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L'ERE DES GRANDES DECOUVERTES (XIIIe - XVIe siècle)

Publié le 22/02/2012

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La mer Océane ou la prophétie de Sénèque "Viendra le temps lointain où la mer Océane brisera ses chaînes ; et une vaste terre sera révélée aux hommes ; où Tiphé découvrira des mondes nouveaux, où Thulé ne sera plus l'Ultime", prophétise, au temps de la Rome impériale, l'écrivain et philosophe stoïcien Lucius Annaeus Sénèque (4 av. J.-C.- 65 ap. J.-C). Plus ignorants que les Anciens, les Européens, au Moyen Age, imaginent la terre comme un grand carré ou comme un disque plat, bordé au nord de glaces infranchissables, au sud de flots en ébullition. Croyant vivre au centre du monde, ils ne connaissent que l'Afrique du Nord et une partie limitée de l'Asie ; les autres terres ou continents, les Amériques, l'Océanie, comme les autres mers, l'océan Pacifique notamment - leur sont totalement inconnus. Mais avec les premiers explorateurs partant sur les routes du Cathay au XIIIe siècle – c'est-à-dire s'en allant vers l'Asie lointaine et la Chine – l'Europe, ou plutôt la chrétienté, va élargir ses horizons. Commence, en effet, l'ère des grandes découvertes. La prophétie de Sénèque est en train de se réaliser.

« occidentales ne cesse de se développer.

Les pays de l'Extrême Orient, que l'on désigne sous un même nom, les Indes, passent pourfabuleusement riches.

La tentation n'est-elle pas alors grande d'aller sur place pour profiter de ces richesses ? D'autre part, l'Europeconsomme de très grandes quantités d'épices : clou de girofle, muscade, cannelle, gingembre, poivre qu'utilisent la cuisine et lamédecine.

Ces produits ne parviennent en Occident qu'après de longs et coûteux transbordements : les Arabes vont, par voie de terreou de mer, les rechercher aux Indes ; des caravanes les transportent dans les ports de la Syrie et de l'Egypte ; là les marins génois etsurtout vénitiens viennent les chercher pour les redistribuer sur les marchés européens.

Mais Génois et Vénitiens, ayant le monopoledu trafic, se réservent d'énormes bénéfices.

On comprend dès lors que d'autres Européens, notamment les Espagnols et lesPortugais, cherchent à trouver une route plus courte et moins coûteuse : une route maritime directe avec les Indes qui permettrait dese passer de tous les intermédiaires, italiens et arabes. Vers l'Ouest ou vers l'Est ? Les navigateurs portugais et espagnols cherchent les « Indes" - et trouvent, en longeant l'Afrique, une nouvelle route maritime, celle ducap de Bonne-Espérance, et découvrent, en cinglant vers l'Ouest, via l'océan Atlantique, un obstacle inattendu qui leur barre lepassage du Nord au Sud : l'"Amérique".

Au cours de son premier voyage, Christophe Colomb est même convaincu d'avoir trouvé l'îlede Cipangu, c'est-à-dire le Japon, qu'évoque Marco Polo dans son Livre des Merveilles .

A la suite des auteurs grecs qui ont dit que la terre est ronde, tout le monde pense qu'un seul et même océan enveloppe l'Europe, l'Afrique et l'Asie.

Le chemin le plus court et leplus simple, estime la plupart des savants et des géographes, est de rejoindre les Indes en allant droit vers l'Ouest.

En 1410, dans Le Tableau du Monde , Pierre d'Ailly note : "Aristote dit qu'il y a peu d'étendue de mer entre l'extrémité de l'Espagne du côté de l'Ouest et le commencement de l'Inde du côté de l'Est […] Sénèque dit en outre que la distance peut être franchie en peu de jours par un ventfavorable." Dans une lettre écrite à Florence le 25 juin 1474 et adressée au confesseur du roi du Portugal, le savant Toscanellis'exprime en ces termes : "Comme je t'ai parlé une fois d'une route par mer au pays des aromates plus courte que celle des Portugaispar la Guinée, le roi sérénissime me demande aujourd'hui des éclaircissements […] Pour moi , bien que je sache qu'on peut lemontrer par la forme sphérique qui est celle de notre [terre], je me suis cependant résolu […] à démontrer par la confection d'une cartenautique que l'existence de la route en question est prouvée.

