Le littoral français
Publié le 06/12/2018
Extrait du document
Le littoral français
UN ESPACE IMPRÉCIS ET INCERTAIN
Le terme « littoral » n'est apparu qu’au xviiie siècle, succédant au «bord» ou au «rivage» de la mer. Il supplante également de plus en plus le mot «côte».
Interface, zone de contact (ici entre mer et terre, entre fluide et solide, entre stable et mouvant), le littoral
est un espace imprécis et incertain. Le phénomène de la marée en est l'expression la plus évidente et la plus quotidienne.
UNE ZONE DE CONTACT
Dans son sens étroit, le littoral peut être considéré comme une ligne : celle matérialisant le contact entre la limite des plus hautes marées et la côte proprement dite. Cette ligne est appelée «trait de côte». Cependant, au-delà de cette conception quelque peu restrictive, la géographie actuelle envisage plus le littoral comme une aire que comme une réalité linéaire.
Ainsi le littoral peut-il être défini comme la frange des continents influencée directement (ou indirectement) par les mers, ou encore comme l’espace contigu à la mer qui s'étend vers l'intérieur des terres jusqu’aux limites de l'influence marine. Et ces limites sont variables selon le domaine abordé : par exemple, les effets du climat littoral peuvent parfois se constater bien au-delà de la seule frange côtière. Il en va de même pour les conséquences de la marée montante : cette dernière remonte les estuaires sur plusieurs dizaines de kilomètres (jusqu'à 165 km pour la Gironde) et modifie ainsi les milieux en apportant de l’eau salée loin dans les terres.
Mesures
À l'image de la fluctuation des définitions, le littoral (et plus particulièrement celui de la France) n'est guère facile à mesurer. Officiellement (relevé effectué sur la base de cartes au 1/100000 en
prenant en compte les estuaires et les îles dont la superficie dépasse 0,2 km2), la France métropolitaine compte 5533 km de côtes, 3830 sur l'Atlantique et 1703 sur la Méditerranée. Mais, selon les géographes et les critères de mesure retenus, ce chiffre peut varier de 3200 à 7154 km.
Sur la base de cette dernière hypothèse haute, le littoral français serait constitué de presque autant de
plages et de dunes (2529 km) que de falaises (2950 km), ainsi que de 741 km de littoral limono-vaseux et de 934 km de littoral aménagé (digues, ports, brise-lames...).
Formes naturelles
D'un point de vue physique, le littoral apparaît comme la traduction spatiale, à un moment donné, d’un équilibre passager entre les actions marines (vent, vagues, marées) et la plus ou moins grande résistance du continent. Cette résistance dépend de la structure géologique en présence. C'est pourquoi on peut distinguer deux types de formes littorales :
• Les formes d'ablation : côtes rocheuses et côtes à falaises Ces formes sont dites d'ablation, car elles reculent de façon continue sous l'action de la mer, dont les vagues enlèvent du matériel au versant continental. La diversité de la roche (granit, calcaire...) ainsi que la présence ou non de marées donnent à ce type de côte sa grande variété.
Parmi les grandes côtes à falaises françaises, on peut citer celles, crayeuses et imposantes, du pays de Caux et de la côte picarde ; les caps Gris-Nez et Blanc-Nez, sur le littoral septentrional ; les côtes du pays Basque...
Les côtes bretonnes, façonnées dans le socle, présentent une grande variété de paysages. Le découpage par les failles y a fait les grandes
alimentées parallèlement par les sédiments des fleuves. La succession de tels apports, du nord au sud, est à l'origine de l'existence du marais breton, de l’anse de l'Aiguillon, des marais maritimes qui ponctuent les cours de la Charente et de la Seudre, et aussi du bassin d'Arcachon.
La variété des paysages des cordons littoraux sableux est importante. En effet, ces derniers sont formés de grains de sable en permanence libres les uns par rapport aux autres, ce qui veut dire que cette forme d'accumulation connaît régulièrement des périodes d'érosion qui peuvent être spectaculaires.
