Perse de 1900 à 1909 : Histoire
Publié le 31/12/2018
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La Perse connaît dans la première décennie du xxe siècle deux bouleversements politiques majeurs: la révolution de 1906 et le partage du pays en zones d’influence russe et britannique. Si ces deux phénomènes font partie d'un mouvement qui touche un ensemble plus large que la Perse, il faut cependant en souligner la spécificité dans l’Empire persan. Elle se fonde sur sa tradition et sa culture, lesquelles lui ont permis de rester une entité politique, ethnique et religieuse autonome. L’ingérence européenne est encore relativement faible, en dépit de la rivalité anglo-russe croissante et des efforts du chah Nasir ed-Dhin pour établir avec les puissances occidentales des liens et des échanges plus étroits. En contrepartie, la modernisation y est également limitée. C’est toujours la dynastie Qadjar qui gouverne, mais le clientélisme, les allégeances

«
Troupes
insurgées combauam
pour lïnsmuration d'une
Constitwion dans l'Empire.
© Ul/srein La
révolution de 1906
Les principaux griefs qui favorisent le
développement d'un mouvement de
protestation dès les premières années
d u siècle sont la cor rupti on des
fonctionnaires, l'absolutisme du
pouvoir du chah et sa soumission à la
Russie.
Ce mouvement,
essentiellement constitué par une
partie influente du clergé chiite, par la
classe commerçante et la minorité
européanisée, s'af firm e ouvertement
en 1906.
Il oblige le chah Muzaffar
ed-Din à accepter une Constitution:
ainsi, en octobre 1906, la Per se réunit
le majlis, qui est la première assemblée
de son histoire.
Cependant ce succès se
heurte à la fois à la contre-révolution
qu'organise le nouveau chah
Mohammed Ali en 1907 et aux limites
i n h érente s au régime lui-même.
En
e ffe t, en déce mbre 1907, profitant du
partage du pays en zones d'influence
britannique et russe, le chah tente de
dissoudre le Parlement et de détruire le
mouvement constitutionnaliste.
Mais
celui-ci organise sa résistance.
Elle
aboutit en juillet 1909 à la prise de
Téhéran et à la dép ositi on de
Mohammed Ali qui s'exile en Russie,
cédant la place à son fils encore
m ine ur, Ahmed Mirza.
Mais le second
majlis qui se réunit en novembre 1909
sou ffre des mêmes faiblesses que le
premier.
Les forces politiques
traditionnelles restent toutes
puissantes derrière la façade
parlementaire, car plus qu'un véritable
proj et constitutionnaliste, ce sont les
rivalités entre factions tribales qui ont
permis la dép o sitio n du chah.
En outre,
le suf frag e universel indirect
favorise au 1najlis une
surreprésentation des notables
religieux et des pro pr ié tair es fonciers.
S'y ajou te l'ambiguité due au pouvoir
des cinq magistrats (o ulé m as) siégeant
au majlis pour veiller à la conformité
d e la lé gisl ation à la loi re ligi euse.
Ainsi, les troubles persistent tandis que
les pressions étrangères se font de plus
en plus fortes.
Elles sont d'autant plus
p énible s à supporter pour les partisans
de la Constitution que ceux-ci assistent
en 1907 à l'installation d'une sorte de
condominium anglo-ru sse alors qu'ils
avaient placé leu rs esp oirs dans la
Grande-Bretagne.
Le partage des zones d'influence
anglo-russes
La traditionnelle rivalité anglo-russc,
qui s'était exacerbée à la fin du x1x· ·
siècle, avait d'une certaine façon
protégé la Perse d'une trop forte
dépendance.
Mais dan s le cadre de la
Triple-Entente, le rapprochement
e ntr e les deux puissan ces s'impose.
Il
abo utit, sous le rég ime de Muzaffar
ed-Din, à l'accord anglo-russe du
31 août 1907: celui-ci partage la Perse
en troi s zones distinctes.
La première
comprenant le nord-ouest échoit à la
Russie, tandi s que la Grande-Bretagne
obtient le sud-est; entre les deux
subsiste une zone dite neutre.
Ce
partage entraîne la fin de
l ' in dép end an ce de la Perse sur tous les
p lan s, à commencer par
l 'in dépen danc e po lit iqu e.
Le ch ah
s'assure en effet l'appui des deu x pays
contre la résist anc e d es constitutionnalistes.
Mais c'est le
contrôle économique qui est le plus
visible, chacune des deux puissanc es
obtenant le monopole des concessions
dans sa zone.
Le déb ut de la
production pétrolière coïncidant avec
la première décennie du siècle, cette
dépendance s'affirme d'autant plus que
l 'i nd ustri e pétr olière bénéficie presque
e xcl usiveme nt à la Grande-Bretagne,
même si le Trésor persan est censé
recevoir de l' APOC 16 o/o des profits.
La création, en 19 09 , de I'Anglo
Persian Oil Compagny consacre la
situation instaurée dès 1901 avec
l'a cqui sitio n par le Britannique W.
Kn ox d'Arcy du m on op ole de
l'exploitation du pétrol e, qui
commence à couler dans le golfe
Persique dès 1908.
À la ve ille de la
Grande Guerre, la Perse e�t le seul
pays producteur de pétr ol e au Proche
Orient.
Cette dép e ndance économique
se double d'une dépendance
administrative.
Le majlis, lui-même
divisé, tente de la contrer en faisant
appel à des conseillers belges ou
américains, mais la pression anglo
russe li m ite ces efforts.
Tout aussi
inqui étante est l'o ccu patio n militaire
qui, sous couvert d'assistance, devient
régulière dans la zone russe à partir de
1908, tandis que les Britanniques
s'assurent des positions non seulement
dans le sud mais aussi dans la zone
neutre.
Ainsi, à la veille de la guerre,
alors que la présence occidentale fait
de la Perse un véritable condominium,
le nouveau gouvernement issu de la
révolution constitutio nnelle de 1906
n'a ni les structures ni la crédibilité qui
lui permettraient de proposer une
solution à cette situation
d'affaiblissement et de désordre
croissants.
Catherine SAUVÉ.
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