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Phéniciens et Puniques

Publié le 27/02/2008

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Depuis l'époque néolithique, les habitants de la côte libanaise ont toujours dû faire grand usage d'une ingéniosité que le Créateur ne leur a heureusement pas ménagée pour préserver leur liberté menacée par les grandes puissances du moment, et tirer d'elles de substantiels profits. Il en était déjà ainsi au IIIe millénaire lorsque Byblos entretenait, non seulement avec l'Égypte, mais avec les princes d'Our et les rois d'Akkad, avec les Troyens et les insulaires de Syra, des relations on a retrouvé la trace matérielle dans des fouilles ; Ibdâdi, ensi de Byblos, nommé par une tablette d'Our contemporaine de la IIIe dynastie de cette ville, est le premier d'une longue liste de rois phéniciens dont la plupart ne sont hélas pour nous que des noms. Les chefs d'Ougarit, la plus septentrionale des villes phéniciennes, maintinrent aussi l'équilibre entre le Pharaon et le Minos de Cnossos, mais ne purent, dans la seconde moitié du IIe millénaire, échapper à l'hégémonie trop proche des Hittites. La bataille de Qadesh résolut pour un temps cette première " question d'Orient " en faveur du Pharaon, mais, dès la fin du XIIe siècle av.. JC, l'invasion des Peuples de la Mer réussit à forcer les portes du sanctuaire phénicien dont aucune ville n'échappa à la destruction.

« surexcitait le nationalisme.

Heureusement, elle trouva pour la relever le plus grand des Magonides, Hannon leNavigateur.

Pendant son règne, qui paraît avoir duré une quarantaine d'années, jusque vers 440 av.

JC, celui-cis'appliqua méthodiquement à reconstituer les forces puniques en évitant tout conflit avec les Grecs.

Il soumitd'abord les tribus libyennes de la Tunisie orientale, constituant le plus vaste état territorial centralisé de laMéditerranée occidentale ; cette conquête transforma complètement l'économie punique, qui disposa désormais deressources agricoles considérables.

Puis Hannon et son frère Himilcon prirent la tête de grandes expéditionsmaritimes sur les côtes de l'Atlantique ; dès la fin du IIe millénaire, les Phéniciens s'étaient assuré le contrôle desColonnes d'Hercule en fondant Gadès ; mais cette ville, demeurée jalousement indépendante de Carthage, traversaitau début du Ve siècle une période difficile.

Hannon en profita pour la supplanter sur les côtes du Maroc, et poussamême jusque dans la zone tropicale, peut-être jusqu'au Cameroun ; la relation de son voyage, qui nous estparvenue dans une traduction grecque, est le plus passionnant récit d'exploration de l'Antiquité ; Himilcon de soncôté remontait le long des côtes portugaises, et s'avançait sans doute assez loin vers l'Ouest dans l'Océan. Les anciens considéraient avec raison qu'Hannon le Navigateur avait transformé fondamentalement les Puniques, enfaisant des Africains au lieu des Asiatiques émigrés qu'ils étaient restés jusque-là.

Jusqu'à sa destruction, Carthagedevait tirer l'essentiel de sa force du domaine africain qu'il lui avait donné, et emplir son trésor de l'or soudanais.Quelques anecdotes recueillies par les auteurs classiques nous font entrevoir la silhouette originale de ce roi marin,vieux loup de mer qui se promenait dans les rues de sa capitale un perroquet sur l'épaule et un lion apprivoisé sur lestalons. La fin de la dynastie fut moins glorieuse.

Hannibal, Himilcon, Magon, les derniers de ses représentants, usèrent leursforces dans le conflit avec Syracuse qui reprit avec une violence terrible en 409 av.

JC. La conquête d'un domaine de terre ferme en Afrique avait permis aux nobles puniques de se transformer en grandspropriétaires fonciers ; ils ne supportaient plus qu'avec impatience l'autorité royale, et surtout jugeaient non sansraison ruineuse la politique guerrière que les Magonides avaient menée presque sans relâche pendant un siècle etdemi.

La défaite d'Himilcon leur donna occasion d'instituer une cour suprême, le Tribunal des Cent Quatre, qui exerçaun contrôle rigoureux sur les rois et les généraux ; peu à peu la royauté se trouva privée de l'essentiel de sespouvoirs au profit de nombreux comités anonymes.