Parmi les paysages de plages et de dunes, on peut citer les grandes plages du Nord-Pas-de-Calais et de Normandie, certaines baies bretonnes, telle celle de Douarnenez avec ses cordons sableux de fond de baie. De tels cordons sableux,
mêlant dunes et plages, se multiplient lorsqu'on longe vers le sud la côte atlantique : presqu'île de Quiberon, arcs sableux de La Turballe et de La Baule, côtes vendéennes et landaises... En Méditerranée, les littoraux du Languedoc sont eux aussi sableux.
Ainsi, la France présente une grande diversité de milieux littoraux : on pourrait même dire que rien n'y manque, si l'on y intègre les récifs coralliens et les mangroves (formation végétale des littoraux vaseux tropicaux) des DOM-TOM, de la Guadeloupe à la Nouvelle-Calédonie et à la Polynésie, de la Martinique à la Guyane. Une telle
«
moindre
mesure, bretonnes); d'autres
sont fortement peuplés, centrés sur une
ville importante dont la croissance pèse
sur l'ensemble (Dunkerque-Calais,
le Havre, Saint-Nazaire-la Baule,
la Rochelle, Biarritz); les derniers,
enfin, sont très peu peuplés (Cotentin,
Aquitaine, Corse).
atteint même 92% dans les Alpes
Maritimes et 94% dans les Pyrénées
Atlantique.
les côtes françaises
accueillent la moitié des 10 principales
agglomérations métropolitaines.
Illustrations de ce phénomène à
l'échelle régionale :en Corse, près de
la moitié de la population se concentre
à Bastia et à Ajaccio; en Bretagne, sur
22 villes de plus de 10 000 habitants,
17 sont sur le littoral.
la moyenne des logements neufs au
km' sur les littoraux est passée de 1,17
en 1972 à 2,54 (contre 0,6 pour les
communes non littorales) entre 1980
et 1992.
Durant cette période, on a
construit dans les départements
littoraux près de la moitié des
logements neufs du pays.
lbiMMI Au milieu des années 1990, le chiffre
d'affaires global des activités littorales
était estimé à environ 30 milliards
d'euros, l'essentiel provenant des
revenus du tourisme, qui laissent loin
derrière l'agriculture, les activités
portuaires ou encore la pêche.
LA P(CHE ET LES CULTURES MARINES
la pêche n'occupe dans l'économie
française qu'une place très limitée,
inférieure à 1% du PlB (produit
intérieur brut).
Le secteur des pêches
maritimes emploie entre 60 000 et
65 000 personnes (principalement sur
la façade atlantique et en Manche, la
Méditerranée ne représentant que 5%
des prises nationales), et on estime
qu'un marin embarqué génère
2,5 emplois à terre.
Soumise depuis plus
d'une décennie à un fort
mouvement de modernisation, affectée
par les politiques environnementalistes
européennes, l'activité de pêche n'est
toutefois pas en déclin, d'autant que
la consommation de poisson est en
hausse dans l'Hexagone.
Les cultures marines se sont beaucoup
développées ces dernières années.
Les
deux secteurs de l'ostréiculture et de
la mytiliculture font de la France le
premier producteur européen dans
ce domaine, avec un tonnage évalué
à 60 000 tonnes pour les moules et
150 000 tonnes pour les huîtres.
Quelques pôles dominants se
distinguent, parmi lesquels la baie du
Mont-Saint-Michel, les rias bretonnes,
le golfe du Morbihan, la région
vendéenne, ainsi que la zone de
Marennes-Oléron et le bassin
d'Arcachon.
Comparativement, la
Méditerranée joue un rôle moindre, à
l'exception notable de l'étang (ou plutôt
bassin) de Thau, qui communique avec
la mer à Sète.
le secteur représente
environ 12 000 emplois.
LES ACTIVIrtS PORTUAIRES
les ports français apparaissent plus
nombreux que puissants.
En 1999, leur
trafic cumulé (statistique portant sur
53 ports métropolitains) représentait à
peine un peu plus que celui de
Singapour ou de Rotterdam (les deux
premiers ports mondiaux, tous deux
autour de 300 Mt par an).
