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Léon Ier le grand

Publié le 22/02/2012

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Le pontificat de Léon Ier se place à une période tragique de l'histoire de l'Occident. En effet, depuis le début du Ve siècle, l'empire romain est envahi par des peuples barbares. En 410, la ville de Rome elle- même, qui n'avait jamais été souillée par l'envahisseur, est prise et pillée par les armées du Wisigoth Alaric. Les empereurs, installés à Ravenne, ne parviennent pas à repousser les Germains. Pourtant, Valentinien III (425- 455) et son ministre Aétius ne désespèrent pas d'arriver à un accord avec les Barbares. L'Église romaine subit le contrecoup de ces événements politiques et peut difficilement se faire respecter des autres églises d'Occident et d'Orient. A Constantinople, le patriarche, tout en reconnaissant la prééminence morale de l'évêque de Rome, a de plus en plus tendance à se soustraire à son autorité juridique. Les papes de la première moitié du Ve siècle s'efforcent difficilement d'être à la hauteur de la situation. Lorsque le diacre Léon succède, en 440, au pape Sixte III, il accepte une lourde charge.

« deux églises romaines, qui par leur vie et leur mort ont fait de la Ville le centre de l'Église Catholique.

Le pape Léondans le sermon 82, prononcé le jour de la fête de Pierre et Paul, compare les apôtres aux fondateurs Romulus etRémus ; il rappelle que les apôtres sont les véritables fondateurs de la Rome chrétienne : "Les apôtres t'ont élevée àune gloire telle que tu es devenue la tête du monde, grâce au siège sacré du Bienheureux Pierre, tu domines pluslargement par la religion divine que par la puissance terrestre.

Quelle qu'ait été, en effet, l'importance que t'adonnée jadis par de multiples victoires le droit de ta domination sur terre et sur mer, tout ce que le labeur guerriert'a assujetti est moindre que ce que la paix chrétienne t'a soumis." Pour lui, la véritable Rome est la Romechrétienne.

En exaltant le pouvoir religieux de la Ville, il exalte celui de la papauté et de la primauté de l'Égliseromaine sur les autres Églises.

Ce qu'il dit dans ses sermons il l'applique, comme nous allons le voir en analysant sesrelations avec l'Église de Constantinople. Avant même son pontificat, Léon s'est intéressé aux nombreuses querelles théologiques qui opposent les chrétiensd'Orient au sujet de la personne du Christ.

En effet, depuis l'affaire de l'arianisme, les théologiens d'Alexandrie etd'Antioche discutaient sans relâche pour savoir comment, dans le Christ, la nature humaine et la nature divinepouvaient être juxtaposées.

Le Concile de Nicée avait donné une définition précise de ce que l'on appelle l'unionhypostatique et avait affirmé qu'il y a dans le Christ deux natures, celle de l'homme et celle de Dieu, et une seulepersonne.

Mais cette définition n'avait pas satisfait les esprits orientaux et dans les milieux proches de l'Écoled'Antioche certains estimaient que le Christ était un homme qui avait été rempli du Verbe de Dieu et que parconséquence on ne pouvait appeler la Vierge Marie, Mère de Dieu (théotocos).

C'est du moins ce qu'affirmait lepatriarche de Constantinople, Nestorius, vers les années 430.

Cette position dogmatique fut dénoncée par lesmilieux ecclésiastiques d'Alexandrie et surtout par le patriarche de cette ville, Cyrille.

Le Concile d'Éphèse, réuni en431, condamnait les thèses de Nestorius.

Le diacre Léon avait été tenu au courant de ces luttes doctrinales etavait même reçu en 431 une lettre personnelle de Cyrille.

Après son accession au pontificat, il eut à intervenir maiscette fois en sens inverse, car certains théologiens d'Alexandrie poussaient leur thèse beaucoup trop loin etaffirmaient que dans le Christ, la nature humaine s'était dissoute dans la nature divine comme une goutte d'eau dansla mer.

C'était pour l'Église d'Alexandrie un moyen de s'opposer à celle de Constantinople.

Le patriarche deConstantinople, Flavien, avait condamné ce que l'on appelle les monophysites (c'est- à- dire les partisans d'uneseule nature) et avait appelé l'attention du pape Léon sur cette grave affaire qui divisait les Eglises d'Orient.

Il fallaitpour en finir provoquer un nouveau Concile à Éphèse.

