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«Lettre de Hitler à Daladier, 28 Août 1939 » (extraits)

Publié le 26/02/2011

Extrait du document

hitler

   « Monsieur le Ministre-Président,    Je comprends les inquiétudes que vous exprimez (...) Comme ancien soldat du front, je connais, comme vous, le terrain de la guerre. Inspiré par cette réalité et par cette mentalité, je me suis aussi efforcé loyalement de supprimer entre nos deux peuples toutes les matières de conflit. (...) La construction des grandes fortifications à l'Ouest qui a englouti de nombreux milliards, représente pour l'Allemagne aussi (...) l'acceptation et la fixation de la frontière définitive du Rhin. Le peuple allemand a, par là, renoncé à deux provinces qui appartenaient autrefois à l'ancien Reich allemand, qui furent plus tard reconquises au prix de beaucoup de sang et qui, enfin, furent défendues au prix de plus de sang encore (...) J'ai cru par cette renonciation et par cette attitude avoir écarté toute matière de conflit concevable entre nos deux peuples, matière de conflit qui pourrait provoquer un renouvellement de la tragédie de 1914 à 1918.    Cette limitation volontaire du droit vital allemand à l'Ouest ne peut être interprétée comme une acceptation du diktat de Versailles pour tous les autres territoires. Année par année, j'ai vainement cherché à obtenir, au moins par la voie des négociations, la révision des clauses les plus impossibles et les plus insupportables de ce diktat. Ce fut impossible. (...) Je vous prie de comprendre aussi ceci : pour une nation qui a la conception de l'honneur il est impossible de renoncer à près de deux millions d'hommes et de les voir maltraités à ses propres frontières.    C'est pourquoi j'ai élevé une claire revendication : Dantzig et le corridor doivent revenir à l'Allemagne. Je ne vois aucun moyen d'amener la Pologne, qui se sent inattaquable sous la protection de ces garanties, à une solution pacifique. (...) Si maintenant, pour cette raison, le sort oblige de nouveau nos deux peuples à lutter, alors il y aurait pourtant une différence dans les motifs. Moi, monsieur Daladier, je combattrais alors avec mon peuple pour la réparation d'une injustice, et les autres pour le maintien de cette injustice. (...)«    A partir du document ci-dessus, vous pouvez, au choix :    — faire un commentaire composé à votre initiative.    — faire un commentaire organisé, en répondant aux questions suivantes :    1. A quels combats passés Hitler fait-il référence dans le texte? Expliquez les allusions «ancien soldat du front«, «deux provinces «.    2. A quelles orientations de la politique extérieure allemande Hitler se réfère-t-il? Expliquez «fortifications à l'Ouest «, « droit vital allemand «, « diktat de Versailles «.    3. D'après le texte, quels problèmes territoriaux se posent en Pologne en août 1939?    4. Que vous révèle ce texte, dans sa forme et dans son fond, sur la personnalité de Hitler?

hitler

« I.

Les positions officielles du Führer 1.

La bonne volonté à l'égard de la France • L'étalage de bons sentiments.

Hitler se défend implicitement d'être le fou belliciste que ses ennemis, évidemmentmal intentionnés, veulent présenter.

Comment lui, ancien combattant de Verdun (où il fut d'ailleurs grièvementblessé), pourrait-il souhaiter un nouveau carnage? Il partage, dit-il, ces sentiments qui, au-delà des haines et del'accomplissement des devoirs patriotiques, ont réuni tous les combattants de la Grande Guerre dans une sorte defraternité chevaleresque.

De même, à la fin de sa lettre, il rappelle qu'il lutte, armé de son «bon droit» contre l'iniqueet honteux «diktat» de Versailles. • La reconnaissance «définitive» des frontières franco-allemandes prouve bien, selon Hitler, que ces bonssentiments ne sont pas de vains mots.

N'a-t-il pas reconnu la perte de l'Alsace-Lorraine (pourtant peuplée d'«Allemands ») en reprenant à son compte les accords de Locarno (1925), signés librement, donc sans «diktat» cettefois, par l'Allemagne et qui fixent à jamais les frontières entre les deux «ennemis héréditaires » ? Cette prise deposition diplomatique lui paraît encore confirmée par la construction (à partir de 1936) de la ligne Siegfried, positionessentiellement défensive faisant face à la ligne Maginot.

