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Le Saint-Empire et l'Europe Centrale

Publié le 27/02/2008

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Dans le Saint-Empire comme dans le reste de l'Europe, le grand thème politique des trois premiers siècles des temps modernes, depuis la découverte de l'Amérique et la Réforme protestante jusqu'à la Révolution française et la dissolution du Saint-Empire, fut la lutte menée pour imposer un État moderne, centraliste et bureaucratique. C'était la lutte pour la souveraineté entre d'un côté le Prince et de l'autre les assemblées représentatives des " États ", dont la majeure partie était aristocratique. Ce combat devait décider qui détiendrait la souveraineté et par là même deviendrait le pionnier de l'État moderne : serait-ce la couronne (comme ce fut par la suite le cas en France, en Espagne, en Prusse, en Autriche, en Russie et dans la plupart des États du continent européen) ou bien les " pouvoirs intermédiaires ", avec à leur tête l'aristocratie féodale (comme cela se passa en Angleterre, en Pologne, en Hongrie, aux Pays-Bas et ­ du moins passagèrement au XVIIIe siècle ­ en Suède).                La particularité de cette évolution en Allemagne et en Europe centrale, qui en fait paraître l'histoire si embrouillée et si difficilement compréhensible aujourd'hui, est que la lutte s'y déroula sur deux plans superposés, qui s'influençaient réciproquement. Sur le plan du Saint-Empire s'opposaient " l'empereur " et " l'Empire ", c'est-à-dire la totalité des États de l'Empire représentés à la Diète, depuis les princes-électeurs jusqu'aux villes et abbayes libres d'Empire (et il y eut même des villages libres impériaux). Mais sur le plan inférieur, les plus grands des États, les princes-électeurs et les princes territoriaux ­ représentants du principe monarchique et de l'absolutisme princier ­ se trouvaient face à d'autres " pouvoirs intermédiaires ", c'est-à-dire aux diètes ou États de leurs propres territoires. En outre, une position juridique ne coïncidait pas toujours avec une puissance réelle et une importance politique. Les grands seigneurs féodaux tchèques, même après la bataille de la Montagne Blanche (1620), étaient de loin plus puissants et plus riches que la foule des comtes et chevaliers " souverains " d'Empire dans la partie occidentale de l'Empire, qui étaient pourtant représentés à la Diète et se trouvaient ainsi au même niveau que les princes-électeurs (et par conséquent le roi de Bohême lui-même). Les capitales des grands territoires comme Vienne (qui, de plus, était la résidence de l'empereur et des autorités suprêmes de l'Empire), comme Munich, Dresde, Hanovre ou plus tard Berlin, étaient bien plus riches et bien plus importantes que les nombreuses petites " villes libres " de l'Ouest de l'Empire. Mais, à la différence de ces capitales de territoires princiers, les petites villes libres furent représentées au congrès de paix de Westphalie, même si elles étaient obligées, pour envoyer un représentant à la Diète, de s'associer à d'autres " bourgades libres ".     
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« monnaie, de la construction de routes, comme dans celui des impôts, du salut public et de la police, et même de temps en temps dans le domainemilitaire, cela avant tout à la fin du XVIIe et dans les premières décennies du XVIIIe siècle, grâce à l'association des cercles de Souabe, deFranconie, du Haut-Rhin, du Rhin électoral, de Bavière et de Basse-Saxe en vue de la protection de la frontière occidentale.

Cette association,fondée en 1697 à Francfort-sur-le-Main, fut renouvelée en 1727.

Toutefois, les tentatives d'édification ultérieure des institutions d'Empire ne purent être poursuivies.

En effet, l'opposition entre " l'empereur " et" l'Empire ", entre la solution monarchico-absolutiste et aristocrato-libérale ne fut pas résolue par la guerre de Trente Ans KW100 sur la plan d'Empire, mais figée dans un état d'équilibre surtout par l'intervention des couronnes de France et de Suède.

