Le siècle des Lumières
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
LE SIÈCLE DES LUMIÈRES
SIÈCLE des Lumières, Age of Enlightenment, Aufkliirungzeit ...
, est-ce un hasard si ce
beau nom se répercute comme un écho à travers l'Europe pensante? On l'a raillé parfois, bien à
tort, car il recouvre une réalité, il explique une époque et son rayonnement.
Dès le xvme siècle,
il est un vivant symbole : « A quoi nous servent nos lumières, si nous conservons toujours nos
abus? » demande Voltaire, qui déclare : « Je vois avec plaisir qu'il se forme dans l'Europe une
république immense d'esprits cultivés; la lumière se communique de tous côtés.
» Michelet lui
fait
écho : «Les couches supérieures, au xvme siècle, sont civilisées, éclairées, inondées de lumière.
»
Le despotisme même d'un Frédéric II, d'un Joseph II, d'une Marie- Thérèse, d'une Catherine
de Russie est éclairé.
Eclairés, les savants et les philosophes du « Grand Siècle » le sont; et comme
tous prétendent également à la philosophie et à la science, tous le sont également.
Lumière, « mot
clef», dit V.-L.
Saulnier, puisque « le xvme siècle oppose sa lumière au dogmatisme classique ».
Les récents travaux de D.
Mornet, de P.
Hazard, entre tant d'autres, le corifirment avec éclat.
Mais le mot ne s'applique ni au domaine littéraire ni au domaine artistique.
Sans doute le
xvme siècle prétend rénover le roman, le théâtre et la critique, sinon la poésie, et il apporte en pein
ture, en sculpture, en architecture et en musique des conceptions neuves.
Toutefois, il ne parle pas
des lumières d'un Richardson ou d'un Goldoni, d'un Lesage ou d'un Prévost, non plus que des
lumières d'un Marivaux ou d'un Beaumarchais, moins encore d'un Watteau ou d'un Couperin.
Tel chef-d'œuvre, Manon Lescaut, le Neveu de Rameau, le Jeu de 1 'Amour et du
Hasard, ne pose que des problèmes d'esthétique.
Sans doute tel autre, Candide, le Mariage
de Figaro ...
est une arme.
La littérature, agressive, tantôt se livre à un travail de taupe, tantôt
tire ses griffes.
Mais le pouvoir central la surveille, la contrôle, la réprime, sans lui faire trop de
mal, gentiment parfois.
Lutte ouverte ou sournoise, à qui perd gagne.
L'édifice social, vermoulu,
résiste.
Ce ne sont pas les écrivains, même quand Jean-Jacques s'en mêle, qui le jettent bas.
Lesfoyers lumineux et brûlants sont ailleurs.
Des Lettres Philosophiques à l'Esquisse d'un
tableau historique des progrès de l'esprit humain, en passant par l'Encyclopédie et le
Contrat Social, ils s'échelonnent comme les feux des bergers au sommet des collines.
Car ce qu'on
appelle le Siècle des Lumières, c'est d'abord, et presque exclusivement, celui de la philosophie
et de la science.
Siècle des Lumières, Siècle des Philosophes, c'est tout un; les deux expressions
se confondent au point de rendre le même son.
Et comme la science a partie liée avec la philosophie,
la lumière s'irradie de l'une à l'autre discipline.
A cet égard Voltaire ouvre la marche en 1734,
et Condorcet la ferme en I 794· Limites incertaines, car, en réalité, le xvme siècle mord sur les vingt
dernières années du xvne siècle, et il ne trouve son terme que dans les premières années du xrxe siècle.
« Crise de la conscience européenne », dit P.
Hazard, parlant de ses débuts.
Crise est impropre,.
»
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