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Les énergies dans le monde, centres et périphéries

Publié le 17/01/2022

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La métaphore géométrique du centre et de la périphérie est souvent utilisée pour décrire l’opposition entre les deux types fondamentaux de lieux dans un système spatial : celui qui le commande et en bénéficie, le centre, et ceux qui le subissent, en position périphérique. Ce couple conceptuel remonte au moins à Werner Sombart (Der moderne Kapitalismus, 1902), si ce n’est à Marx (les relations ville/campagne) et fut utilisés par les théoriciens de l’impérialisme (Rosa Luxemburg, Boukharine) mais ce sont des économistes des inégalités de développement qui lui donnèrent sa forme contemporaine (Samir Amin, Le développement inégal, 1973). Alain Reynaud développa la notion en géographie (Société, espace et justice, 1981). Le concept peut être employé à tous les niveaux de l’échelle géographique (centre et périphérie d’un finage de village, d’une ville, d’une région, etc). Mais c’est particulièrement au niveau mondial qu’il a fait fortune, comme équivalent des couples monde développé / monde sous-développé ou Nord / Sud. Centre / Périphérie permet une description de l’opposition des lieux, mais surtout propose un modèle explicatif de cette différenciation : la périphérie est subordonnée parce que le centre est dominant- et réciproquement.

« l'institut des ressources mondiales de Washington, les Etats-Unis sont moyennement dépendants, ils inportent moinsde 40% de leur consommation, et une majeure partie de l'Union Européenne et le Japon sont en situation dedépendance énergétique, ie qu'ils importent plus de 40% de leur consommation.

Ils sont donc très dépendants desflux énergétiques émanant des pays possédant des ressources ce qui remet en question, ou du moins fragilise, leurstatut de « centre ».

Ainsi, le Japon, deuxième puissance mondiale derrière des Etats-Unis (ou troisième derrièreEU+UE selon certains auteurs), importe 80% de son énergie.

L'exemple du Japon est particulièrement intéressant sil'on considère ses relations avec la Chine.

En effet, d'une part on serait tenté de considérer la Chine encore commeune périphérie où le Japon délocalise des productions pour profiter d'une main d'œuvre moins chère, mais d'autrepart 20% des besoins énergétiques du Japon sont couverts par les importations de charbon en provenance de Chineet d'Australie.

Du point de vue énergétique, c'est donc la Chine qui domine les flux sino-japonais.

Il peut donc yavoir discordance entre le modèle traditionnel centre/périphérie et une approche de cette représentation sousl'angle des énergies.

Comme on l'a vu dans le cas du Japon et de la Chine, il peut même y avoir inversion des rôles.On aurait pu constater la même chose entre l'Europe et le Moyen-Orient, ou avec Etats-Unis et Canada. Des continuités entre les deux représentations ? Néanmoins, il peut également y avoir continuité entre les deux modèles.

De fait, on peut remarquer que l'énergiesemble jouer un rôle dans le développement des pays jusqu'à en faire des centres, voire de nouveaux centres.

Onpeut tout d'abord constater que les Etat-Unis, première puissance mondiale, ne sont que faiblement dépendantsselon l'institut des ressources mondiales de Washington.

Le territoire états-unien dispose en effet de nombreusesressources (hydrocarbures du golfe du Mexique, gisement solaire californien, hydroélectricité dans l'Etat deWashington, uranium dans les rocheuses...) qui lui permettent une moindre dépendance, même si ses besoinsénergétiques énormes l'oblige tout de même à importer (93% de l'uranium consommé est ainsi importé).

De même, lemodèle centre-périphérie traditionnel tend à considérer les deux puissances montantes que sont l'Inde et la Chinecomme de probables futurs centres.

Or, ces deux pays peuvent s'appuyer sur des ressources importantes leurpermettant selon l'institut des ressources mondiales de Washington l'autosuffisance.

On l'a vu avec l'exemple desrelations sino-japonaises, la présence de ces ressources peut conduire à renverser le rapport traditionnel entre lesespaces appelés « centres » et ceux dits « périphéries ».

Aussi, l'importance croissante de l'énergie pourrait amenerà plus de continuité entre ces deux représentations de l'espace mondialisé. Les espaces oubliés : un potentiel mais pas de ressources. Cependant, certains espaces semblent oubliés.

C'est par exemple le cas de la zone sahélienne qui aussi bien du POVde la puissance économique en général que du POV de l'énergie reste en marge du système-monde.

Pourtant cetespace a un fort potentiel énergétique, notamment dans le domaine de l'énergie solaire puisque l'ensoleillement y est> à 2200kWh/m²/an.

Ce potentiel n'est néanmoins pas pour ces pays une ressources car il leur manque lescapacités techniques et financières nécessaire pour capter cette énergie, capacités que possèdent les pays de laTriade.

Ainsi le projet DESERTEC qui prévoit l'exploitation de l'énergie solaire photovoltaïque dans le sahara est pilotépar l'Allemagne à la pointe dans la maîtrise technique du captage de l'énergie solaire.

Il semble donc que, malgré laprésence d'un potentiel énergétique, certaines régions à la marge du système-monde soient maintenues dans unerelation de dépendance vis-à-vis de centres qui, eux, ne disposent pas de telles ressources, en raison d'incapacitéstechniques et financières.

On a donc ici un autre cas de continuité entre les deux modèles (périphérie dans lesdeux) qui semble résulter d'une discontinuité entre potentiel et espace de production de l'énergie. Transition : A l'échelle mondiale, le modèle centre/périphérie paraît lié à l'énergie.

En effet, que l'énergie renverse leshiérarchies ordinaires, ou qu'elle crée de nouveaux centres, elle semble être devenue un enjeu de taille structurantles flux entre les pays ainsi que les relations qu'ils entretiennent l'un avec l'autre.

On peu donc se demandercomment l'énergie intervient dans la représentation de l'espace selon le modèle centre/périphérie. II/ Une remodélisation de l'espace à toutes les échelles par les énergies. De la périphérie au centre énergétique : l'exemple du Brésil.. »

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