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Otto von Bismarck

Publié le 22/02/2012

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Dans son Crépuscule des idoles (1888), Nietzsche remarquait avec amertume : "Quand je suis à l'étranger et que les gens me demandent : "Y a-t-il des philosophes allemands ? Y a-t-il des écrivains allemands ? Existe-t-il de bons livres allemands ?" je rougis, mais, avec la bravoure dont je suis capable dans les situations désespérées, je réponds : "Oui, Bismarck !" Ces paroles reflétaient la conviction du philosophe que, si le peuple allemand avait trouvé en Bismarck le grand leader que beaucoup avaient souhaité à l'époque révolue de désunion et de confusion, la grandeur même du chancelier avait fini, au cours des années, par étouffer les nouveaux développements et décourager les idées nouvelles. Nietzsche n'était pas seul de cet avis. En 1879, le romancier Gustav Freytag écrivait : "Nous allons souffrir pendant longtemps du fait que la force politique de la nation a pendant quinze ans été personnifiée par un homme. En même temps que tous les succès et les progrès de notre époque, il va nous falloir subir le préjudice qui s'attache à ce genre de domination par un seul individu."
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« Cette nomination devait changer non seulement le destin de l'Allemagne, mais aussi celui de l'Europe. Bismarck assura son souverain qu'il résisterait aux prétentions des libéraux qui cherchaient, alors, à utiliser leurmajorité pour obtenir le contrôle de tous les aspects de la politique.

Il n'employa pas toutefois la méthodepréconisée par le parti réactionnaire à la cour, celle d'un Coup d'État contre la Diète, jugeant que celui-ciaggraverait les difficultés intérieures et anéantirait l'influence de la Prusse en politique internationale.

Au lieu decela, après avoir tenté en vain de négocier avec l'opposition parlementaire, il se contenta tout simplement del'ignorer et, usant d'un ingénieux argument constitutionnel pour justifier ses actes, il perçut les impôts et conduisitles affaires de l'État comme à l'habitude.

Il calculait que la riposte à ce défi serait purement oratoire.

En outre, ilétait convaincu qu'une politique étrangère dynamique, particulièrement si elle promettait de satisfaire les aspirationscroissantes à l'unité allemande, viendrait briser le front libéral. La première aventure de politique étrangère dans laquelle Bismarck se lança, quand il offrit en 1863 son aide augouvernement russe pour contenir l'insurrection polonaise, sembla en contradiction avec cette stratégie, car elletendait à durcir plutôt qu'à à affaiblir l'opposition libérale.

En revanche, ce geste ne manqua pas d'être apprécié dutsar et contribua probablement à assurer la neutralité de la Russie dans les entreprises plus réussies qui luisuccédèrent.

La première d'entre elles fut menée dans le Schleswig-Holstein, où une crise éclata à la fin de 1863lorsque le roi de Danemark voulut changer le statut de l'une de ces possessions familiales, de population allemande,en violation d'un traité international de 1852.

Les petits États allemands réclamèrent la guerre pour libérer lesduchés, mais Bismarck déjoua leurs plans.

Craignant l'intervention d'autres puissances si les États confédérésl'emportaient, il persuada le gouvernement autrichien de collaborer avec lui pour exiger du Danemark qu'il respecteles principes du traité et, au refus de celui-ci, de se joindre à la Prusse dans la guerre contre le Danemark,ostensiblement pour défendre le droit international.

Dans les hostilités qui suivirent, les troupes prussiennes agirentavec une fougue et une efficacité qui impressionnèrent même les adversaires des réformes militaires de GuillaumeIer.

La position libérale commençait à s'éroder. A la fin de la guerre, l'administration du Schleswig et du Holstein fut assumée conjointement par l'Autriche et laPrusse.

Au cours des deux années qui suivirent, la question du statut défini des duchés devint le point névralgiquedes relations entre les deux puissances.

