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Les États-Unis au seuil des années soixante

Publié le 17/01/2022

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« La Nouvelle Liberté de Woodrow Wilson avait promis à notre pays un nouveau cadre politique et économique. Le New Deal de Franklin Roosevelt promettait la sécurité et l'assistance à tous ceux qui étaient dans le besoin. Mais la Nouvelle Frontière dont je parle n'est pas une série de promesses, c'est une série de problèmes. Elle résume non point ce que j'ai l'intention d'offrir au peuple américain, mais ce que j'ai l'intention de lui demander. Elle fait appel à sa fierté, et non à son portefeuille. Elle promet davantage de sacrifices et non davantage de tranquillité.

Mais je dis que nous sommes devant la Nouvelle Frontière, que nous le voulions ou non. Au-delà de cette frontière s'étendent les domaines inexplorés de la science et de l'espace, des problèmes non résolus de paix et de guerre, des poches d'ignorance et de préjugés non encore réduites, et les questions, laissées sans réponse, de la pauvreté et des surplus.

J'estime que notre temps exige invention, innovation, imagination et décision. Je vous demande d'être les pionniers de cette Nouvelle Frontière. Mon appel s'adresse aux jeunes de cœur, quel que soit leur âge, aux esprits vaillants sans distinction de parti, à tous ceux qui répondent à l'appel de l'Écriture : « Sois fort et de bon courage ; ne sois pas effrayé et n'aie point de crainte. «

Discours du candidat Kennedy lors de son investiture par les démocrates, 1960.

 

Questions

1. Évoquez les conditions dans lesquelles les démocrates reviennent au pouvoir.

2. Quels sont, d'après le texte, les aspects essentiels du programme de Kennedy qui porte le nom de « Nouvelle Frontière «.

3. Montrez en quoi ce texte témoigne des problèmes de la société américaine.

« I.

« Une série de problèmes » 1.

Les domaines de la science et de l'espace Le Spoutnik soviétique et son « bip-bip » narquois, en 1957, ont traumatisé l'Amérique.

Pour la première fois lesÉtats-Unis sont devancés dans un domaine technique.

Qui plus est, ils sont dépassés par un pays doté d'un régimesocialiste dont ils dénoncent depuis toujours l'inefficacité chronique.

Ils mesurent aussi la signification menaçante dela prouesse soviétique : désormais, et pour la première fois de leur histoire, leur propre territoire est vulnérable., à laportée de missiles porteurs d'ogives nucléaires. 2.

« Des problèmes non résolus de paix et de guerre » • Guerre froide ou détente? L'Amérique, en 1960, ne sait plus où se situer.

Partout les Soviétiques ont l'initiative etla roublardise de Khrouchtchev désarçonne un Eisenhower qui semble dépassé.

En 1959, la visite de Khrouchtchev àCamp David jette officiellement les bases de la coexistence pacifique.

Mais, en même temps, Khrouchtchev multiplieles coups d'éclat qui constituent autant d'affronts pour les États-Unis : à Berlin, la crise persiste à la suite de sonultimatum et sa menace de signer un traité de paix séparé avec la R.D.A.

; le sommet de Paris est brusquementannulé après que l'avion-espion U2 ait été abattu au-dessus du territoire soviétique ; lors de la session de l'O.N.U.,en 1960, il invective Eisenhower, proteste en frappant son pupitre avec sa chaussure, touche les Américains sur unpoint particulièrement sensible en donnant une accolade théâtrale et spectaculaire à Castro, leur bête noire. • La « pax americana », la position des États-Unis dans des régions vitales du monde suscite aussi quelquesinquiétudes : — au Sud-Viêt-nam, Diem, protégé des Américains, tient le régime bien en main et les États-Unis peuvent encoreespérer y créer, face au communisme du Nord, une nouvelle Corée du Sud.

Mais les excès de la famille de Dieméveillent beaucoup de rancœurs : la création du F.L.N., prélude à la résistance armée du Viêt-Cong, est d'ailleursdécidée en décembre 1960 ; — au Proche-Orient, la « doctrine Eisenhower » a rassuré les pays modérés (Arabie Saoudite, Jordanie, Liban) etNasser, allié des Soviétiques, est empêtré dans une R.A.U.

où l'influence trop prédominante des seuls Égyptiensmécontente les « frères » syriens.

Mais la révolution de Kassem, en Irak, en 1958 a permis aux Soviétiques de fairede nouveaux progrès dans cette zone ; — Cuba, bien davantage, mobilise l'attention des Américains.

Les relations avec Castro s'aigrissent progressivement.Aux mesures de nationalisations frappant les biens américains (plantations, sociétés industrielles), les États-Unisrépliquent par une escalade de mesures de représailles : réduction des quotas d'importation de sucre, embargo surles exportations à destination de Cuba.

Castro n'a plus d'autre ressource que de se rapprocher des Soviétiques etde dénoncer l'impérialisme yankee.

Toute l'Amérique latine, chasse gardée traditionnelle des États-Unis, àcommencer par son « arrière-cour » d'Amérique centrale, est menacée par la contagion castriste. 3.

« Des poches de préjugés » • Le problème noir s'étale désormais au grand jour.

La discrimination dont les Noirs sont victimes démontre que lecélèbre « melting pot » dont se glorifie l'Amérique n'est pas, pour le moins, une réussite totale ou qu'il n'est pasachevé.

La réussite relative d'une bourgeoisie noire, la célébrité acquise par des musiciens ou des boxeurs alongtemps masqué l'importance du problème.

Mais les « oncle Tom » ne sont plus disposés à se taire. • La déségrégation avait pourtant progressé.

Truman, dans l'immédiat après-guerre, avait supprimé touteségrégation dans l'armée.

En 1954, la Cour suprême condamne la ségrégation scolaire, déclarée anticonstitutionnelleet Eisenhower s'efforce de faire appliquer la décision, y compris par la force, comme à Little Rock, Arkansas, en1955. • Le mouvement pour les droits civiques prend néanmoins de l'ampleur.

En 1956, le boycott des autobus deMontgomery, Alabama, organisé par le pasteur Martin Luther King, atteste la volonté des Noirs d'être complètementintégrés, d'être des Américains à part entière. 4.

« La question non résolue de la pauvreté et des surplus » • En 1960, trente-neuf millions d'Américains, soit 22 % de la population, sont en dessous de la « poverty line », soitmoins de 3 000 dollars de revenu annuel pour une famille urbaine de quatre enfants.

Cette pauvreté frappe surtoutdes Noirs, un sur trois, mais un Blanc sur douze seulement.

Ces pauvres forment ainsi une « autre Amérique »comme le montrera, quelques années plus tard, le célèbre ouvrage de Harrington. • Les surplus dont l'agriculture américaine est encombrée rendent cette pauvreté encore plus inadmissible etabsurde, et ce n'est pas un hasard si Kennedy les associe dans son discours.

De plus, la mévente et la baisse descours pénalisent les farmers.. »

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