Le serment d'allégeance à la Nation quand la Révolution divise le clergé
Publié le 30/08/2013
Extrait du document
«
L'ABBÉ GRÉGOIRE,
PREMIER JUREUR
L'abbé Grégoire est le
premier curé à prêter
serment, le 27 décembre
1 790.
Élu aux états
généraux, il est intervenu pour que le bas clergé se
rallie au tiers état.
S'étant
distingué par ses prises de
position en faveur des juifs
et des Noirs, l'évêque
constitutionnel du
Loir~et~Cher constitue
l'exemple le plus
remarquable de « curé
patriote ».
Ennemi du
despotisme, il a déclaré
en 1792 : « La classe
d'hommes la plus immorale
fut toujours celle des rois.
Depuis quinze siècles,
l'Europe est en proie
au brigandage de neuf ou
dix
familles qui jouissent
de la misère des
hommes, qui s'abreuvent de
leurs larmes.
>> Fidèle
à ses idées, l'abbé Grégoire manifestera une opposition
constante à l'Empire
et ses obsèques, le 28 mai
1831,
seront l'occasion
de manifestations
républicaines.
Il a été le premier évêque
à entrer au Panthéon, en 1989, lors des célébrations du bicentenaire de la Révolution.
de province, qui faisaient les
honneurs du palais épisco~
pal ; ils couraient les aven~
tures, les danseuses de Pa~
ris...
Un épiscopat si mon~
dain, qui se souvenait tout à
coup de la religion, dès
qu'on touchait à ses biens,
avait vraiment beaucoup à
faire
pour renouveler dans
les campagnes le vieux fana~
tisme.
»
Les curés « de base», eux,
ont plutôt encouragé le tiers
état à aller de l'avant.
Aris~
tocrate émigré, le comte
Emmanuel d'Antraigues est
allé jusqu'à affirmer: « Ce
sont ces foutus curés qui ont
fait la Révolution ! »
Un clivage
géographique
Les réactions au serment pro~
vaquent également un clivage
régional.
On enregistre 8 % de
jureurs dans le Bas~Rhin, 17 %
dans la Mayenne, 19 % dans
le Nord, 23 % dans le Pas~de~
Calais, 71 % dans la Haute~
Saône, 84 % dans le Cher, 90 %
dans le Loiret, 96 % dans le
Var.
Les diocèses et séminai~
res gallicans, partisans d'une
large indépendance vis~à~vis
du Saint~Siège, s'opposent 'ffi
aux ultramontains, majoritai~ ]
res en Flandre, dans le Hai~ u
naut, l'Artois, la Franche~ i
Comté, la Lorraine et le Rous~ ~ -" sillon .
a.
Le clergé se partage aussi
entre orthodoxes et jansé~
nistes.
A l'exception de trois
évêchés bretons, les diocèses
de tradition janséniste sont
beaucoup plus jureurs que les
autres.
Joue encore
l'opposi~
tion entre catholiques et pro~
testants : là où les deux
confessions sont en contact -
dans le haut Languedoc, le
Poitou, la Saintonge, l'Albi~
geais, le Vivarais -, le refus du
serment est quasi unanime.
Les
prêtres sont également
sensibles à la pression popu~
laire.
On note une corrélation
géographique
entre le refus
du serment et l'opposition
traditionnelle au pouvoir cen~
tral : le grand Ouest, de la Nor~
mandie à la Vendée ; le sud
du Massif central ; le sud de
l'Aquitaine et le Pays basque.
Une géographie contrastée
s'affirme alors qui, si l'on en
croit les comportements élee~
toraux, subsiste encore de nos
jours.
Au total, on dénombre environ
45% de réfractaires.
Le 10 mars,
le
pape se prononce enfin : il
-
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