Malheureusement le patriarche d'Alexandrie, Dioscore, quisoutenait les thèses monophysites, réussit à soudoyer les pères du Concile et à faire déposer le patriarche Flavien.C'est alors que Rome intervint. Déjà, dans une épître dogmatique au patriarche Flavien datée du 13 juin 449, le pape résumait la doctrine catholiqueconcernant le Christ.

Fidèle au Credo du Concile de Nicée, il affirmait qu'il y a dans le Christ diversité et unité, qu'il ya entre les deux natures, divine et humaine, une union permanente sans mélange ni confusion ; malheureusementles légats romains présents au Concile d'Éphèse ne surent pas se faire entendre et c'est à juste titre que Léon putparler de "Synode de brigands".

Le 29 septembre 449, Léon réunit à Rome un certain nombre d'évêques et en vertude son autorité apostolique cassa les décisions du "Brigandage d'Éphèse" en demandant la réunion d'un nouveauConcile, cette fois en Italie.

L'empereur Valentinien III et sa mère, Galla Placidia, soutinrent ses efforts et écrivirentde leur côté à l'empereur de Constantinople, Théodose.

La mort de ce dernier le 28 juillet 450 et son remplacementpar l'empereur Marcien, favorisèrent les partisans de l'orthodoxie, mais Léon ne put obtenir la réunion d'un Concile enItalie : c'est à Chalcédoine, non loin de Constantinople, que fut convoqué le Concile.

D'ailleurs, l'invasion des Hunsen Occident ne pouvait guère favoriser la réunion d'une assemblée religieuse en Italie à cette date.

Ouvert le 8octobre 451, le Concile de Chalcédoine cassa les décisions du "Brigandage d'Ephèse" et, en s'appuyant sur la lettrede Léon à Flavien, définit d'une façon orthodoxe les relations des deux natures dans la personne du Christ.

Leslégats romains et le pape lui- même avaient gain de cause.

Près de six cents évêques acclamèrent la doctrine que lepape Léon avait exposée en s'exprimant : "Voici la Foi des Pères des Apôtres, Pierre a parlé par la bouche de Léon,telle a bien été la doctrine des Apôtres." Le pape pouvait s'estimer satisfait et remercier l'empereur Marcien de toutce qu'il avait fait pour le rétablissement de l'unité religieuse. Mais les pères du Concile de Chalcédoine profitèrent de leur réunion pour rédiger certains canons relatifs à ladiscipline de l'Église et aux rapports entre le patriarcat de Constantinople et celui de Rome.

Malgré la protestationdes légats pontificaux, le Concile promulgua le XXVIIIe Canon qui accordait au patriarcat de Constantinople lesmêmes privilèges qu'à celui de Rome ; il estimait que la ville de Constantinople qui est honorée par la présence del'empereur et du Sénat devait jouir des mêmes privilèges que la vieille ville impériale, c'est- à- dire Rome, même s'ilreconnaissait la prééminence morale du siège fondé par saint Pierre.

Il voulait diminuer l'autorité des patriarcatsd'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem au profit du patriarcat de Constantinople.

Cette décision du XXVIIIe Canonqui bouleversait l'organisation traditionnelle de l'Église, ne pouvait être acceptée par le pape Léon car on pouvaitdéjà deviner qu'elle susciterait entre la papauté et le patriarcat de Constantinople une rivalité puis un conflit.

Aumoment où Léon exaltait le souvenir de Pierre et de Paul et affirmait que la ville de Rome avait été véritablementfondée par les Apôtres, les revendications du patriarche de Constantinople pouvaient être difficilement admises. Dans un de ses sermons, le pape affirmait : "Le Bienheureux Pierre persévère dans la solidité de pierre qu'il a reçueet n'abandonne pas le gouvernail de l'Église qui lui fut mis en main...

Si quelque chose est fait ou décidé par nousdroitement, si quelque chose est obtenu de la miséricorde de Dieu par nos supplications quotidiennes, on le doit auxœuvres et aux mérites de celui dont vit la puissance et excelle l'autorité sur son siège." En fait, après le Concile deChalcédoine cette autorité de Rome que le pape souhaitait ne peut s'imposer en Orient.

A Alexandrie, lesmonophysites continuent à s'agiter.

A Antioche le nouveau patriarche n'informe même pas le pape de son élection ;à Constantinople, après la mort de l'empereur Marcien, les relations entre les deux Églises sont presque inexistantes.. »

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