L'Égypte sous la domination byzantine

« l'inauguration, le 11 mai 330, de Constantinople.

En chan­ geant de nom, Byzance était devenue une capitale impé­ riale, qui faisait contrepoids à Rome et sapait du même coup la traditionnelle pré­ éminence d'Alexandrie en tant que ville orientale de langue grecque.

Ce qui eut pour effet de détourner de l'Occident les richesses de l'ɭ gypte, laquelle allait devenir le grenier à blé de Constanti­ nople dont la population ne cessait de croître .

Peu à peu se mirent en place des ré­ formes administratives qui toutes allaient dans le sens d'une centralisation de l'État.

Depuis 296 déjà, la monnaie égyptienne avait cessé d'être indépendante pour devenir celle de l'empire.

Divisée en petites provinces, l'Égypte était placée sous le contrôle zélé de fonctionnaires civils et militaire .

L'impôt accablait les petits paysans, soumis à de dures sanctions lorsqu'ils ne pouvaient pas payer.

A cette police de l'État seul fai­ sait contrepoids le puissant pouvoir du patriarcat : seuls les préfets et l'empereur avaient une autorité supé­ rieure à la sienne.

(C'est le concile de Chalcédoine qui, en 451, avait divisé l'empire en cinq patriarcats : Alexan­ drie, Antioche, Constanti­ nople, Jérusalem et Rome.) Des empereurs et des patriarches L es patriarches d'Alexan­ drie avaient jusque-là des habitudes d'indépendance et leur propre conception du dogme chrétien : la croyance en une nature divine unique du Christ.

Or l'orthodoxie dé­ finie par le concile de Chalcé­ doine, qui affirmait l'union de deux natures dans le Christ, fit du monophysisme de l'église égyptienne une héré­ sie.

Le patriarcat allait désor­ mais entrer en conflit avec l'autorité impériale de Cons­ tantinople, et cette tension est le fait majeur de la pério­ de byzantine de l'Égypte.

Les querelles religieuses ne font qu'aggraver les difficultés d'ordre ethnique et politique.

Le patriarche Dioscore, en ri­ poste à l'édit de Marcien in­ terdisant en Égypte toute discussion concernant le dog­ me, fait arrêter les expédi­ tions de blé à destination de Constantinople.

L'empereur envoie des troupes à Alexan­ drie, qu'il affame en détour­ nant le blé par une branche du Nil, et expulse le patriar­ che.

Sous le règne de Léon, les membres d'une secte mo­ nophysite d'Alexandrie égor­ gent le patriarche melkite Proterius et le remplacent par leur chef, le moine Timo­ thée Aïlouros ; l'empereur doit y envoyer un autre pa­ triarche escorté d'une garni­ son.

Les querelles se succè­ dent sur ce mode, allant jus­ qu'à provoquer des combats sanglants dans les rues d'Alexandrie entre les parti­ sans des deux patriarches.

Les conflits religieux ayant affaibli l'Égypte, l'empereur Héraclius voit son règne mar­ qué par deux invasions.

D'abord, les Perses occupent l'ancienne terre des pha­ raons de 619 à 628, oppri­ mant les coptes et massa­ crant des centaines de moi­ nes.

Un accord de paix entre l'empire et le Grand Roi signe le retrait des envahis­ seurs et permet un bref re­ tour au calme .

Mais, en 639, Amrou, le lieutenant du cali­ fe Omar, s'empare de Mem­ phis avec la complicité du préfet de Moyenne-Égypte, puis assiège Alexandrie, qui se rend après · quatorze mois de résistance, sans avoir reçu le moindre secours de Cons ­ tantinople .

Après deux cent quarante-quatre ans de do­ mination byzantine, l'Égypte s'apprête à devenir arabe.. »