De la sorte, il fut décidédéfinitivement que l'évolution vers l'État moderne et centraliste s'accomplirait en Allemagne, non pas sur le plan de l'Empire, mais sur celui desterritoires assez importants : États des princes-électeurs ou de princes qui entretenaient leurs propres soldats.

D'un autre côté, par rapport aux États souverains du reste de l'Europe, cette évolution fut entravée ralentie par laconstitution de l'Empire et l'action de ses " organes " dans les territoires impériaux.

L'ensemble des pays héréditaires des Habsbourg P1717 resta jusqu'à la fin du Saint-Empire de loin le territoire le plus grand aussi bien par son étendue que par le nombre de ses habitants.

Entre le premier siège de Vienne par les Ottomans (1529) et le second (1683), ces pays se trouvaienttoutefois sous la menace continuelle d'une invasion turque et cette pression empêcha les Habsbourg P1717 de Vienne, de Prague, de Graz et d'Innsbruck de procéder d'une façon décisive contre la noblesse de leurs pays, devenue en grande partie protestante.

Seulement sous Ferdinand IIP1585 , tandis que les Turcs eux-mêmes étaient entravés à l'Est par leur combat contre les Perses, les Habsbourg P1717 d'Autriche brisèrent la résistance de la noblesse protestante dans le groupe tchéco-autrichien de leurs pays essentiellement avec l'aide des Wittelsbach de Bavière, leursparents, et l'appui de leurs cousins d'Espagne et du pape.

Ils menèrent à la victoire les principes de la Réforme catholique et de l'absolutismeprincier.

Le terme " absolutisme " n'est toutefois pas entièrement exact, car le pouvoir du monarque ne fut aucunement " absolu ".

Il est vrai que lanoblesse perdit sa liberté d'action politique, surtout en ce qui concerne la politique extérieure mais elle continua d'être la classe dominante danstous ces pays, en Bohême et en Moravie comme en Haute et Basse-Autriche, en Styrie et en Carinthie.

Les États provinciaux gardèrent le droit delever les impôts, les répartir, les percevoir et les administrer.

Ce ne furent que les réformes de Marie-Thérèse P222 qui privèrent les États de leur administration politique et financière et qui étendirent la pyramide administrative, à travers les gouvernements et les cercles nouvellement créés,jusqu'au degré administratif le plus bas : la seigneurie.

En Hongrie et en Transylvanie, lorsque les Habsbourg P1717 , après la dernière offensive turque, les eurent libérés et incorporés à leur monarchie après un siècle et demi de domination ottomane, il n'était pas question d'imposer à lanoblesse un absolutisme même mitigé.

La résistance de la nation hongroise ne put être brisée au profit du centralisme de Vienne, d'abord parceque, durant plusieurs décennies, il fallut mener la guerre sur deux fronts : contre Louis XIV P203 et contre les Turcs et, ensuite au temps de Marie- Thérèse P222 , par le conflit avec la Prusse.

Ce fut seulement Joseph II P1881 , fils et successeur de Marie-Thérèse P222 , qui put essayer d'étendre à la Hongrie la politique d'unification ; mais il échoua.

Il fut contraint, à son lit de mort, de révoquer les plus importantes réformes centralisatrices etde renvoyer de Vienne en Hongrie le symbole de l'État hongrois, la couronne de saint Étienne.

La différence fondamentale entre le groupe despays de l'Ouest qui faisaient partie du Saint-Empire et les pays de la couronne de Hongrie remontait à l'évolution des XVIIe et XVIIIe siècles ;cette différence trouva plus tard son expression dans le compromis de 1867 et la création de la double monarchie austro-hongroise.

Au XVIIe et au XVIIIe siècle, tandis que prenait naissance la monarchie du Danube dans les pays héréditaires de labranche allemande de la " Maison d'Autriche " s'accomplit aussi la montée de Brandebourg en Allemagne et enEurope.

