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Le mouvement des pays non alignés: Contre la logique des blocs

Publié le 08/11/2018

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Ses principes fondateurs sont cependant fréquemment mis à mal par les clivages idéologiques qui parcourent le mouvement et par l'affirmation des nationalismes qui affaiblissent ses positions.

Le mouvement s'avère ainsi impuissant à surmonter les logiques étatiques, sources de conflits. Ainsi le conflit qui oppose en 1962 la Chine et l'Inde dans l'Himalaya bafoue-t-il la règle de coexistence pacifique consacrée par le sommet de Belgrade l'année précédente. L'Afrique, héritière des frontières de la colonisation, est le théâtre de nombreuses guerres ethniques, comme celle que provoque la tentative de sécessioa biafraise au Nigeria (1967-1970), qui remettent en question la cohésion de l'OUA.

Un neutralisme ambigu

• Courtisés par l'Union soviétique de Brejnev, qui mène à partir des années 1960 une ambitieuse politique de

pénétration dans le tiers-monde, par le soutien aux luttes de libération nationale ou par le biais d'accords d’assistance militaire (notamment avec l’Égypte et avec l’Inde, en 1971), les pays non alignés, qui sont nombreux à adopter le modèle socialiste, peinent à traduire dans les faits leur refus de rester étrangers à la logique des blocs.

Le non-alignement apparaît d'autant plus fragile que l'« équilibre de la terreur» découlant de la possession par les deux Grands de l’arme nucléaire déplace les tensions de la guerre froide vers le tiers-monde, comme l'illustre la guerre du Viêt Nam (1965-1975) opposant le Sud, soutenu par les États-Unis, au Nord communiste, appuyé par la Chine.

Dans les instances internationales, et notamment à l'ONU, le mouvement des non-alignés apparaît exclusivement cimenté par sa dénonciation rhétorique de l'impérialisme. En son sein s'affrontent les partisans d'un strict neutralisme et les partisans de l'action contre le néocolonialisme, dont les intérêts rejoignent les préoccupations stratégiques de l'Union soviétique.

La défense d’un nouvel ORDRE ÉCONOMIQUE INTERNATIONAL

Dans un premier temps, la revendication de l'indépendance politique par les non-alignés n’avait pas permis de remettre réellement en cause le problème de l'accès inégal aux ressources et la division internationale du travail établie entre les pays en développement, fournisseurs de matières premières, et les États industriels.

PENDANT LA GUERRE FROIDE

 

Si la conférence de Bandung, en 1955, marque l'apparition du tiers-monde sur la scène politique internationale, ce n'est qu'en 1961 que les pays non alignés se structurent en un véritable mouvement.

Le non-alignement se veut une alternative entre la logique des blocs consacrée par la guerre froide et tente de faire entendre la voix des pays les moins développés.

L'action des pays non alignés, d’abord concentrée sur la lutte contre l'impérialisme, a progressivement intégré une dimension économique afin de promouvoir une nouvelle répartition des richesses au niveau mondial.

Au fil des années, les clivages idéologiques et économiques, et l'affirmation des nationalismes ont affaibli la position des non-alignés qui, à l'image de l'ensemble des pays du tiers-monde, ne sont jamais parvenus à constituer une véritable force alternative dans un jeu international longtemps dominé par le «condominium» américano-soviétique. À l'heure de la mondialisation, la structure «multipolaire» du système international et le poids des logiques économiques affaiblissent d'autant une posture qui se revendique neutraliste.

L'ÉMERGENCE D'UNE TROISIÈME FORCE

La décolonisation ET SÉS CONSÉQUENCES

Le mouvement de décolonisation, favorisé par la Seconde Guerre mondiale, touche d'abord l'Asie et l'Afrique du Nord, puis l'Afrique noire. Il ne s'achève que dans les années 1960.

La décolonisation, parfois négociée de manière pacifique, s'accompagne dans de nombreux cas de conflits armés avec l'ancienne puissance coloniale (interventions néerlandaises en Indonésie en 1947

et 1948, guerre d'Indochine, 19461954, guerre d'Algérie, 1954-1962) et s'accompagne parfois de véritables guerres civiles (comme celle qui aboutit à la partition de l'Inde et du Pakistan en 1947).

• La naissance de la Chine communiste (1949) comme la révolution égyptienne qui porte au pouvoir le colonel Camal Abdel Nasser (1954) s'inscrivent dans le cadre général d'une affirmation du nationalisme et d’une contestation de la suprématie de l'Occident.

Une identité commune

Quelles que soient leurs différences et leurs spécificités, ces jeunes nations partagent des traits communs : pression démographique, économie en majorité agraire, dépendance à l'égard des marchés étrangers, faible niveau d'éducation, fortes disparités sociales, importante fraction de leur population vivant en dessous du seuil de pauvreté.

