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Les crises de l'année 1956 (commentaire de document)

Publié le 11/04/2011

Extrait du document

Dans ses Mémoires, le Premier ministre britannique Anthony Eden évoque (passage entre guillemets) la réponse de son gouvernement à la note menaçante du gouvernement soviétique. ... Nous avions, expliquai-je, pratiquement atteint notre but qui était de séparer les belligérants en Egypte et nous saluions avec joie la constitution d'une force des Nations Unies qui assurerait notre relève. Je poursuivais : « Si votre gouvernement appuie les propositions de constituer une force internationale dont le rôle consistera à empêcher la reprise des hostilités entre Israël et l'Egypte, à assurer le repli des troupes israéliennes, à prendre les mesures nécessaires pour déblayer les obstructions et rétablir la circulation dans le canal de Suez et à faciliter la solution des problèmes de cette région, il apportera ainsi à la paix une contribution dont nous serons heureux. « Notre objectif est de trouver un règlement pacifique et non d'engager une controverse avec vous. Je ne puis cependant laisser passer sans y répondre les accusations injustifiées que contient votre message. Vous nous accusez de faire la guerre contre l'indépendance nationale des pays du Proche et du Moyen-Orient. Nous avons déjà démontré l'absurdité d'une telle allégation en nous déclarant prêts à accepter d'être relevés par les Nations Unies dans la tâche matérielle de maintenir la paix en cette région... « Le monde entier sait que, depuis trois jours, les forces soviétiques de Hongrie écrasent sans ménagement l'héroïque résistance d'un véritable mouvement d'indépendance nationale, mouvement qui, en proclamant sa neutralité, montre bien qu'il ne présente aucune menace pour la sécurité de l'Union soviétique.  

« En un pareil moment, il convient mal au gouvernement soviétique de qualifier les actes du gouvernement de Sa Majesté de « barbares «. Les Nations Unies vous ont demandé de renoncer à toute attaque armée contre le peuple de Hongrie, de retirer vos forces de son territoire et d'accepter la venue d'observateurs de l'ONU dans le pays. A votre réponse, le monde jugera de la sincérité des mots que vous avez estimé bon d'employer à l'égard du gouvernement de Sa Majesté. « Mais nous nous trouvâmes devant une menace autrement redoutable que celle du maréchal Boulganine. Sur les marchés des bourses mondiales, une attaque contre la livre sterling se développait avec une rapidité qui pouvait nous mettre dans une situation économique désastreuse. Ce furent surtout les spéculations contre la livre sterling sur le marché américain ou par ordre américain qui aggravèrent notre position... C'était une situation catastrophique qui pouvait devenir décisive en quelques jours... Anthony Eden, Mémoires, 1945-1957, tome II, p. 623-624. Questions Le candidat pourra, au choix, rédiger un commentaire composé ou répondre aux questions suivantes : 1° Dites dans quelles circonstances a eu lieu « la reprise des hostilités entre Israël et l'Egypte «. Quel rôle la France et la Grande-Bretagne ont-elles joué dans l'affaire? Pourquoi Eden parle-t-il de « rétablir la libre circulation dans le canal de Suez «? 2° Quelles sont les menaces agitées par les deux Grands contre la Grande-Bretagne? 3° Quels sont les événements de Hongrie dont parle le texte? Pourquoi Eden dénie-t-il aux Soviétiques le droit de qualifier ses actes de « barbares «? 4° Quel rôle l'ONU a-t-elle joué dans ces deux affaires?   

« Foster Dulles, secrétaire d'État américain, veut également punir Nasser pour avoir accepté une aide en matérielmilitaire de l'URSS. De retour de Brioni, le 26 juillet 1956, Nasser décide, pour financer son projet, de nationaliser le canal, propriétéd'une compagnie internationale où les intérêts franco-anglais sont majoritaires.

L'indemnisation des actionnaires estprévue. 1 Les circonstances de la reprise des hostilités israélo-égyptiennes Depuis plusieurs mois, l'Égypte menait des opérations de guérilla contre la frontière sud d'Israël et menaçait debloquer le golfe d'Aqaba et le seul port israélien sur la mer Rouge : Eilat.

Une réunion secrète entre Israéliens,Britanniques et Français a lieu en France.

Les Israéliens attaqueront l'Égypte le 29 octobre 1956, sous prétexte quela sécurité du canal est menacée, les Franco-Anglais adresseront un ultimatum aux deux belligérants pour justifierune intervention militaire dans la zone du canal.

Effectivement Israël envahit le Sinaï jusqu'à 15 km du canal.

