonge en Méditerranée orientale.

C'est là où firent rage les guerres entre Israël et les États arabes, c'est là où déferla la guerre entre Arménie et Azerbaïdjan, là où éclata la guerre du Golfe, là où se déchaîna la guerre en Bosnie.

Il est important que la plupart des foyers de tension s'y.

soient calmés en 1995, mais un autre s'y est rallumé, en Tchétchénie, où la guerre qui, commencée en 1994, avait semblé se clore en janvier 1995, par la chute du palais présidentiel de Grozny, va se poursuivre tout au long de l'année et rebondir, en janvier 1996, avec la sanglante prise d'otages de Pervomaïskaïa.

D'autres guerres ne sont pas exclues dans les Balkans : la Macédoine et Chypre, notamment.

Et, surtout, d'autres conflits sont possibles dans le monde -entre l'Inde et le Pakistan, entre la Chine et Taiwan -, qui pourraient entraîner des affrontements en chaîne.

Les États-Unis de Bill Clinton ont été les gendarmes, qui, en 1995, ont rendu à la raison les agresseurs en ex-Yougoslavie, poussé Israéliens et Palestiniens à composer, et restauré le président Aristide en Haïti.

Mais la grande nation se latinise et s'asiatise en partie.

Le procès Simpson et la marche du million d'Afro­ Américains à Washington ont révélé que, même si le problème noir a revêtu des formes nouvelles, il demeure radical.

Par ailleurs, Clinton triomphe hors les États­ Unis, tandis que Newt Gringricht s'impose à l'intérieur du pays et tend à y réintroduire l'isolationnisme.

L'avenir des États-Unis est incertain.

Les États-Unis dominent le monde, mais celui-ci continue à se désoccidentaliser.

1995 voit la montée de l'Asie orientale se poursuivre.

Le Parti communiste chinois ne s'est pas seulement converti à l'économie de marché, il s'est reconverti en parti nationaliste impérial, réitère ses revendications territoriales et va d'autant plus s'opposer à Taiwan que l'île se démocratise.

La croissance économique de la Chine demeure, comme celle des quatre dragons, très supérieure à celle du reste de la planète.

Tout semble vouer la Chine à jouer un rôle dominant dans un futur proche, et cela d'autant plus que la Russie est affaib lie.

Un nouveau modèle de despotisme asiatique se met en place, qui assure, tout en le contrôlant, le développement de l'économie de marché.

Mais il n'est pas dit qu'à la mort de Deng Xiaoping, l'appareil du parti puisse maintenir son unité et celle de l'Empire.

Les inégalités croissantes entre les provinces, les éventuelles querelles de succession, sont susceptibles de conduire la République «populaire » à la division.

Ainsi, on ne saurait dire si le destin proche de la Chine est celui de la superpuissance ou celui du chaos.

De même, l'Inde, qui a brillamment surmonté les défis économiques et politiques durant les années cinquante à quatre-vingt, est en proie aux forces de division et de rupture, et elle oscille, elle aussi, entre la balkanisation et la superpuissance.. »

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