 

En 1952, l’économiste et démographe français Alfred Sauvy emploie pour la première fois, dans un article publié par L'Observateur, le terme de «tiers-monde»; il désigne ainsi cet ensemble de pays qui, «ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut, lui aussi, être quelque chose».

Le contexte de la guerre froide

• Soucieux d'affirmer leur identité, ces nouveaux pays rejettent pour la plupart la logique des blocs créée par l'affrontement entre le camp occidental, dominé par les États-Unis, et le camp socialiste, dirigé par l'Union soviétique.

« troupe s, remplacées sur le terra in par des forces de l'ONU .

• La cris e de Suez consacre Nasser comme le leader incontesté du monde arabe et semble valider sa politique de refus des blocs .

l!'~jf.fll@$1 • Préparé par la conférence du Caire (5 -12 juin 1961 ), le sommet de Belgrade, qui se tient du l" au 15 septembre 1961 , marque la création du mouvement.

• Placé sous la présidence de Tito , figure emblématique de la résistance au comme à l'impéria lisme soviétique , ce sommet réunit les représentants de 25 États .

JI compte un absent de la Chine, qu'un d iffére nd territorial à propos de l'Hima laya oppose à l'Inde de Nehru .

• Les statuts du mouvement traduisent la volonté des non-alignés de devenir un acteur à part entière du système international ; ils manifestent Je refus de toute alliance militaire collective et de toute alliance bilatérale avec une grande puissance , même si, en pratique, certains des États adhére nts son t liés soit avec les Occidentaux , soit avec les Soviét iques.

lis affirment la nécessité de la coex istence pacifique et appo rtent leur soutien à tous les mouvements d 'indépendance natio nale.

LE NON -ALIGNEMENT AU DÉFI D'UN MONDE INSTABLE UNE AUDIENCE tlARGIE • Dans les années 1960 ,le mouveme nt accuei lle les pays de l'Afrique noir e et de l'Afrique du Nord qui, nouve lleme n t indépendants , font para llèlement leur entrée à l'ONU .

Cette organisation s 'impo s e comme l'une des tribunes p rivilég iées du mouvement des non­ alignés .

·En 1963 ,la création de J'Organisation de l 'unité africaine (OUA) , dont la charte constitutive mention n e parmi ses principes le non-alignement, soulig ne la force d 'attraction du mouvement.

L'UNITÉ IMPOSSIBLE • Le mouveme nt des non-a lignés parvien t à faire entend re sa voix dans Je domaine politique en dén o nçant tou r à tour la guerre d u Viêt Nam, l'aparthei d e n Afrique d u Sud, le colonialis m e des Port ugais en Angola et au Moza m biq ue, o u encore en soutenant la cause ·t,·.

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, ~ :" palestinie nne et son leader, rosser Arofot.

• Ses principes fondateur s sont cependant fréquemment mis à mal par les cliva ge s idéologiques qui parcourent Je mouvement et par J'affirmation des nationalisme s qui affaibli ssent ses positions.

• Le mouvement s 'avère ainsi impuissant à surmonter les logiques étatiq ues, sources de conflits .

Ainsi Je conflit qui oppose en 1962 la Chine et l'Inde dans l'Himalaya bafoue-t -illa règle de coexistence pacif ique consacr é e par Je sommet de Belgrade l'année précédente .

t:Afriqu e, héritière des front ières de la colonisation , est le théâtre de nombreuse s guerre s ethniques , comme celle que provoque la tentative de sécession biofroise au Nigeria (1967-1970 ), qui remettent en question la cohé sion de l'OUA .

UN NEUTRALISME AMBIGU • Courtisés par l'Union soviétique de Brejnev , qui mène à partir des année s 1960 une ambitieuse politique de pénétrat ion dans Je tiers-monde , par Je soutien aux luttes de libération nationale ou par le biais d 'accords d'assistance m ilitaire (notamment avec l'Égypte et avec l'Inde , en 197l ),les pays non alignés , qui sont nombreu x à adop ter Je modèle socia l iste, peinent à traduire dans les faits leur refus de rester étrangers à la logique des blocs.

• L e non-a lignement apparaît d'autant p lus fragile que l'« équilibre de la terreur » décou l a n t de la possession par les deux Grands de J'arme nucléaire déplace les tensions de la guer r e froide vers Je tiers -monde , comme l'illustre la guerre du Viêt Nam {1965 -1975 ) opposant Je Sud, soutenu par les États­ Unis , a u Nord communiste , appuyé par la Chine.

• Dans les instances internationales , et notamment à l'ONU , le mouvement des non-alignés apparaît exclusivement cim en té par sa dén on ciatio n rh étorique de l'impér ialisme .

