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Les fascismes en Europe au XXe siècle: Italie, Allemagne, Roumanie, France, ect.

Publié le 17/01/2022

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La dictature de Miguel Primo de Rivera se solde par un échec (1930) dont les motifs réels — prédominance de la grande propriété foncière, en contradiction avec les intérêts industriels — vont peser sur tout le développement du fascisme espagno157. Lorsque est proclamée la République (14 avril 1931), ce dernier n'est représenté que par une organisation extrêmement minoritaire, le Parti nationaliste espagnol, de José Maria Albina, dont la légion est considérée comme membre de droit de la future Internationale fasciste58. Le 14 mai 1931 commence à paraître à Madrid la Conguista del Estado, hebdomadaire que dirige Ramiro Ledesma Ramos, inventeur du national-syndicalisme et fondateur, en octobre 1931, des Juntas de Ofensiva nacional sindicalista: « pan-étatisme «, syndicalisation obligatoire et soumise à l'Etat, lui-même chargé d'organiser la production, le programme des J.O.N.S. est effectivement fasciste. Face à ce groupe réduit et sans appuis, mais porteur d'une idéologie, va se dresser la Phalange espagnole de José Antonio Primo de Rivera.

« démocrates du P.P.I.

(Partito Popolare Italiano), que Mussolini éliminera quelques mois plus tard après s'être assurél'appui du Vatican.

Quelques ouvertures, sans grands résultats, sont même entreprises en direction de certainsdirigeants réformistes.

Les premiers mois, en fait, sont consacrés à donner au régime les apparences de larespectabilité et à rassurer le monde extérieurs.

Dès le mois de janvier 1923, le régime instaure deux de sesinstitutions essentielles : la Milice fasciste, chargée d'encadrer les Chemises noires, et le Grand Conseil du Fascisme,qui doit assurer la liaison entre le P.N.F.

et le gouvernement.

Tandis que le P.N.F.

fusionne avec les nationalistes,voués à lui fournir l'essentiel de son idéologie, et absorbe progressivement l'aile droite du P.P.I., une nouvelle loiélectorale est élaborée, qui vise à procurer aux fascistes et à leurs alliés une solide majorité parlementaire.Vainqueur des élections de 1924 après une campagne extrêmement violente, le fascisme paraît pourtant devoir êtrebalayé par la vague d'indignation que provoque l'assassinat du député socialiste Giacomo Matteotti par des membresde la « Tchéka fasciste », sur l'ordre exprès, dit-on, de Mussolini (10 juin 1924).

Mais l'indécision et le légalisme desoppositions démocratiques retirées sur l'Aventin, l'appui discret de la monarchie et l'agitation des « fascistes deprovince » avec Farinacci permettent à Mussolini de surmonter la crise.

Son discours du 3 janvier 1925 annonce ladictature.Mettant à profit la période de prospérité que connaît alors le capitalisme mondial, la fascisation de l'Etat seraachevée en deux ans : suppression de la liberté de presse ; interdiction de la franc-maçonnerie, puis de tous lesgroupes et partis d'opposition, dont les dirigeants sont emprisonnés ou contraints à l'exil, voire assassinés (F.S.Nitti, F.

Turati, G.

Salvemini et bien d'autres s'exilent.

A.

Gramsci, A.

Bordiga, U.

Terracini sont emprisonnés, lepremier mourant en prison en 1937 ; G.

Amendola et P.

Gobetti meurent des suites des blessures que leur ontinfligées les fascistes pour ne rien dire de la foule des victimes anonymes) ; liquidation progressive du syndicalisme ;création, enfin, le 26 novembre 1926, d'un tribunal spécial pour la défense de l'Etat et rétablissement de la peine demort.

Au terme de la période, le P.N.F.

— sous la direction de Farinacci — demeure, l'Eglise exceptée, la seule forcepolitique organisée.

