L'attentat de Jean Châtel contre Henri IV
Publié le 25/08/2013
Extrait du document
Dès son retour à Paris, il rend visite à sa soeur Catherine, puis décide d'aller retrouver Gabrielle, qui s'est installée à l'hôtel du Bouchage, près du palais du Louvre. Lorsque, protégé du froid par un épais manteau, il monte les marches de la demeure, il est cinq heures du soir et la nuit tombe. Dans la maison, on a allumé les torches. Une quarantaine de seigneurs suivent le roi dans la chambre de sa maîtresse. Parmi eux se tient un jeune homme vêtu de noir. Dans la rue, il s'est fait désigner le souverain comme
« celui qui a des gants fourrés «, puis s'est faufilé au milieu des gentilshommes et, discrètement, s'est glissé jusqu'au premier rang.
«
«celui qui a des gants fourrés »,
puis s'est faufilé au milieu des
gentilshommes et, discrète
ment, s'est glissé jusqu'au pre
mier rang.
« Il y a si peu de mal »
La foule s'écarte pour laisser le
passage à deux seigneurs venus
présenter leurs hommages à
Henri
IV.
L'un d'eux fait sa révé
rence et, alors qu'il se penche
pour le relever, le roi perçoit
comme un geste furtif, suivi d'un
bruit étouffé et d'une légère
sensation
de douleur .
Lorsqu 'il
se redresse, un filet de sang
coule
de sa bouche.
L.:inconnu,
qui a laissé tomber à ses pieds
un couteau plein de sang, est
aussitôt ceinturé.
li reconnaît
avoir tenté
de frapper le souve
rain pour le tuer ; n'ayant pu
atteindre sa poitrine, protégée
par l'épais manteau, il a visé
le
cou, mais le mouvement réflexe
du roi a dévié la lame .
Henri N
s'en tire avec une blessure à la
lèvre supérieure et une dent
cassée .
Il s'empresse de rassurer
les témoins
de la scène :« Il y a,
Dieu merci, si peu de mal, que
pour cela je ne m'en mettrai pas
au lit de meilleure heure.
» Ces
vaillants propos sont immédia
tement répercutés dans toute la
capitale, seul
le lieu de l'agres
sion étant tenu secret.
Tandis
que dans les églises pari
siennes on entonne des Te Deum
pour remercier Dieu d'avoir
épargné Sa Majesté, l'enquête,
fort rapidement expédiée,
con
clut à la responsabilité des ca
tholiques fanatiques.
Le régi
cide, un dénommé Jean Châtel,
est
âgé de dix-neuf ans; fils d'un
prospère
drapier de la Cité, il a
été élève des jésuites au collège
de Clermont avant de devenir
étudiant en droit.
Le
Parlement
fait diligence : il arrête les pères
du collège
de Clermont et, dès -~ le 29 décembre, prononce un -g
Supplicié en place
de Grève
Après une très courte instruc
tion, Jean Châtel est condamné
à
mort pour crime de lèse
majesté divine et humaine , et
supplicié le 29 décembre en
place
de Grève.
Les ligueurs
s'empressent de lui rendre
hommage comme à un martyr .
L 'expulsion des jésuites ravive
le s tensions avec Rome
et les
catholiques.
Quant aux
hugue
nots, dont certains regrettent la
conversion du roi, ils sont ten
tés de voir dans l'acte de Châtel
un avertissement divin.
« Sire ,
vous n'avez encore renoncé
Dieu
que de s lèvres, et il s'est
contenté
de les percer, mais si
vous le renoncez un jour du
cœur, alors il percera le cœur »,
aurait déclaré Agrippa d'Aubi
gné, poète et homme de guerre
proche
du Béarnais.
Le
5 janvier 1595 , le Parlement
organise une procession pour
remercier Dieu de la rapide
guérison du souverain.
Henri IV,
un pansement sur la bouche, y
assiste rencogné
au fond de son
carrosse
de crainte d'un nouvel
attentat.
Les Parisiens lui
réser
vent un accueil mitigé et, plu
sieurs fois, lancent des remar
ques hostiles .
Désormais, le roi
se méfie de la foule : il évite de
arrêté ordonnant l'expulsion de ~
France de tous les membres de
la Compagnie de Jésus .
j1;;~;;;z:;:::~;;;;:;~;;.:~;;;~
TUER LE ROI POUR ASSURER SON SALUT Jean Châtel dit certes avoir
été influencé dans sa tentative
de régicide par les sermons
vengeurs et les violentes
diatribes
que les jésuites et
d'autres congrégations
catholiques multiplient à Paris
contre le souverain, mais
ses
motivations sont fort
complexes.
Ce jeune homme
à l'
esprit perturbé s'adonne,
comme le disent pudiquement les chroniqueurs de l'époque ,
à
une déviation sexuelle.
Bien
qu 'il n'y ait pas eu
passage à l ' acte, il est accablé par l'idée d'avoir été tenté par
plusieurs péchés contre
nature, dont un inceste avec sa
sœur.
Les exercices spirituels
ordonnés par les jésuites,
les confessions qu'il n'a pas eu
le courage de mener
jusqu'au bout, les communions
à son
sens sacrilèges (puisqu'il
pense les accomplir en état de
péché, mais qu 'il a néanmoins
reçues)
ont fait croître
jusqu 'à l'insupportable son
sentiment de culpabilité.
li n'a
vu qu'une issue possible à son
tourment :
commettre un
forfait tel
qu 'en lui valant la
rémission de ses fautes il assurera son salut éternel.
paraître à la mascarade
de Ca
rême prenant et à la foire Saint
Germain, ce qui déçoit le peu
ple .
Cette« discrétion » réveille
l 'animosité des
« bons » catho
liques : certains vont jusqu'à
prétendre que si le Béarnais
veut fêter Pâques à Fontaine
bleau c'est pour pouvoir le faire
à la manière huguenote.
Durant
cette période, Henri
IV se mon
tre d'humeur morose .
croyanr--
avoir œuvré pour 1a réconcilia
tion, il est blessé par ce regain
d '
hostilité .
w "' u 0: ~.
»
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