Mao et la Longue Marche

« La Longue Marche est la première de ce genre dans les annales de l'histoire. Elle est à la fois un manifeste, un instrument de propagande et une machine à semer. Depuis Pan Kou, qui sépara le Ciel de la Terre, depuis que Trois Souverains et les Cinq Empereurs, l'histoire a-t-elle jamais connu une longue marche comme la nôtre ?... Elle a fait savoir aux quelques deux cents millions d'habitants des onze provinces traversées, que la voie suivie par l'Armée rouge est la seule voie de leur libération... Elle a répandu dans les onze provinces des semences qui germeront, porteront des feuilles, des fleurs et des fruits, et qui donneront leurs moissons dans l'avenir. « Cité d'après Oeuvres choisies de Mao Tse-Toung, édition française, tome 1, p. 177 Récit d'un soldat communiste « Nous marchions la nuit. On se mettait en marche à la tombée du jour. Quand nous atteignîmes des régions sûres, nous allumâmes des torches de bambou, de pin, de bois résineux. Mais, surtout au début, il fallait passer inaperçus de l'ennemi. Nous pataugions à la queue leuleu dans la terre jaune, la boue spongieuse de loess argileux. Si on tombait dans la boue, il fallait s'empêcher de crier, de jurer. Personne ne pipait mot. On attachait des carrés d'étoffe blanche à son sac, afin que les camarades qui suivaient voient celui qui marchait devant eux. Pour jalonner la route, les avant-gardes semaient des bouts de chiffons, ou des pierres blanches. Il ne fallait pas tomber de fatigue dans le fossé : personne ne s'en serait aperçu dans les nuits sans lune. Les malades et les blessés s'enfonçaient un mouchoir dans la bouche pour ne pas crier quand les brancardiers les secouaient en faisant un faux-pas. Dès l'aube, on se planquait dans les villages, avant que les avions ennemis recommencent à rôder au-dessus de nos têtes. On n'avait qu'une envie : dormir. «