J'envoie donc à son Altesse une carte faite de mes propres mains, oùsont marquées les côtes et les îles d'où vous pourrez faire voile, en vous dirigeant constamment vers l'ouest, ainsi que les lieuxauxquels vous devez arriver ; elle indique aussi les distances et au bout de combien d'espaces et de milles vous parviendrez à cescontrées si fertiles en toutes sortes d'épices et en pierres précieuses." Partageant les idées de Toscanelli, le navigateur ChristopheColomb conçoit lui-aussi le projet de gagner l'Inde par la voie occidentale ; et luiaussi a cherché appui auprès du roi du Portugal qui l'aéconduit. Les Portugais et la route du Cap De 1416 à 1460, le prince Henri, dit le Navigateur, cinquième fils du roi du Portugal, dirige l'exploration méthodique des côtesafricaines, - ce qui permet aux marins, qui doivent souvent s'éloigner des côtes, de se familiariser avec la navigation hauturière ; ce quioblige les charpentiers de marine à améliorer les navires jusqu'au jour où ils vont inventer la caravelle, un bateau de haute mer pluslong, plus léger, plus maniable que la nef, et plus haut de bord que la galère.

Tandis que la nef ne possède qu'un seul mât et qu'uneseule voile, la caravelle possède trois mâts et cinq voiles.

Parallèlement, les techniques de navigation en haute mer s'améliorent grâceà l'utilisation de la boussole, connue par l'intermédiaire des Arabes et perfectionnée en Italie dès le début du XIVe siècle, et grâce àl'utilisation de l'astrolabe qui permet de se guider sur les astres.

Presque chaque année, une expédition a pour mission de longer lacôte d'Afrique et de s'aventurer de plus en plus loin vers le sud.

Conduites avec méthode, ces entreprises se poursuivent après la mortd'Henri le Navigateur.

En 1420, les Portugais atteignent Madère ; en 1431, ils occupent les Açores ; en 1447, ils doublent le cap Vert ;en 1471, ils franchissent l'équateur ; en 1487, Bartolomeu Dias double la pointe extrême de l'Afrique, qu'il désigne sous le nom de capdes Tempêtes et que le roi Jean II du Portugal rebaptise cap de Bonne-Espérance.

Dans le même temps, les Portugais fondent, lelong des côtes africaines, des comptoirs à partir desquels ils exploitent les richesses de l'Afrique - les esclaves et l'or – etprogressivement mettent à mal le commerce transsaharien contrôlé par les Arabes.

Dix ans après Bartolomeu Dias, le 8 juillet 1497,Vasco de Gama reprend la même route et atteint Calicut, sur la côte occidentale de l'Inde : "[…] Quatre embarcations parties de laterre vinrent nous trouver : ils voulaient savoir quels gens nous étions ; ils nous annoncèrent et montrèrent Calicut.

Et le jour suivant,les mêmes barques revinrent le long de nos navires ; alors le capitaine envoya l'un des nôtres à Calicut.

Ceux dont il était accompagnéle menèrent à deux Maures de Tunis qui savaient parler le castillan et le génois.

La première bienvenue qu'ils lui donnèrent futlittéralement celle-ci : Au diable qui te tient, qui t'a amené ici ? Et ils lui demandèrent ce que nous venions chercher de si loin.

Il leur répondit que nous venions chercher des chrétiens et des épices" (d'après Alvaro Velho, Le Routier ).

Devant le succès de l'expédition de Vasco de Gama, une nouvelle flotte de dix nefs et trois caravelles appareille, le 9 mars 1500, sous les ordres de Pedro Alvares Cabral à destination de l'Inde par le cap de Bonne-Espérance.

C'est au cours de cetteseconde expédition que les Portugais découvrent une terre inconnue : le Brésil actuel.

Mais il convient de replacer les faits dans leurcontexte maritime, car beaucoup de contrevérités ont été dites sur la découverte de Cabral et on lit même dans certains ouvrageshistoriques que ce serait les courants qui auraient entraîné la flotte vers le Brésil.

Or il faut savoir que pour éviter les calmes au largede la côte de Guinée, les voiliers doivent dessiner une grande volta vers l'ouest, avec des allures portantes, jusqu'au moment où ilspeuvent accrocher les frais d'ouest qui les ramènent sur la côte sud-occidentale de l'Afrique.

Dans la marine à voile, la ligne droiten'existe pas.

Comme le note avec force Michel Mollat, spécialiste d'histoire maritime, ce "serait une erreur totale de perspectivehistorique que de dissocier de l'exploration de l'océan Indien le voyage célèbre qui a conféré, à tort ou à raison, à Alvares Cabral le titrede premier découvreur du Brésil.

Les Portugais, pendant les deux premières décennies du XVI e siècle, considéraient le Brésil comme une escale sur la route des Indes orientales.

De même que l'expérience de Bartolomeu Dias avait servi à guider Vasco de Gama, demême les instructions de celui-ci amenèrent Cabral à étendre la volta encore plus largement vers l'ouest, l'alizé du N.-E.

lui faisant aupassage découvrir et baptiser un point de la côté brésilienne, Terre de la Vraie-Croix (23 avril 1500), avant d'atteindre sans délais. »

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