D'hériter presque en même temps à l'Est du duché de Prusse (encore fief de la Pologne) et, à l'Ouest, despossessions du Bas-Rhin eut pour les princes-électeurs de Brandebourg l'inévitable conséquence d'être concernéspar les confits de l'Europe orientale aussi bien que de l'Europe occidentale.

Ils ne purent se soustraire à leursrépercussions, même s'ils avaient jamais envisagé de le faire, dans la tradition pacifique et patriarcale d'uneprincipauté luthérienne à l'ancienne mode.

Le changement de religion de la dynastie du luthéranisme au calvinisme- provoqué par l'héritage du Bas-Rhin ouvrit l'État de l'Allemagne du Nord aux influences du protestantismeoccidental, plus actif sur le plan spirituel, politique et économique.

Ces influences furent encore renforcées vers lafin du XVIIe siècle par l'accueil des huguenots expulsés de la France.

Une autre conséquence de ce changement dereligion qui ne se manifesta que plus tard fut que, dans cet État, la différence de religion entre la dynastie et laforte majorité des sujets devait mener avec une logique inévitable au relâchement de l'unité politico-religieuse dupays et à l'idée de tolérance.

Ce pas ne fut pourtant franchi en Prusse que sous le règne du " roi-philosophe " Frédéric II P110 qui, par ses guerres, força l'entrée de la Prusse parmi les grandes puissances européennes.

Par cet admirateur et ami de Voltaire L235 et des autres représentants des " lumières KW129 ", l'État des Hohenzollern obtint un climat d'ouverture au monde et de liberté d'esprit qui, dans sa fusion particulière et féconde avec de plus anciennestraditions piétistes, représenta désormais l'élément essentiel de la Prusse frédéricienne.

L'affinité notoire avec une évolution analogue dans lamonarchie autrichienne à l'époque thérésienne et Joséphienne s'explique sans doute d'abord par un phénomène connu d'assimilation réciproqueentre adversaires et rivaux ; mais ont joué tout autant pour la formation des grandes puissances les mêmes conditions qui existaient au Nord-estcomme au Sud-Est, par une structure sociale semblable et aussi le fait, trop souvent négligé, qu'en Autriche l'alliage de rationalisme et de Réformecatholique imprégnée du jansénisme KW113 tardif tenait un rôle semblable à celui du mélange de rationalisme et de piétisme en Prusse.

La formation d'un État bureaucratique dans le cadre duquel, en Autriche comme en Prusse, s'accomplirent la montée de la bourgeoisie et le passaged'une société féodale de nobles et de paysans vers un monde productif, bourgeois et industriel, aboutit logiquement, dans les deux États, lors dela phase finale de despotisme éclairé KW061 , aux efforts pour développer le droit civil.

Les grands codes : Allgemeines Landrecht (Droit commun général) en Prusse et Allgemeines Burgerliches Gesetzbuch (Code civil général) en Autriche en sont la preuve.

L'artificiel équilibre politique du Saint-Empire eut pour réplique, après 1648, son équilibre confessionnel.

En effet, les points de controverse nés del'interprétation de la Paix religieuse d'Augsbourg de 1555, après avoir persisté pendant des décennies, trouvèrent une solution pour l'essentiel :aucune des trois religions reconnues (catholiques, luthériens et calvinistes) ne pouvait plus espérer triompher des deux autres, encore moins lesexterminer.

Certes, il y eut encore des conflits, d'autant plus que chaque groupe en principe gardait pour objectif lointain le triomphe de sa propreÉglise.

Mais on savait bien qu'il n'était pas possible d'y parvenir, du moins pas dans l'immédiat et que même on s'en éloignait beaucoup aucontraire.

Ce sentiment contribua à la croissance de la fleur encore si frêle de l'idée de tolérance.

Des arrangements particuliers rompant le principe. »

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