Ce régime oligarchique, qui allait durer plus d'un siècle nefavorisait pas l'épanouissement des personnalités vigoureuses ; les seuls hommes d'État véritables que nousconnaissions dans cette période ont essayé, vainement d'ailleurs, de briser l'étreinte de cette aristocratiesoupçonneuse qu'on a souvent comparée à la noblesse vénitienne. Le plus illustre de ces révoltés est Hannon Ier le Grand ; il s'était fait une réputation d'homme de guerre en luttanten Sicile contre Denys l'Ancien, le redoutable tyran de Syracuse, et avait même obtenu la condamnation pour hautetrahison du chef du parti pacifiste, Eschmouniaton (ou Suniaton) ; la paix revenue, Hannon tenta de s'emparer dupouvoir en se servant de ses grandes richesses, de ses nombreux esclaves et de son ascendant sur les Libyens.

Laseule force politique organisée dans la Carthage de cette époque, en dehors de la noblesse qui contrôlait le Conseildes Anciens, les comités et le Tribunal des Cent Quatre, appartenait à de multiples sociétés à base religieuse ouprofessionnelle qui se réunissaient pour banqueter à l'occasion des fêtes.

Hannon, semble avoir tenté de gagner leurfaveur en leur offrant de somptueux banquets.

Mais, surveillé de près par la police des Cent Quatre, craignant d'êtretraduit en justice sous l'inculpation, probablement absurde, d'avoir voulu empoisonner en bloc les Anciens, il commitla faute de passer à la révolte ouverte, fut vaincu, pris et atrocement supplicié (vers 360 av.

JC). Un de ses fils, nommé Giscon, put fuir ; il semble que l'échec d'Hannon ait été suivi par des luttes civiles où lesfactions s'épuisèrent.

Un beau jour Giscon fut rappelé et reçut même la dignité royale que son père n'avait jamais puobtenir ; instruit par ses malheurs, il régna avec sagesse et modération, en accord avec les Anciens, et transmitson trône à ses descendants.

Mais l'esprit indomptable de la famille était passé à l'un de ceux-ci, nommé Bomilcar.Cet ambitieux monta sur le trône au moment où Carthage devait faire face au plus grand péril qu'elle eut jamaiscouru : Syracuse s'était donné un nouveau tyran, Agathoclès, qui rappelait en tous points Denys ; assiégé dans sacapitale, il eut l'audace d'en sortir, de passer en Afrique avec une petite flotte, et de commencer à ravager le pays; les Carthaginois étaient si sûrs de leur maîtrise des mers que cette attaque les prit entièrement au dépourvu.Quand les Grecs eurent pris Tunis, bloquant la capitale, la rage et la terreur du peuple se changèrent en un accèsde fanatisme, qui se tourna contre les nobles ; la loi religieuse obligeait ceux-ci à sacrifier leurs fils premiers-nés àBaal Hammon et à Tanit pour assurer la prospérité publique ; beaucoup s'étaient soustraits à cet affreux devoir enlivrant de jeunes esclaves à la place de leurs enfants ; on les contraignit à jeter dans les flammes du " tophet " lesmalheureux que leur fraude avait sauvés.

Bomilcar jugea sans doute que la noblesse déconsidérée ne pourraits'opposer à ses projets ; d'ailleurs, la présence en Afrique de mercenaires, qu'on n'employait d'habitude que sur lesthéâtres d'opérations extérieurs, offrait des facilités exceptionnelles à un coup d'État militaire.

Mais le peuples'opposa farouchement à sa tentative ; les soldats, bloqués dans les rues étroites, accablés par les projectiles qu'onleur lançait des toits, se débandèrent ou se rendirent.

Bomilcar fut pris et agonisa longtemps sur la croix,maudissant ses ennemis jusqu'à son dernier souffle.

Ce fut le dernier roi de Carthage qui ait joué un rôle politique :après lui la charge ne fut plus qu'une fonction d'apparat, privée de toute autorité réelle (307 av.

JC). La maison d'Hannon survécut pourtant à ce coup.

Mais ses représentants adoptèrent désormais une politique toutopposée à celle de leurs ancêtres : ralliant le parti aristocratique, ils défendirent désormais les intérêts des grandspropriétaires terriens, et les Barcides n'eurent pas d'adversaires plus acharnés. Le régime oligarchique se prolongea jusqu'à la fin de la première guerre contre Rome, en 241 av.

JC.

Pendant tout le. »

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