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L'opinion allemande après le traité de Versailles

Publié le 17/01/2022

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Analysez et commentez le document en vous aidant des questions suivantes :
 
 1) Expliquez les passages en caractères penchés.
 
 2) Les Français de l'époque ont-ils fait la même analyse des circonstances de l'armistice?
 
 3) Quelles furent les conditions de cet armistice?
 
 4) Relevez les clauses du traité de Versailles auxquelles le texte fait allusion.
 
 5) Expliquez la réaction de l'opinion allemande après le traité de Versailles.
 
 Document
 
 Si l'on recherche comment, dans son immense majorité, l'opinion allemande interprète l'armistice du 11 novembre 1918, et la paix subséquente de juin 1919..., on se trouve en présence de la version suivante, propagée par tous les journaux, enseignée dans toutes les écoles, ancrée dans tous les cerveaux, bien avant l'accession d'Hitler et du nazisme au pouvoir :
 
 l'Allemagne n'a pas été militairement vaincue; son armée n'a pas été battue en rase campagne et acculée par la défaite à la reddition; ses frontières n'ont pas été violées; elle n'a pas été envahie;
 
 elle a été victime avant tout, du blocus, moyen de guerre inhumain, contre lequel l'emploi de la guerre sous-marine à outrance était parfaitement légitime; elle a été touchée, en outre, par l'énoncé des quatorze points sur la base desquels le président Wilson, en janvier 1918, avait déclaré, dans un message au Congrès, que la paix devait être assise;
 
 enfin, l'Univers était ligué contre elle;
 
 c'est pourquoi, à l'instigation du gouvernement civil et des milieux parlementaires, elle a demandé un armistice, prologue nécessaire à l'ouverture de pourparlers de paix, d'une paix qui, dans sa pensée, devait être négociée d'égal à égal, puisque, sur le terrain, il n'y avait eu ni vainqueur ni vaincu;
 
 les conditions mises par les Alliés à l'octroi d'un armistice ont été cependant draconiennes, aussi dures qu'elles l'eussent été si l'armée allemande avait été battue; l'Allemagne aurait pu les repousser et reprendre la lutte; mais, à ce moment, les sociaux-démocrates, les marxistes, les Juifs ont porté un coup de poignard dans le dos; l'arrière a trahi le front; il a fait une révolution qui rendait toute résistance impossible;
 
 ... mais après lui avoir, à l'armistice, enlevé ses armes et ses moyens de défense, les Alliés ont abusé de son impuissance; ils ont, à Versailles, isolé ses représentants, rejeté leurs objections...; par une véritable escroquerie, ils ont, après les avoir brandis comme un appât, mis au panier les quatorze points de Wilson et imposé à l'Allemagne, sous la menace d'invasion, une paix non librement négociée, mais dictée, un « Diktat «; par un article spécialement odieux de ce Diktat, l'article 231, ils l'ont contrainte à se reconnaître coupable de la guerre; ils en ont déduit l'obligation pour elle de payer des réparations astronomiques; après quoi, ils ne lui ont même pas ouvert l'accès de la Société des Nations...
 
 André François-Poncet, De Versailles à Potsdam.
  

« DÉVELOPPEMENT Introduction • Le 11 novembre 1918, l'armistice est signé entre les armées alliées et le gouvernement allemand.

Pour les Alliés, etsurtout pour les Français, qui ont supporté le poids essentiel de la guerre, le démantèlement exigé des forcesmilitaires allemandes sanctionne leur victoire militaire. • La paix signée à Versailles, huit mois plus tard, est présentée comme «juste ».

En fait le traité ne fut élaboréqu'après de longs marchandages : l'idéalisme désintéressé de Wilson s'oppose à la fermeté de Clemenceaurevendiquant avant tout une sécurité définitive pour la France et au « réalisme » du britannique Lloyd Georgesoucieux de maintenir un équilibre en Europe. • L'Allemagne n'a pu que subir l'armistice et le traité de paix.

Ne pouvant surmonter l'amertume de sa défaite,l'opinion publique allemande est prête à écouter les arguments des « officiers » de propagande à la solde de l'armée(Hitler assume un temps cette fonction) que l'ambassadeur François-Poncet expose ici. • L'argumentation s'articule autour de trois thèmes : l'armée allemande n'était pas vaincue; elle a été la victime d'un« coup de poignard dans le dos »; les vainqueurs en ont profité pour « escroquer » l'Allemagne à Versailles. I.

La recherche d'un armistice « sans vainqueur ni vaincu » 1.

Un armistice qui n'était pas militairement nécessaire La situation n'imposait pas l'armistice à l'armée allemande.

Non seulement les armées allemandes n'étaient pasvaincues mais elles occupaient encore une partie des territoires français et belges.

Certes, face à l'offensivegénérale des armées alliées commandées par„ Foch, les Allemands reculaient, mais en bon ordre.

La frontièreallemande était encore loin et, dans le pire des cas, le Rhin, difficilement franchissable, aurait pu devenir une «Marne allemande ». 2.

Un armistice souhaitable pour les civils Par contre, l'armistice est présenté comme souhaitable en raison de la famine qui menaçait les populations civiles. « Un blocus inhumain ».

Glissant sur les objectifs militaires du blocus allié, la thèse allemande ne veut y voir qu'uneaction délibérée visant à affamer les populations civiles au mépris des « lois de la guerre », qui, à l'époque,imposaient aux belligérants « civilisés » de réserver les rigueurs de la guerre aux seuls combattants en épargnant lescivils « innocents ». • La guerre sous-marine : une mesure défensive.

Réfutant les accusations alliées qui avaient dénoncé la « barbarie» des sous-marins allemands torpillant sans sommation des paquebots et des cargos sans défense, les Allemandsprésentent la guerre sous-marine comme une mesure strictement défensive destinée à empêcher les conséquences« inhumaines » du blocus allié. 3.

Un armistice qui devait être honorable Le gouvernement allemand n'aurait demandé l'armistice que sur la foi des « Quatorze points de Wilson » et de sonobjectif affirmé de rechercher une paix « sans vainqueur ni vaincu ».

La confiance en Wilson paraissait d'autant plusfondée que le poids militaire et surtout financier des États-Unis dans le camp allié semblaient permettre à Wilsond'exercer une influence décisive dans l'établissement d'une paix équitable. 4.

Le point de vue français Les Français contestent cette position et font valoir que : • En novembre 1918, les armées alliées avancent partout sur le front occidental.

Les armées austro-hongroises ontété défaites à Vittorio-Veneto entraînant l'effondrement de l'empire des Habsbourg.

Les Bulgares et les Turcs ontdemandé l'armistice.

L'armée allemande est à la veille de s'effondrer.

L'armistice lui évite donc l'écrasement.

Sur leplan militaire, il y a bien un vainqueur et une armée vaincue. • Malgré les tentatives des Allemands pour négocier directement avec lui, Wilson les a renvoyés auprès du maréchalFoch qu'il laissait ainsi libre d'imposer les conditions militaires de l'armistice qui lui conviendraient. II.

Le « coup de poignard dans le dos » Ici encore, l'argumentation est simple : l'armée n'aurait pas accepté les dures conditions de l'armistice et elle auraitpoursuivi le combat si la trahison de l'arrière ne l'avait « poignardée ». 1.

L'arrière trahit le front. »

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