En son sein s'affrontent les parti sans d'un strict neutralisme et les partisans de J'action con tr e Je néoco lonia lisme , dont les intérêts rejoignent les préocc upations stratégiques de l'Union soviétique .

LA DÉFENSE D'UN NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE INTERNATIONA L • Dans un premier temps, la reve ndication de l'Indépendance politiq u e par les non-alignés n 'avait pas permis de remettre réellement en cause Je prob lème de l'accés inégal aux ressources e t l a d i vision interna tionale du travail établie entre les pays en développemen~ fourni sseurs de matières premières , et les États industriels .

• La nécessité de s 'organiser pour peser sur le prix des matières premières abouti~ en mar g e des non-alignés, à la création , en 1960 , d e l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole ), qui entend disputer aux grande s compa gnies anglo -saxonn e s le contrôle du marché .

• En marge du mouvement des non­ aligné s, les conférence s des N ations unies pour le commerce et le développement (CNUCED ) s e donnent pour objectif le problème du dé séqui libre des échan ges entre États déve loppés et sous-développés.

La première CNUCED , qui se tient à Genève du 23 mars au 15 juin 1964 , réunit 120 États, dont 77 en voie de développement.

• En 1967,la conférence d 'Alger réunit le «groupe des 77», tous adhérents du mouvement des non-alignés, en vue de préparer la deuxième CNUCED qui doit se tenir à New Delhi en 1968 .

La «charte d 'A lger» réclame la libre disposition des ressources nationales , la fixation d'une aide publique minimale de la part des pays développ és (1 %du PNB ) et demande J'adoption d 'un système de préférence généralisée en faveur des exportations des pays en voie de développement.

En 1967 est également créée l'ONU Dl (Organisation des Nations unies pour Je développement indu striel).

·En 1972 , la troisi ème CNUCED , qui se tient à Santia go du Chili , dres se un constat d 'échec de l'aide au déve lo ppement , même s'il se traduit par l'octr o i d'une aide spécia le aux 25 pays les moin s développ é s ayant un PNB par tête de moins de lOO dollars, et dont le PNB provenant de J'industrie est inférieur à 10 % .

• En 1973 , J'année m ême où la décision d'augmenter les prix et de réduire la production , prise par l'OPEP , déclenche Je prem ier choc p étrolier , Je mouvement des non -alignés , réuni à Alger sous la présidence de Houari Boumediene , prend ade que l'indépendance politique doit s 'accompagner de J'indépendance économique .

• Le sommet d 'Alger marque l'évolution de la notion de non-a lignement d 'une logique politique vers une logique de développement économique .

Mettant désormais l'accent sur le conflit entre le Sud pauvre et Je Nord riche , les pays en voie de développement se donnent pou r objectifs prioritaires de promo uvoir des entente s entre pays producteurs en vue d 'obtenir une hausse du cours des matières premières et de créer un «nouve l ordre économique mondia l» qui permette a ux n ations d u t iers-monde de se dégage r d es p ressio ns des pays industrial isés, qu'ils soient occidentaux ou socialistes .

• Ce thème unificateur tente une nouvelle fois de masquer les clivages exista n t au sein du mou vement entre États exportateurs de pétrole , entrés dans la voie de J'industrialisation , et États confrontés à de préoccupants problèmes d 'endettement.

·Si Je sommet d'Alger aboutit à la convocation d 'une Assemblée générale de l'ONU consacrée au thème du « nou vel ordre économique internat io na l» , cette Assemb lée ne parv iendra cependant à aucu n e mesure concrète ; il en sera de même pour les conférences suivantes de la CNUCED .

UN BILAN DÉCE VANT • t:éclatement de la solidarité économique entre pays non aligné s, favorisée dans les années 1980 par le second choc pétrolier , s e double d'une incapacité à parler d'une seule voix .

• En 1979 , le sommet de La Havane , présidé par Fidel Costro , donne lieu à un affrontement pour savoir si l'Union soviétique, qui vient d 'intervenir en Afghanistan, peut être considérée comme une «alliée nature lle» du mouvement.

• Dans Je contexte de renouveau de la guerre froide qui marque les années 1980 , la question du soutien soviétique est un fadeur permanent de division .

Au sommet de Harare ( 1"-7 septembre 1986 ), seuls 47 chef s d'État (sur les 101 que compte le mouvement ) assistent aux débats .

• Conscient de son échec relatif , Je mouvement , réuni à Belgrade du 4 au 7 septembre 1989 , s'accorde sur la nécessité de réfléchir à son insertion dans les rapports internationaux «sans préjugé et sans dogme ».