Marseille
est le premier port français avec un
trafic annuel d'environ 90 Mt, suivi par
Le Havre (plus de 50 Mt) et Dunkerque
(40 Mt).
Si les hydrocarbures représentent
encore une large part du trafic des
ports français, celui des conteneurs
connaît actuellement la plus forte
progression (+ 6,7% en 1999).
Cette tendance représente un réel
handicap pour Marseille, situé à
l'écart des grands trafics conteneurisés
méditerranéens (qui passent plus au
sud).
En revanche, Le Havre est le
premier port français dans ce domaine
avec près de 60% du trafic national.
L' A�RICULTURE
62% des communes littorales
françaises sont rurales, et l'agriculture
y occupe plus de 700 000 ha, répartis
dans environ 40 ooo exploitations
(dont 13000 le long des côtes
méditerranéennes), représentant
60 000 emplois (soit beaucoup plus
que la pêche).
Même la Côte d'Azur,
pourtant fortement urbanisée, compte autour
de 1 600 exploitations, il est vrai
de petite taille.
Toutefois, à l'image du
territoire national, la surface cultivée est
là aussi en recul constant.
Au-delà des situations où elle n'est
grosso modo que le simple
prolongement des cultures de
l'intérieur (pays de Caux, Bessin, pays
d'Auge, Bretagne méridionale, Landes),
l'agriculture littorale est surtout
remarquable à travers des secteurs de
haute valeur marchande, exploitant les
caractères propres du milieu.
On peut
ainsi citer les îles pour la production
de primeurs (pommes de terre à
Noirmoutier, asperges à l'ile de Ré ...
),
productrice est la Camargue, mais on
note aussi la renaissance d'autres lieux
traditionnels, après une période de
déclin, à l'image de la région de
Guérande ou de Noirmoutier).
LE TOURISME
Le littoral de l'Hexagone est une zone
touristique par excellence : 50% des
Français qui prennent des vacances
le font en bord de mer, et cette
proportion ne varie guère (sans compter
les afflux de longue date sur les côtes
des Européens du Nord, Britanniques,
Belges, Hollandais, Allemands).
E�
dans cette activité touristique, il faut
intégrer la proximité des villes dont les
populations animent les plages en fin
de semaine.
Chaque station a ainsi
son rayon d'attraction traditionnel
(Deauville-Paris, La Baule-Nantes,
Arcachon-Bordea ux ...
).
Quelques exemples chiffrés permettent
de mieux apprécier la situation :en
un quart de siècle, en France, on est
passé de 168 millions à 282 millions de
journées de vacances par an au bord
de mer.
En Languedoc-Roussillon, on
compte environ 5 millions de touristes
par an actuellement, alors qu'il n'y en
avait que 500000 en 1965.
Sur la Côte
d'Azur, il y avait 500000 touristes en
1960, et plus de 8 millions en 1992.
Certains jours d'été, la population est
multipliée par plus de 25 sur l'île aux Moines
ou sur l'île de Bréhat (où 71%
du parc immobilier sont constitués de
résidences secondaires), voire par plus
de 50 sur 111e de Porquerolles.
On distingue schématiquement trois
grands types de stations littorales :
• les stations traditionnelles, petites ou Mais,
pour pallier plus efficacement
la dégradation du littoral, on a assisté
à partir des années 1970 à un
renforcement de la protection côtière.
Cette prise de conscience s'est
notamment traduite par la mise en
place d'une législation contraignante et
par la création d'un organisme chargé
de protéger les milieux littoraux.
En 1973, une étape décisive a été
franchie avec la publication du rapport
Piquard, Perspectives pour
l'aménagement du littoral français,
qui proposait notamment la création
d'un Conservatoire du littoral.