Bismarck exploita si habilement chaque conflit d'opinion qu'il réussitprogressivement à convaincre son souverain qu'une guerre avec l'Autriche était inévitable.

On ignore à quel momentprécis Bismarck parvint lui-même à cette conclusion.

Par son utilisation adroite de la diplomatie douanière il avaitdéjà, dès 1864, établi la suprématie économique de la Prusse sur presque toute l'Allemagne et, en août 1865, quandil parvint à un nouveau compromis avec l'Autriche à propos des duchés, il semblait encore peu enclin à aller plus loin.Mais ce n'était probablement qu'une pause tactique pour prendre le temps de s'assurer la neutralité de la France etde la Russie en cas de guerre et de conclure une alliance avec l'Italie.

Quoi qu'il en soit, les relations avec l'Autrichese détériorèrent sérieusement au cours des premiers mois de 1866.

Bismarck déjoua les manœuvres dugouvernement de Vienne à la Diète fédérale et le provoqua à entreprendre la mobilisation de ses armées.

La guerreéclata alors sans rémission. A la surprise des experts, l'armée prussienne se révéla nettement supérieure et la guerre fut terminée en sixsemaines.

La Confédération germanique fut dissoute et l'Autriche exclue des affaires allemandes.

La Prusse obtint laprépondérance sur toute l'Allemagne située au nord du Main.

La victoire mit un terme aux espérances des libérauxprussiens et l'opposition parlementaire s'effondra totalement. Après ces triomphes, qui révélèrent la virtuosité diplomatique de Bismarck et, dans son attitude à l'égard de l'ennemivaincu, sa volonté de modération, le ministre-président entreprit d'élaborer une constitution pour la nouvelleConfédération de l'Allemagne du Nord.

Le texte qui en résulta (et qui, à quelques amendements près, devint laConstitution de l'Empire de 1871) réalisait totalement les promesses qu'avait faites Bismarck à son roi en septembre1862.

Tout en accordant le suffrage universel pour les élections à la Chambre basse, Bismarck ne laissait que peud'initiative à cette Assemblée en matière de législation et aucun pouvoir de contrôle tant sur la politique étrangèreou militaire que sur les actes des ministres du roi. Pendant qu'il accomplissait cette tâche, Bismarck ne se hâta nullement de persuader les États allemands situés ausud du Main de se joindre à la Confédération.

Il comprenait qu'une tentative de ce genre déplairait à la fois auxgouvernements de ces États et à l'opinion publique française, déjà inquiète de l'expansion prussienne.

Il espéraitqu'une collaboration économique viendrait modérer le particularisme de l'Allemagne du Sud et qu'avec le temps laFrance finirait par se convaincre que l'unité allemande était inévitable.

Toutefois, au début de 1870, les sentimentsanti-prussiens étaient devenus si prononcés dans le Sud qu'il semble que Bismarck ait alors conclu qu'il ne pourraitles contenir qu'en exploitant les différends avec la France.

La maladresse du ministre français des Affairesétrangères, le duc de Gramont, lors de la crise suscitée par la candidature d'un prince Hohenzollern au trône vacantd'Espagne, fit le jeu de Bismarck.

L'Allemagne entière entra en guerre contre la France dans une vague d'exaltationnationaliste qui dura jusqu'à la victoire et à l'établissement d'un nouvel Empire allemand sous la direction héréditairede la Maison de Hohenzollern. Chancelier de cet Empire pendant les vingt années qui suivirent, Bismarck fit preuve du même génie dans les Affairesétrangères mais il se montra de plus en plus conservateur et inflexible en politique intérieure.

Dans le premierdomaine, il adopta une stratégie défensive qui faisait contraste avec celle des années 1862-1870.

Il considéraitl'Allemagne comme une puissance repue et était peu disposé à rechercher de nouvelles conquêtes, même outre-mer(bien qu'en 1884, pour diverses raisons économiques et politiques, il céda à la fièvre impérialiste et acquit la plus. »

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