« Le genre de vie américain », un modèle en question (de la fin de la guerre au milieu des années soixante-dix).

Le rapport de M. Harrington, notamment dans son livre intitulé L'Autre Amérique, donne les chiffres suivants : en 1947, 32 % des Amé­ricains étaient considérés comme « pauvres « ; en 1957, cette proportion s'est abaissée à 23 %. Elle avoisine encore 18 à 20 %.

Il y a 47 millions de familles aux États-Unis sur lesquelles 9,3 mil­lions gagnent moins de 3 000 dollars par an (15 000 francs). Sur ces familles, 5 millions habitent les villes, 4,3 millions vivent dans le Sud, 2 millions sont des familles de Noirs. Il s'agit, certes, dans l'ensemble des cas, d'un paupérisme assez propre aux États-Unis, mais très caractéris­tique de la civilisation technique moderne : la plupart de ces familles dites pauvres disposent d'une voiture, d'un frigidaire, d'autres appareils ménagers, mais, sur les autres plans, leur standard de vie est très inférieur.

Les rapports publiés révèlent aussi, à côté d'un « boom « écono­mique impressionnant, d'une amélioration de la technique et de l'habi­tat en constante accélération, des taches qui, sans avoir l'importance et l'ampleur relative des « déserts français « n'en constituent pas moins une « tache « qui semble inadmissible au gouvernement fédéral.

Une des régions les plus caractéristiques à cet égard est le Sud, aussi bien le Vieux Sud de l'autre côté des Alleghanys, que la région bor­dant la côte du golfe du Mexique. Il y a des pauvres noirs et des petits Blancs dont la situation n'est malheureusement pas sans rapport avec les récents incidents racistes et la survie de la ségrégation.

M. Garnier-Thenon, Le Populaire, 16 février 1964.

Je rêve qu'un jour cette nation se lèvera et vivra selon le véritable sens de sa foi politique. Nous tenons ces vérités pour évidentes, que les hommes sont créés égaux. [...] Je rêve qu'un jour sur les collines rouges de la Georgie, les fils d'anciens esclaves et les fils d'anciens propriétaires d'esclaves s'attableront ensemble à la table de la fraternité. Je rêve que même l'État du Mississippi, un État accablé par la chaleur de l'injustice, sera un jour transformé en une oasis de liberté et de justice. Je rêve qu'un jour mes quatre jeunes enfants vivront dans une maison où ils ne seront pas jugés d'après la couleur de leur peau mais d'après leur caractère.

Martin Luther King, discours prononcé le 28 août 1963 à Washington.

G A I

Chronologie indicative

1954         Arrêt de la Cour suprême des États-Unis interdisant toute pratique de discrimination raciale

1955         Martin Luther King lance une campagne de lutte contre la ségrégation raciale

1963      Manifestation à Washington pour l'obtention des « droits

civiques «

1964-65 Lois sur les droits civiques votées par le Congrès

1965         Émeute du ghetto de Watts à Los Angeles, révolte endémique des quartiers noirs jusqu'en 1970

Début de la contestation étudiante contre la guerre du Viêt-nam

1968      Apogée du mouvement contestataire étudiant et de la

« contre-culture«

Assassinat de Martin Luther King