• La chute du mur de Berlin et l'éclatement de l'Union soviétique mettent fin à la logique bipo laire et donnent naissance à un monde «multipolair e » dans lequel l'ONU, tribune privi légiée des non-a lignés, peine à faire entendr e sa voix .

• A u sommet de Djakarta , en 1992 , le mouvemen t dénonce la domination occidentale du monde et réclame une réforme de l'ONU (élargissem ent du Conseil de sécurité , renforceme n t des compétences de l'Assemb lée gén érale), revendications réitérées au sommet de Cart hagène (Colomb ie), en 1995 .

• Si Fidel Castro a pu proclamer, en 2003, lor s de son discours de clôture du 13' sommet de Kuala Lumpur, que «le mouvement des pays n o n aligné s est aujourd'hui plus nécessaire que jamais », force est de constater q ue Je mouvement reste divisé par son incapacité à dégager des positions communes sur des q uestio ns aussi diverses que celles du terro risme , du sout ien aux États-Unis, des re lations de dominat ion indu ites par la mondialisation .

STRUCTURE ET ORGANISATION LES PAYS MEMBRES Afghanistan , Afrique du Sud, Algérie , Angola , Arabie Saoudite, Bahamas, Bahrein , Bangladesh , La Barbade , Belize, Bénin , Bhoutan , Biélorussie, Birmanie , Bolivie, B otswana, Brunei, Burkina Faso , Burundi, Cambodge, Cameroun , Cap­ Ve~ République Centrafricaine , Chili , République de Chypre , Colombie, Comores , Congo , Républ ique démocratique du Congo , Corée du Nord, Côte d'Ivoire , Cuba , Djibouti, République dom inica ine, Égypte , Émirats arabes unis , Équateur , Érythrée , Éthiopie , Gabon, Gambie , Ghana , Gren ade, Guatemala , Guinée, Guinée-Bi ssau, Guinée-Équatoriale, Guyana , Honduras , Inde , Indonésie, Irak, Iran, Jamaïque, Jordanie , Kenya, Kowen , Laos, Lesotho, Liban, Liberia, Libye , Madagascar, Malais ie, Malaw i, Maldives, Mali , Malt e , Maroc , Maurice , Mauritanie, Mongolie , Mozambique, Namibie , Népal , Nica ragua , Niger , Nigeria, Oman , Ouganda , Ouzbék istan , Pakistan, Palestine (Autorité palestinienne ), Panama , Papouasie-Nouvelle -Guinée, Pérou, Philippines , Qatar , Rwanda, Sainte-Lu cie, Saint-Vincent-et-les ­ Grenadines , Sào-Tomé et Principe, Sénégal , Serbie-et-Monténégr o, Seychelles , Sierra Leone , Singapour , Somalie , Soudan , Sri Lanka , Suriname , Swaziland , Syrie , Tanzanie , Tchad, Tha'1lande, Timor , Togo, Trinité-et­ Tobago , Tunisie, Turkménistan , Vanuatu , Venezuel a, Viêt Nam , Yémen, Zambie , Zimbabw e .

PAYS ET ORGANISATIONS AYANT STATUT D'OBSERVAnURS Antigua-et· Barb uda, Arméni e, Azerbaïdjan , Brésil, C hine popul aire, Costa R ica, Croatie, Dominiqu e, K azakh stan, Kirghizstan , Mexique, Paragu ay, Salvador , Ukraine , Uruguay, F ront d e li bérati o n n a tionale kanak et so cialiste (FLNKS ), Ligue arabe , M o uvem ent pour l 'indépendance de Porto Rico, Organisat ion de la conférence islamique (OCI), Organisatio n d e l'Un ité africaine (OUA ), Organisation des Nati ons unies ( O N U ), Organisatio n d e solidarité des peup les afro-as iatiques.

LES REGLE S D'ORGANISATION ET DE FONCTIONNEMENT • La présidence du mouvement est tournante .

Elle est assurée par Je chef d 'État ou de gouvernement du pays qui a accueilli le dernier somme~ jusqu 'au somme t suivant.

Le président form e avec son prédécesseur et son successeur une troiko qui se réunit régulièrement.

• t:ambas sadeur auprès des Nations unies du pays qui exerce la p r ésidence a vocation à représenter l'ensemble du mouvement au sein de cette instance .

• Un bureau de coordination assure Je secréta riat du mouvement et la liaison entre ses différents groupes de travail, groupes de contact et comités .

• Un comité assure la liaison entre le mouvement et le groupe des 77.

• Les conf érences des chefs d'État et de gouve rneme n t, appe lées «sommets», se tiennent tous les trois ans.

A u cours de ces réunions, qui sont la plus haute instance décisionne lle du mouvemen~ la règle est que les décisions sont adoptées par consensus .. »

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