Nasserle fait obstruer en coulant les navires en attente; d'où la phrase du texte « déblayer les obstructions et rétablir lacirculation dans le canal de Suez ».

Le $ novembre, les Franco-Anglais débarquent à Port-Saïd et occupent unepartie de la zone du canal. 2 Les menaces des grandes puissances Immédiatement Boulganine, chef du gouvernement soviétique, adresse à Anthony Eden et à Guy Mollet, chefs desdeux gouvernements concernés, un message menaçant ($ novembre 1956).

« Le gouvernement soviétique estpleinement résolu à recourir à l'emploi de la force pour écraser et rétablir la paix en Orient », il dénonce « lesbombardements barbares sur les villes et villages égyptiens ».

C'est l'accusation que relève Eden.

Les Franco-Britanniques comptaient sur l'appui des États-Unis, mais ceux-ci sont en période d'élection présidentielle, ce quiparalyse leurs possibilités d'action.

D'autre part, le président Eisenhower est personnellement très hostile à cetteexpédition, nuisible, selon lui, au prestige de l'Occident.

Les États-Unis menacent les deux belligérants de ne pasassurer leur approvisionnement pétrolier, et surtout spéculent contre la livre sterling en vendant massivement cettedevise, qui s'effondre.

Le 6 novembre, les Franco-Britanniques doivent arrêter leur progression le long du canal etaccepter la médiation de l'ONU.

Les troupes alliées évacueront le canal à la fin de 1956. 3 Les événements de Hongrie Ils sont une des conséquences de la libéralisation qui suit la mort de Staline (1953).

En février 1956, le XXe Congrèsdu PCUS dénonce, par la voix de Khrouchtchev, le culte de la personnalité et admet la diversité des voies possiblespour aboutir au socialisme.

Dans le « rapport secret », assez largement diffusé à l'Ouest, il dénonce les erreurs deStaline.

Le rapprochement avec Tito en 1955 et la dissolution du Kominform en avril 1956 annoncent une politiqueplus souple du Kremlin.

L'espoir renaît dans les républiques satellites.

En Pologne, en juin, des grèves éclatent àPoznan, la milice intervient ($0 morts).

Au sein du PC polonais, les staliniens sont minoritaires et le nouveausecrétaire Gomulka, élu en octobre 1956, est une ancienne victime de la répression stalinienne.

Il stabilise lasituation en renouant les liens avec Moscou qui accepte la libéralisation de l'agriculture polonaise (85 % descoopératives sont dissoutes).

En Hongrie, le révisionnisme est plus actif, dirigé par les intellectuels du cerclePetoefi, qui accusent Rakosi, premier secrétaire du PC, responsable des purges staliniennes des années 1950.

Enjuillet 1956, Rakosi démissionne, mais son successeur Geroe ne peut empêcher l'agitation ouvrière et étudiante des'étendre. Le 23 octobre, à Budapest, une manifestation de soutien aux Polonais rassemble 300 000 personnes et dégénère enémeute.

Un communiste libéral, Imre Nagy, devient Premier ministre et une ancienne victime des purges, JanosKadar, premier secrétaire du PC hongrois.

La contestation s'étend à tout le pays, les staliniens sont partoutpourchassés, les sièges des PC locaux dévastés.

Nagy proclame le retour au pluralisme politique, la neutralité dupays, et le rejet du Pacte de Varsovie.

Kadar, effrayé, rompt avec Nagy et fait appel aux Soviétiques.

Le 4novembre, 2 000 chars, 200 000 soldats soviétiques pénètrent en Hongrie et, à Budapest, les combats de ruecausent 25 000 morts.

La répression est féroce, des milliers d'exécutions et d'arrestations ont lieu.

Nagy, déporté enRoumanie, sera exécuté en 1958.

200 000 Hongrois s'enfuient à l'Ouest. Eden fait allusion à ces événements sanglants pour rejeter l'accusation de « barbarie » énoncée par Boulganinecontre les troupes d'intervention à Suez. 4 Le rôle de l'ONU Le rôle de l'ONU a été dans l'ensemble peu efficace.

En Egypte, les Casques bleus de l'ONU s'interposent, au débutde 1957, entre Israéliens et Égyptiens. Le Sinaï est évacué par Israël qui conserve le libre accès au port d'Eilath. En Hongrie, Nagy a fait appel à l'ONU qui se contente de dénoncer mollement l'agression soviétique, l'URSS auraitd'ailleurs opposé son veto au Conseil de sécurité contre toute mesure déplaisante pour elle.. »

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