Devoir de Philosophie

Mazarin

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

mazarin
L'entrée de Mazarin dans l'Histoire a été tardive. En un siècle où les " espoirs " de l'Église débutent dans la carrière vers l'âge de vingt ans, Mazarin, à vingt-six ans, n'a pas encore commencé la sienne. C'est que le destin s'est ingénié à contrarier l'essor du jeune Giulio. Mazarin a Rome pour patrie, mais il voit le jour le 14 juillet 1600, en territoire espagnol, à Pescina, dans les Abruzzes. Il a des goûts de grand seigneur, mais une famille besogneuse. Il a horreur des dossiers et des lois, mais l'administration, où s'est distingué son père, semble pour lui la voie normale. Il est appelé à servir la France, mais tout le pousse vers l'Espagne : ses protecteurs (les Colonna, les Sacchetti), ses premières découvertes, ses premiers succès. L'armée le tenterait, mais sa compagnie est dissoute avant d'avoir combattu. Il n'a aucune vocation religieuse, mais bientôt, pour obéir au pape, il sera contraint de se faire d'Église, sans d'ailleurs aller jamais au-delà de la tonsure. A-t-il alors conscience de ses immenses capacités ? Nul ne le sait. A vingt-cinq ans, il s'use à nourrir les siens, fastueusement pour ses moyens, et à faire le joli coeur avec la jeunesse dorée de Rome. Sa forte personnalité s'adapte mal aux structures sociales de son temps et au rang subalterne qu'il a reçu en naissant. Puis, soudain, au moment où, par résignation, il s'oriente vers le droit (avril 1628), il part, en surnombre, obscurément, pour la Lombardie où son protecteur Sacchetti est envoyé en mission par le pape. Pendant un an, comme un correspondant de guerre, il suit les incidents du siège de Casal. Enfin c'est l'envol. Il remplace, par hasard, son maître rappelé à Rome (juillet 1629). Et, par une progression insensible, le pseudo-secrétaire qu'il était s'élève au rang de ministre du pape. A force d'ardeur, d'ouverture d'esprit, de courage, négociant ici et là, dans des conditions souvent ingrates et périlleuses, il rencontre les plus grands personnages, entre autres Richelieu. Connu dans les chancelleries, il devient célèbre le 26 octobre 1630. En s'interposant ce jour-là entre les armées française et espagnole, prêtes à s'entre-tuer devant Casal, en sauvant miraculeusement la paix, il accomplit une prouesse insigne et fait figure de héros dans l'Europe entière.
mazarin

« même, sans bornes, Mazarin se donne pour tâche première de transmettre en son intégrité à Louis XIV le pouvoir dedécision dont a joui Louis XIII.

Dans la conjoncture, divers facteurs justifient cependant l'inquiétude : en premierlieu, la minorité du roi (l'Histoire enseigne qu'aucune régence n'a été paisible) et l'état de guerre qui empêche touteréforme et grève les finances ; puis, tenant à la personne de Mazarin, son origine italienne, qui évoquefâcheusement l'aventure de Concini, et sa double qualité de cardinal-ministre qui rappelle, trait pour trait, lamémoire honnie de Richelieu et l'institution mal acceptée du ministériat.

Néanmoins, en dépit du complot desImportants, le changement de règne s'accomplit sans secousses trop graves.

Très vite, il apparaît que le maintiende Mazarin au gouvernement dépend uniquement de la reine, proclamée régente absolue depuis que le testament deLouis XIII a été cassé.

Devant la détermination d'Anne d'Autriche à garder son ministre, l'entourage, intrigué, parlerade mariage ou d'ensorcellement.

Pourtant, point n'est besoin de recourir à la magie, au sacrement ou au plaisir pourexpliquer cette constance.

Si le sort les a liés l'un à l'autre, c'est qu'ils ont respecté la parole donnée en secret àLouis XIII mourant : la reine s'est engagée à ne pas “ abandonner ” Mazarin, comme Mazarin a promis de servirtoute sa vie le petit dauphin, son filleul.

De fait, Mazarin, qui n'a aucune attache politique en France, demeure leplus sûr garant de l'autorité royale.

Sur le plan intérieur, l'équilibre établi, tant bien que mal, par Mazarin entre lesclans Orléans, Condé, Vendôme est menacé, lorsque le duc d'Enghien devient prince de Condé et que ses immensesservices le rendent exigeant vis-à-vis du pouvoir.

Si la guerre avait cessé, les difficultés auraient pu s'aplanir.

Maiselle durait et, avec elle, des abus criants dans la gestion des finances et l'alourdissement des impôts.

La Fronde,qui, sous ses divers aspects de révolte tournante, fut une crise grave, éclata lorsque le Parlement, volant ausecours des mécontents, revint sur le contenu des édits enregistrés en lit de justice et passa en rébellion ouverte.Les discussions qui s'ensuivirent avec la cour prirent une allure de réforme constitutionnelle tendant à convertir lamonarchie absolue en monarchie réglée.

“ Le Parlement, écrit Mazarin dans ses Carnets, fait les fonctions de roi ”.L'absolutisme est atteint.

Dès que Mazarin passe à l'offensive, en emmenant le roi hors de Paris, il devient le “ tyran”, “ l'ennemi public ”, au point qu'il sera comme la clé de voûte d'un système qui reconnaît au roi, fût-il mineur, et enson nom à la régente, le plein droit de désigner ses ministres et de gouverner avec les gens et les moyens de sonchoix.