Mais, soulignons-le, en accord avec Mussolini, les principaux artisans de la fascisation, Federzoniet Rocco, hommes politiques issus des rangs nationalistes, veillent soigneusement à affirmer la prédominance del'Etat sur le parti : P.N.F.

et Milice sont ainsi gardés en réserve, et Mussolini évite par la même occasion — aucontraire de ce qui se passera, par exemple, en Allemagne — de liquider sa gauche : l'élément populiste ou socialistedu fascisme.Jusqu'à la grande crise, le régime bénéficie de l'expansion économique : la production industrielle augmente de 60 %entre 1920 et 1930 ; le nombre des chômeurs, de 382 000 en 1922, tombe à 122 000 en 1925 ; le marché descapitaux, surtout, se développe, permettant aux industries d'accroître leur puissance financière et de se libérer del'emprise du capital bancaire. Succédant, en 1925, au libéral De Stefani à la tête des Finances, le comte Volpi inaugure même une politiqueprotectionniste qui préfigure l'autarcie des années de crise : obstacles aux investissements étrangers ; « bataille dublé » (1925), visant à réduire les importations de céréales ; réévaluation de la lire (Quota novanta, 1927), opérationqui, par ailleurs, détermine une dépression dans plusieurs secteurs, en particulier dans l'agriculture.Mais un facteur, surtout, intervient dans cette expansion : et c'est le contrôle du capital variable par l'intermédiairedes syndicats fascistes (si le « plein emploi » apparaît presque réalisé, les salaires ouvriers restent déprimés pendanttoute la période).

Dès le 22 juin 1925, le Grand Conseil proclame par décret que seuls les syndicats fascistes seronthabilités à représenter les travailleurs dans les rapports avec le patronat.

Un accord de collaboration entre cesmêmes syndicats et les industriels, le fameux Patto di Palazzo Vidoni (2 octobre 1925), met officiellement fin auxgrèves et supprime les comités d'entreprise.

Suit la loi Rocco du 3 avril 1926 qui confirme ces deux points etgénéralise la politique contractuelle.

Un décret du 2 juillet 1926 institue le ministère des Corporations, chargé tout àla fois de contrôle, de coordination et de propagande.

Enfin, le 21 avril 1927 est publiée la Charte du travail, oeuvresurtout de Giuseppe Bottai, sous-secrétaire d'Etat aux Corporations et l'un des hommes les plus intelligents durégime.

Définissant les grandes lignes de l'Etat corporatif, ce texte n'en insiste pas moins sur le rôle de l'initiativeprivée, l'Etat n'intervenant qu'en cas de défaillance de cette dernière ou pour des motifs politiques7.A la veille de la grande crise, le fascisme peut ainsi se prévaloir de deux succès relatifs : l'équilibre économique et,surtout, l'ordre (« les trains arrivent à l'heure », triomphe la presse de droite).

Mais c'est du Vatican que vient laconsécration suprême.

Le 11 février 1929, Mussolini et le cardinal Gasparri signent les accords du Latran,aboutissement de trois ans de négociations, qui met fin à la « question romaine », en suspens depuis le 20septembre 1870.

Certes, ce concordat représente, pour l'Eglise, un indéniable succès (en matière scolaire, enparticulier), mais le fascisme espère ainsi obtenir le ralliement des catholiques et donner au régime une base socialeélargie.

Le Vatican soutient désormais activement la politique mussolinienne d'ordre et de travail (il suffit, pour nerien dire du rôle des curés de campagne, de citer l'encyclique Quadragesimo Anno du 15 mai 1931 sur la «restauration de l'ordre social »).

Et Mussolini est salué par Pie XI comme l'« homme de la Providence ».La vocation européenne, voire mondiale, du fascisme se manifeste lors de la « grande crise », qui voit surgir un peupartout des institutions politico-économiques assez proches de celles qui se développent dans l'Italie mussolinienneet se renforcer cette « Internationale fasciste »8 qui tentera de se constituer à l'occasion de la conférence deMontreux de décembre 1934.

Aussi durement ressentie qu'ailleurs, la crise, en Italie, représente, pour le régime,l'occasion d'accentuer ou de développer un certain nombre de virtualités ou de tendances déjà présentes, souventesquissées, on l'a vu, sous la direction financière de Volpi.

Tout se passe, en fait, comme si les structures quiapparaîtront ailleurs — en Allemagne, par exemple — comme autant de produits de la crise, se trouvaient ici déjàprêtes, préexistantes : et il n'est pas inutile de souligner à ce propos que l'écrasement, déjà réalisé, de touteinitiative ouvrière, comme l'ébauche, à travers la Charte du travail, d'un contrôle du capital variable joueront un rôlenon négligeable dans la résolution de la crise.Jusqu'en 1932, année où la crise est à son sommet en Italie, le régime se contente de mener une politique degrands travaux (autoroutes, assèchement des marais Pontins, fouilles de Rome, etc.), très proche de celle quepropose Keynes à la même époque et qui préfigure assez bien le programme rooseveltien du Tennessee Valley. »

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