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L'HISTORIEN ET LA QUESTION DU SUICIDE

Publié le 18/12/2022

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« L ■ s u C D ■ L'HISTORIEN ET LA QUESTION Du suicide vertueux des Romains au suicide Georges Minois Agrégé de l'Université et docteur ès-lettres, Georges Minois philosophique du xvrne siècle, les causes et les est membre du Centre international de recherches manifestations du phénomène sont bien différentes.

et d'études transdisciplinaires (CIRET). de l'histoire des mentalités, il va publier Tout comme les interprétations qu'en ont proposées Spécialiste en octobre Être ou ne pas être.

Le suicide de la Renaissance aux Lumières (Fayard, 1995). historiens, sociologues ou médecins. « 1zn ~ a qu 'u~ 1:roblè";e philosor:~ique vraiment seneux, c est le swcide » , écrivait Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe.

Pourtant, s'il est un tabou social persistant au cours des siècles, c'est bien celui-là.

Car cet acte, qui a une signification religieuse par le refus du don divin de la vie, met en cause les relations humaines fondamentales : il est le signe d'un échec à la fois pour l'individu, pour son entourage immédiat, et pour la société et ses dirigeants.

D 'où le silence embarrassé qui entoure le sujet depuis des siècles, et qui touche même l'historiographie.

Cela est dû en partie à un problème de sources, sans doute : documents rares, éparpillés, hétéroclites, qui ne se prêtent pas à une étude quantitative.

Mais il y a aussi une raison de fond : le climat passionnel, qui a toujours entouré cet acte considéré comme un crime « contre nature » dans les sociétés traditionnelles, perturbe à la fois les sources, qui sont de nature répressive ou moralisante, et les chercheurs. Il a longtemps été admis que l'hostilité à l'égard du suicide datait de l'avènement du christianisme, alors que cet acte était librement pratiqué dans l' Antiquité.

Les historiens sont aujourd'hui plus réservés sur ce point.

Certes, !'Antiquité classique gréco-romaine fournit une liste impressionnante de personnages célèbres ayant mis fin à leurs jours, tels que Thémistocle, D émosthène, Diogène, Socrate, Lucrèce, Antoine, Cléopâtre, Sénèque et des centaines d'autres.

Mais il s'agit là de cas s'étendant sur plus de sept siècles d'histoire, et recouvrant des situations très diverses.

Ce qui prédomine en fait, c'est la variété des attitudes, aussi bien du point de vue philosophique que juridique. Ainsi, chez les Grecs, les pythagoriciens sont opposés à la mort volontaire, et Aristote condamne cet acte comme une injustice que l'on commet contre soi-même et contre son pays, un acte de lâcheté face aux difficultés de la vie.

Il assimile le suicidé à un soldat déserteur. Platon, dans Les Lois, est plus nuancé. Il semble repousser globalement le suicide, mais admet des exceptions, comme le cas de maladie douloureuse et incurable.

En revanche, tous les courants phi- Iosophiques qui postulent la valeur suprême de l'individu lui accordent le droit de quitter volontairement la vie si elle lui devient pénible : c'est le cas des cyniques, des épicuriens et des stoïciens ; « pour bien vivre, disait Diogène le Cynique, il faut une raison ou une corde» . Pour les épicuriens, le suicide en douceur est recommandé si la vie devient insupportable.

Quant aux stoïciens, l'exposé le plus complet de leur position est donné par Sénèque au premier siècle de notre ère : la raison nous conseille de quitter cette vie si nos facultés sont trop affaiblies par la maladie ou la souffrance car, écrit-il, « j'estime lâche celui qui meurt de peur de souffrir, et sot celui qui vit pour souffrir» (Epître LVIII à Lucilius). « UN AffENTAT CONTRE DIEU» variété d'opinions trouve un écho Cette dans les hésitations du droit.

Certaines cités, comme Athènes, Sparte, Thèbes, prévoient des sanctions contre le corps des suicidés, d'autres non, mais la pratique est toujours indulgente.

A Rome, les attitudes évoluent.

Si, dans les premiers temps de la République, divers indices donnent à penser que le.... »

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