Le cri “ Point de Mazarin ” sert dès lors de ralliement aux rebelles qui n'ont en commun que leur haine duCardinal.

Mais la Fronde parlementaire est dénaturée par les renforts qu'elle reçoit : entre les intérêts des ambitieuxen quête de profits et d'aventures, et les revendications des magistrats, aucun ciment durable.

La paix de Rueil(mars 1649) ne fait que suspendre l'agitation.

Objet du ressentiment populaire, Mazarin réagit avec sang-froid.

Dansla confusion, il va droit à l'essentiel.

Condé, maintenant, s'insurge.

Las d'offrir ses services, son argent, son épée auroi, il entend parler en maître.

Rien ne révèle mieux le génie de Mazarin que la lutte contre Son Altesse : il cède, ils'humilie même, mais c'est pour mieux démasquer le prince et le détacher de ses partisans.

L'arrestation de Condé,Conti et Longueville est désormais possible (18 janvier 1650) et le roi quitte Paris pour pacifier les provinces enrévolte.

Paradoxalement, la victoire remportée à Rethel sur Turenne (15 décembre 1650) porte un coup fatal àMazarin.

Ses ennemis s'alarment de son succès à quelques mois de la majorité qui va l'affermir pour longtemps dansson poste.

Toutes les Frondes, le duc d'Orléans en tête, s'unissent contre lui.

Mazarin ploie sous la coalition.

Ildélivre les princes et doit s'éloigner.

Un noyau de fidèles assure cependant des liaisons suivies entre la reine etl'exilé.

Mazarin connaît si bien les hommes et les choses qu'il peut, de loin, guider pas à pas la régente et l'aider àdémêler les intrigues.

Cependant, le poids de sa personne et la nécessité de sa présence sont tels que l'abaissementde la monarchie et le déclin des armes coïncident avec son départ.

Son œuvre se trouve compromise ; il estattaqué dans ses biens, son honneur et même sa dignité de cardinal.

Mais, jamais, il ne perd courage.

Seule ladéclaration infamante rendue contre lui, dans les dernières heures de la régence, le désespère un moment.

Lamajorité du roi, proclamée le 7 septembre 1651, va renverser la situation.

La guerre civile, le désordre des finances,l'agitation durent encore.

Mais Louis XIV, dont la maturité s'affirme chaque jour, peut dissiper, par sa seuleprésence, les orages.

Les ultimes violences de Paris déconsidèrent la Fronde auprès d'une opinion lassée.

Mazarins'exile à nouveau et bientôt le roi rentre dans sa capitale (octobre 1652) où le cardinal le rejoint quelques semainesplus tard.

Désormais, s'attaquer au ministre, c'est, en fait, s'attaquer au roi, seul responsable de la conduite desaffaires.

La monarchie triomphe d'autant mieux que, pour hâter le retour de la paix publique, Mazarin achète lesralliements.

La rigueur financière est ainsi sacrifiée aux pressantes nécessités intérieures et extérieures.

Condé restele seul à ne pas désarmer et sa révolte ne cessera qu'avec la paix des Pyrénées.

Lorsque Mazarin disparaît de lascène politique, le premier point de son programme est réalisé.

L'autorité du roi a atteint un degré tel “ qu'elle nedépend, comme l'écrit le cardinal, de qui que ce soit ”, que le roi est “ absolu et non pas le doge de la République deFrance ”.

Absolutisme au-dedans, mais pour agir puissamment au-dehors.

En 1643, depuis huit ans qu'elle a “ ouvert” les hostilités contre la Maison d'Autriche, accusée de prétendre à la monarchie universelle, la France doitpoursuivre un énorme effort de guerre.

Là encore, la politique de Richelieu est continuée.

Les mêmes alliances sontsauvegardées avec les protestants, au Nord (Hollande, Suède, princes allemands), avec le Piémont, le Portugal, lesCatalans, au Midi.

En fait, c'est Mazarin qui, sous l'autorité de la régente, rassemble les armées, choisit lesgénéraux, dresse les plans de campagne.

Il mène le combat malgré une opinion publique aspirant de plus en plus à lapaix.

Richelieu avait pu, non sans peine, repousser l'ennemi hors du royaume et même assurer la protection duterritoire, grâce à la possession de postes avancés, des “ portes ” qui sont à la fois moyens d'accès et de défense.Néanmoins, des Ardennes à la mer, la frontière restait vulnérable.

Partout dès lors, sur d'immenses champs debataille, les Français passent à l'offensive, aux Pays-Bas espagnols, le long du Rhin, en Milanais, en Catalogne.Guerre de siège patiemment menée (Thionville, Gravelines, Dunkerque) plutôt que guerre de mouvement, sauf enBavière en 1647 et 1648, mais qui s'étend jusque sur les côtes d'Italie et les présides de Toscane.

Les actions deRocroy, Fribourg, Nordlingen, Lens, où des milliers d'hommes se trouvent en présence, visent avant tout à secourirdes places, clés de provinces entières.

La victoire sourit le plus souvent, et même sur mer, aux armes françaises.Des coups décisifs sont portés par la France et la Suède qui contraignent l'empereur à signer la paix.

Non contrel'Espagne qui délivre Lerida en Catalogne et réduit le soulèvement de Naples.

Opérations militaires et tractationsvont de pair et même influent les unes sur les autres.

Après de longs préliminaires, les négociations de Westphaliecommencent enfin (10 avril 1644).

Toute l'Europe, ou presque, s'y trouve intéressée.

Championne des “ libertés. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles