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Vous donnerez d'abord un résumé ou une analyse (à votre choix, mais en l'indiquant clairement au début), du passage suivant de La Démocratie en Amérique, ouvrage publié par l'historien Tocqueville en 1836-1839. Puis vous choisirez dans ce texte un problème; vous en préciserez les données selon l'auteur; vous exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question.

Publié le 19/02/2011

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tocqueville

Une grande révolution démocratique s'opère parmi nous; tous la voient, mais tous ne la jugent point de la même manière. Les uns la considèrent comme une chose nouvelle, et, la prenant pour un accident, ils espèrent pouvoir encore s'arrêter; tandis que d'autres la jugent irrésistible, parce qu'elle leur semble le fait le plus continu, le plus ancien et le plus permanent que l'on connaisse dans l'histoire. Je me reporte pour un moment à ce qu'était la France il y a sept cents ans : je la trouve partagée entre un petit nombre de familles qui possèdent la terre et gouvernent les habitants; le droit de commander descend alors de générations en générations avec les héritages; les hommes n'ont qu'un seul moyen d'agir les uns contre les autres, la force; on ne découvre qu'une seule origine de la puissance, la propriété foncière. Mais voici le pouvoir politique du clergé qui vient à se fonder et bientôt à s'étendre. Le clergé ouvre ses rangs à tous, au pauvre et au riche, au roturier et au seigneur; l'égalité commence à pénétrer par l'Église au sein du gouvernement, et celui qui eût végété comme serf dans un éternel esclavage, se place comme prêtre au milieu des nobles, et va souvent s'asseoir au-dessus des rois. La société devenant avec le temps plus civilisée et plus stable, les différents rapports entre les hommes deviennent plus compliqués et plus nombreux. Le besoin des lois civiles se fait vivement sentir. Alors naissent les légistes; ils sortent de l'enceinte obscure des tribunaux et du réduit poudreux des greffes, et ils vont siéger dans la cour du prince, à côté des barons féodaux couverts d'hermine et de fer. Les rois se ruinent dans les grandes entreprises; les nobles s'épuisent dans les guerres privées; les roturiers s'enrichissent dans le commerce. L'influence de l'argent commence à se faire sentir sur les affaires de l'État. Le négoce est une source nouvelle qui s'ouvre à la puissance, et les financiers deviennent un pouvoir politique qu'on méprise et qu'on flatte. Peu à peu, les lumières se répandent; on voit se réveiller le goût de la littérature et des arts; l'esprit devient alors un élément de succès; la science est un moyen de gouvernement, l'intelligence une force sociale; les lettres arrivent aux affaires. A mesure cependant qu'il se découvre de routes nouvelles pour parvenir au pouvoir, on voit baisser la valeur de la naissance. Au Xle siècle, la noblesse était d'un prix inestimable, on l'achète au XIlle ; le premier anoblissement a lieu en 1270, et l'égalité s'introduit enfin dans le gouvernement par l'aristocratie elle-même. Durant les sept cents ans qui viennent de s'écouler, il est arrivé quelquefois que, pour lutter contre l'autorité royale ou pour enlever le pouvoir à leurs rivaux, les nobles ont donné une puissance politique au peuple. Plus souvent encore, on a vu les rois faire participer au gouvernement les classes inférieures de l'État, afin d'abaisser l'aristocratie. En France, les rois se sont montrés les plus actifs et les plus constants des niveleurs. Quand ils ont été ambitieux et forts, ils ont travaillé à élever le peuple au niveau des nobles; et quand ils ont été modérés et faibles, ils ont permis que le peuple se plaçât au-dessus d'eux-mêmes. Les uns ont aidé la démocratie par leurs talents, les autres par leurs vices. Louis XI et Louis XIV ont pris soin de tout égaliser au-dessous du trône, et Louis XV est enfin descendu lui-même avec sa cour dans la poussière. Dès que les citoyens commencèrent à posséder la terre autrement que suivant la tenure féodale, et que la richesse mobilière, étant connue, put à son tour créer l'influence et donner le pouvoir, on ne fit point de découvertes dans les arts, on n'introduisit plus de perfectionnements dans le commerce et l'industrie, sans créer comme autant de nouveaux éléments d'égalité parmi les hommes. A partir de ce moment, tous les procédés qui se découvrent, tous les besoins qui viennent à naître, tous les désirs qui demandent à se satisfaire, sont des progrès vers le nivellement universel. Le goût du luxe, l'amour de la guerre, l'empire de la mode, les passions les plus superficielles du coeur humain comme les plus profondes, semblent travailler de concert à appauvrir les roches et à enrichir les pauvres.

Depuis que les travaux de l'intelligence furent devenus des sources de force et de richesse, on dut considérer chaque développement de la science, chaque connaissance nouvelle, chaque idée neuve, comme un germe de puissance mis à la portée du peuple. La poésie, l'éloquence, la mémoire, les grâces de l'esprit, les feux de l'imagination, la profondeur de la pensée, tous ces dons que le ciel répartit au hasard, profitèrent à la démocratie... Les conquêtes de celle-ci s'étendirent donc avec celles de la civilisation et des lumières, et la littérature fut un arsenal ouvert à tous, où les faibles et les pauvres vinrent chaque jour chercher des armes. Lorsqu'on parcourt les pages de notre histoire, on ne rencontre pour ainsi dire pas de grands événements qui depuis sept cents ans n'aient tourné au profit de l'égalité. Les croisades et les guerres des Anglais déciment les nobles et divisent leurs terres; l'institution des communes introduit la liberté démocratique au sein de la monarchie féodale; la découverte des armes à feu égalise le vilain et le noble sur le champ de bataille; l'imprimerie offre d'égales ressources à leur intelligence; la poste vient déposer la lumière sur le seuil de la cabane du pauvre comme à la porte des palais; le protestantisme soutient que tous les hommes sont également en état de trouver le chemin du ciel. L'Amérique, qui se découvre, présente à la fortune mille routes nouvelles, et livre à l'obscur aventurier les richesses et le pouvoir. Si, à partir du XIe siècle, vous examinez ce qui se passe en France de cinquante en cinquante années, au bout de chacune de ces périodes, vous ne manquerez point d'apercevoir qu'une double révolution s'est opérée dans l'état de la société. Le noble aura baissé dans l'échelle sociale, le roturier s'y sera élevé; l'un descend, l'autre monte. Chaque demi-siècle les rapproche, et bientôt ils vont se toucher.

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« CORRIGÉ REMARQUES PRÉALABLES L'historien Tocqueville nous propose ici une de ces vues synthétiques' de l'Histoire qui foisonnent au XIXe siècle.Pour Tocqueville, comme pour Bossuet et Karl Marx, il existe un sens de l'Histoire.

Le but ultime est la société sansclasses, l'égalité économique et politique.La démonstration est étayée par un survol de sept siècles. I.

RÉSUMÉ RÉDIGÉ La révolution démocratique est-elle un accident ou un mouvement continu irrésistible? Il y a sept siècles, quelques familles possédaient la terre et gouvernaient par la force.

Puis, le clergé, par sonrecrutement égalitaire, se développe, concurrence la noblesse et se met au-dessus des rois.Les légistes royaux apparaissent à côté des nobles et règlent les rapports complexes de la société.La ruine des rois et des nobles favorise l'enrichissement des roturiers : les financiers deviennent une force politique.A leur tour, les intellectuels accèdent à la puissance et la naissance perd sa valeur.Les rois et les nobles, dans leur rivalité réciproque, se sont parfois appuyés sur le peuple, les rois le plaçant au-dessus des nobles et, parfois, d'eux-mêmes.Dès que les citoyens ont possédé la terre, toute découverte ou progrès ont tendu vers le nivellement des fortunes,tous les produits de l'intelligence ont profité à la démocratie.De demi-siècle en demi-siècle, noblesse et roture se sont rapprochées. II.

DISCUSSION D'UN POINT INTÉRESSANT : SUGGESTIONS Seuls les érudits pourraient relever d'éventuelles faiblesses dans ce tableau de l'Histoire de France.Les marxistes pourront le comparer au Manifeste du Parti Communiste (1848).Les problèmes ne manquent pasLa puissance politique des financiers : (Balzac l'a analysée).

De nationale elle est devenue internationale.

Partagez-vous l'optimisme de Tocqueville sur le nivellement des fortunes?La puissance de l'esprit : arts, sciences' deviennent moyens de gouvernement, éléments de succès.

Tocquevillesonge au « Siècle des Lumières » : succès de Voltaire, célébrité de Lavoisier et, plus tard, de Monge, etc...Là encore, vous estimerez peut-être que Tocqueville a une vision trop optimiste du rôle des savants, des artistesdans l'État.. »

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