Étant donné le crédit que les Français eux-mêmesaccordent à cette stratégie militaire, comment pourraient-ils encore douter que, désormais, les seules ambitionsallemandes se portent à l'Est. 2.

La fermeté à rencontre de la Pologne Les frontières de l'Est sont en effet contestées : il n'y eut jamais de « Locarno de l'Est».

Hitler entend donc, là,rectifier les «injustices» des traités de paix. • Un droit vital.

Hitler réaffirme ici le droit «vital» des Allemands à rassembler, au sein d'un même État « racial »,tous les Allemands, y compris ceux vivant encore en dehors des frontières actuelles du Reich.

Le «droit vital»évoqué ici concerne seulement «le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes» et correspond donc, sur ce point, auxprincipes démocratiques proclamés par les vainqueurs de 1918.

C'est en vertu de ce « droit » que les Autrichiens etles Sudètes ont déjà été réincorporés, en 1938.

C'est ce même droit qu'Hitler entend faire jouer en faveur desAllemands « prisonniers » de la Pologne. • Le contentieux germano-polonais.

A Versailles, la « résurrection» de l'État polonais s'est faite, en partie, audétriment de l'Allemagne.

Le nouvel État a hérité de la Poznanie, acquise par la Prusse lors du dépeçage de laPologne, au xviiie siècle et où Bismarck, par la suite, avait favorisé la «colonisation» allemande.

La Haute-Silésiedevait faire l'objet d'un plébiscite permettant aux populations de décider de leur rattachement soit à l'Allemagne,soit à la Pologne; mais, à la suite de troubles, la S.D.N.

avait dû procéder à un partage autoritaire de la région.Enfin, pour assurer à la Pologne un libre accès à la mer, on avait créé un «corridor», en partie peuplé d'Allemands,tandis que l'excellent port de Dantzig, également à population allemande, se voyait imposer le statut de «ville libre». • Les négociations germano-polonaises.

Il est exact que depuis longtemps, Hitler a voulu négocier avec la Polognepour obtenir la réintégration des populations allemandes.

Au lendemain de Munich, encore, von Ribbentrop proposeau colonel Beck l'anschluss de Dantzig et la construction d'une autoroute, jouissant de l'extra-territorialité, autravers du «corridor» et reliant l'Allemagne à Dantzig et à la Prusse-Orientale.

En échange, les Allemandsproposaient le prolongement à 25 ans du pacte de non-agression germano-polonais (signé en 1934) et lareconnaissance mutuelle des frontières.

En mars 1939, malgré une nouvelle vague d'agitation fomentée par le«gauleiter» nazi de Dantzig et de nouvelles pressions allemandes, le colonel Beck refuse catégoriquement deremettre en question le statut de Dantzig.

Son intransigeance se trouve sensiblement renforcée par l'évolution del'attitude franco-britannique : la France et l'Angleterre, en effet, après le démembrement de la Tchécoslovaquie,avaient hautement proclamé qu'elles garantissaient désormais les frontières polonaises comme celles des autresÉtats (Grèce et Yougoslavie, par exemple), menacés par les ambitions allemandes ou italiennes.

C'est ce «refus»polonais de négociations qui justifie selon Hitler, l'envoi d'un ultimatum à la Pologne, source de la tensioninternationale actuelle. II.

Les ambitions réelles d'Hitler 1.

La conquête d'un «espace vital» • Le «droit vital», dans la conception nazie, ne se limite pas, en effet, au simple droit des Allemands «à disposerd'eux-mêmes» et à obtenir l'anschluss.

Les Allemands, de «race supérieure», mais réduits à l'état de «nation-prolétaire» par l'égoïsme des nantis, revendiquent le «droit des plus forts» de conquérir des terres et des ressourcesmal exploitées par les « untermenschen », en particulier les Slaves qu'Hitler veut refouler au-delà de l'Oural, en Asie,à laquelle ils «appartiennent». • Cette conquête a, de fait, déjà commencé, puisque, en mars 1939, le «protectorat» allemand est imposé à laBohême-Moravie, à population slave.

En outre, l'accord secret signé en annexe du pacte germano-soviétique, enaoût 1939, prévoit un partage de la Pologne : les Russes pouvant récupérer leurs territoires perdus au traité de Rigade 1921, et les Allemands pouvant s'étendre à l'Est.. »

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