Le pôle Asie-Pacifique : quelle coopération ?

même l'inspirateur en coulisse), tout en privilégiant, cependant, sa fonction de modérateur sur celle de leader. Son souci majeur est d'adopter le profil le plus bas possible, afin de ne pas rouvrir les plaies mal cicatrisées de l'histoire.

Aussi est-il illusoire d'imaginer que l'Asie-Pacifique constitue une entité homogène, même s'il est incontestable que l'expansion du commerce intrarégional (les deux tiers des échanges extérieurs de l'Asie-Pacifique restent confinés dans les limites de la zone) nourrit une intégration croissante. On reste encore très loin de la conscience identitaire sur laquelle s'est fondée la construction européenne. Les forces centrifuges qui traversent la région se sont ainsi très clairement manifestées, à la mi-novembre 1995, lors du Sommet de l'APEC, à Osaka (Japon). Certes, la déclaration finale, a réaffirmé l'objectif affiché lors du Sommet de Bogor (Indonésie), en 1994, visant à réaliser une zone de libre-échange en 2010 pour les pays les plus avancés et en 2020 pour les moins développés. Mais, en se référant aux concepts de « flexibilité », de « volontariat » ou de « gradualisme », la réunion d'Osaka s’est soldée par un compromis de façade laissant intactes les divergences opposant le libre-échangisme à la mode anglo-saxonne et les inclinations protectionnistes - notamment en matière agricole -de maints pays asiatiques. Ce souci de ne pas

L'idée d'un nouvel équilibre mondial noué autour du pôle Asie-Pacifique n 'est pas inédite.

Émise dès 1924 par Karl Haushofer dans une étude géopolitique, cette théorie du « Pacifique, nouveau centre du monde » a connu un regain d'intérêt dans les années quatre-vingt, au point de susciter un engouement quelque peu angélique chez certains auteurs français soucieux de valoriser les « ambassades » de Paris dans le Pacifique Sud que sont les territoires d'outre-mer (TOM).