Ce fut
chose faite en 1975.
grandes, qui existaient avant les années f--------------
1960 (certaines sont même nées au
XIX" siècle), depuis Malo-les-Bains sur
la mer du Nord jusqu'à Cannes ou
Menton, en passant par Deauville,
• Les stations lancées dans les années
1960, essentiellement sur deux grands
secteurs : la côte vendéenne (par
exemple Saint-Jean-de-Mont qui a vu
pousser les ensembles Merlin) et la
côte languedocienne (citons la Grande
Motte), toutes deux symboles du
tourisme «paresseux» à base de plage
et de soleil qui compte une forte
clientèle du nord de l'Europe.
• Des zones marginales au
développement anarchique, souvent à
l'écart des pôles dominants (telles les
petites stations landaises, celles des
côtes du Médoc, la zone proche des
plages du débarquement dans le
Calvados ...
).
A partir des années 1960, les espaces
littoraux français ont connu une
transformation brutale : l'accroissement
intensif de l'urbanisation, la réalisation
de grandes opérations industrielles
côtières, l'explosion de la fréquentation
touristique se sont notamment traduits
par une dégradation de l'ensemble du
littoral, dès lors reconnu comme un
espace sensible.
Déjà, dès les années 1960, des réserves
naturelles ont été créées, notamment
ornithologiques (cap Sizun en 1959,
cap Fréhel en 1965, Marquenterre en
1968), et un parc national mi-terrestre
(694 ha) et mi-marin (1 800 ha) a vu le
jour sur 111e de Port-Cros en 1963.
LE
CONSERVATOIRE
DE L'ESPACE LITIORAL
ET DES RIVAGES LACUSTRES
Établissement public offrant une
structure décentralisée grâce à ses six
conseils de rivages, formés d'élus
locaux et subdivisés en délégations,
le Conservatoire de l'espace littoral et
des rivages lacustres a pour fonction
d'acqu érir les sites côtiers les plus
menacés afin de leur éviter d'être
dénaturés par des équipements de
tous types ou par une surfréquentation
désastreuse.
Les terrains acquis sont
de tailles très variab les, généralement
comprises entre un et plusieurs
centaines d'hectares, et portent sur
l'ensemble du littor al français.
En 1999,
les 390 sites acquis par le Conservatoire
couvra ie nt une surface approximative
de 51 000 ha et représentaient 710 km
de linéaire côtier.
Pour les surveiller,
seulement trente-deux gardes ...
Pour mener à bien sa mission, le
Conservatoire du littoral (son nom
usuel) dispose de trois moyens :
l'achat des terrains à l'amiable, un
droit de préemption et même un
droit d'expropriation lorsque l'intérêt
général l'exige.
les terrains acquis
sont définitivement inaliénables,
inconstructibles, inaccessibles au
camping et caravan ing, mais ouverts
au public.
Revers de la médaille : ces
aires protégées souffrent parfois d'une
trop grande fréquentation : plus de
15 millions de visiteurs par an.
Outre la création du Conservatoire
du litto ral en 1975, un autre tournant
majeur pour la protection des côtes
françaises a été la "loi Littoral, du
3 janvi er 1986.
Ce texte a mis en place
les règles et les principes qui
constituent encore aujourd'hui les
fondements de l'aménagement du
littoral sur la base de deux axes
principaux : la maîtr ise de
l'urban isation (constructions
interdites à moins de 100 m du rivage,
routes nouvelles refoulées à 2 km
du trait de côte) et l'accessibilité au
rivage.
Toutefois, du fait notamment de
ses imprécisions, cette législation n'a
pas toujours réussi à freiner les
promoteurs ou l'appétit de certaines
municipalités, dopées par les lois de
décentralisation..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le littoral français (Travaux Personnels Encadrés – Géographie - Enseignements Pratiques Interdisciplinaires)
- Le littoral français
- Analyse linéaire Bac Français A une passante de Baudelaire
- Bac de Français Madame de Sévigné - Pomponne
- C. E. 18 déc. 1959, SOCIÉTÉ « LES FILMS LUTETIA » et SYNDICAT FRANÇAIS DES PRODUCTEURS et EXPORTATEURS DE FILMS, Rec. 693