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Philosophies de l'histoire: Toynbee, Spengler, Burnham, Teilhard de Chardin ?

Publié le 04/06/2009

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histoire

"L'homme est désormais sans illusion sur le fauve qui dormait en lui. Dachau, Ravensbrück, Buchenwald... La guerre qui s'achève aura ainsi ramené l'humanité à la modestie de ses origines : c'est là un point où les théories évolutionnistes rejoignent très exactement le dogme chrétien du péché originel. Il aura suffi de l'occasion de doctrines totalitaires pour que le monstre, brisant ses chaînes, détruise sur d'énormes étendues une civilisation qui se croyait immortelle..."

C'est ainsi que René Grousset entame l'un des livres les plus importants de 1'après guerre, Bilan de l'histoire. Son propos est de faire, en 1946, « un peu comme l'examen de conscience de l'humanité Cette dernière en a bien besoin! Contentons nous ici de rappeler quelques traits qui marquent le XXe siècle : crise du rationalisme, destruction systématique des grandes synthèses du XIXe siècle, discrédit des systèmes économiques de Stuart Mill, Ricardo ou Walras, retour au sauvage et à l'élémentaire parallèlement au développement extraordinaire des techniques. Mais le phénomène sans doute le plus caractéristique et angoissant de notre siècle est la multiplication des philosophies de l'histoire.

Certains philosophes ont pensé depuis longtemps qu'une étude dynamique du passé livre des lois qui rendent compte du présent et permettent de déterminer l'avenir, au moins pour des groupes particuliers et pendant une période limitée. En allant plus loin, on peut généraliser cette démarche scientifique et en tirer des conclusions applicables à toute l'humanité, et pour l'éternité. On parvient ainsi aux « hypersociologies «, barbarisme qui désigne les vastes synthèses cherchant à tirer d'un matériel scientifique ou pseudo-scientifique une légitimité qui fonde des « certitudes « dégagées pour l'avenir. Cette croyance en des nécessités historiques a caractérisé, déjà, le xvine siècle, et Condorcet est l'un des bons exemples des déterministes qui tracent le tableau des destinées futures de l'humanité d'après les résultats de son histoire. Au xIxe siècle, Hegel apporte le premier grand système cohérent. Nous le retrouvons à propos des « héritages «, plus loin. Un peu plus tard, la sociologie d'Auguste Comte est en fait une philosophie de l'histoire. Chaque branche des connaissances humaines passe successivement par trois états théoriques :

histoire

« civilisation, à un moment donné de son histoire, un défi (challenge).La civilisation doit relever ce défi, ou bien elle se décompose.

C'est ainsi que l'Europe Occidentale a été incapable derésister au vieillissement et au déclin : la voici réduite à l'état de curiosité historique, condamnée à mort.Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'éclipse de l'Europe est un fait accompli pour Toynbee.

Cependant, ledestin de l'Europe doit être dissocié de celui de la civilisation occidentale.

Mieux : la civilisation occidentale peutelle-même mourir sans que le Christianisme périsse.

On peut parler à propos de Toynbee d'une « théologie del'histoire »."Notre civilisation occidentale peut périr, on peut s'attendre à ce que le Christianisme, non seulement se maintienne,niais encore croisse en sagesse et en importance..."Le Christianisme survit à l'effondrement des civilisations.

Peu importe donc le déclin évident de l'Europe et le déclinprobable de l'Occident : le but de notre monde est de devenir une « province du royaume de Dieu ». Spengler Le Déclin de l'Occident est également un thème d'Oswald Spengler, (titre de son principal ouvrage — 1920).

Maisl'analyse est tout autre que chez Toynbee, et les conclusions radicalement différentes.La preuve est faite de notre nécessaire décadence, fondée sur une philosophie qui pose au départ une doubledistinction, classique dans la pensée allemande :— Distinction entre histoire et nature : la causalité scientifique n'explique pas le destin historique, qui estindépendant.— Distinction entre culture et civilisation.

La culture est un organisme vivant qui naît, croît et dégénère avant demourir.

Pendant la phase de déclin, la culture se fige en civilisation.

Toute culture a pour aboutissement lacivilisation qui est son destin inévitable.Les cultures sont des organismes.

L'histoire universelle est leur biologie générale.Trois grands types « d'âme correspondent à trois grands types de culture :— l'âme apollinienne, celle de la culture antique,— l'âme faustienne, celle de la culture occidentale,— l'âme magique, celle des arabes. L'Allemagne est détentrice de l'âme faustienne, et donc de la culture occidentale par la Réforme et la Renaissance.L'Espagne et la France sont inévitablement, irrémédiablement, entrées dans la voie de la décadence : elles ne sontplus descultures, mais des civilisations à cause de leur pseudo-morphose C'est-à-dire le mélange coupable de culturesqui a pu se produire en elles.La culture française se serait ainsi transformée en civilisation à partir de 1789 à un moment où, déjà contaminée parles influences espagnoles et italiennes, elle crut devoir emprunter à l'Angleterre l'idée démocratique, idée dégénérée.L'Allemagne, pour rester culture, doit farouchement se préserver des influences étrangères.

Elle n'échappera à ladécadence qu'en cultivant en elle les vertus traditionnelles prussiennes et son organisation militaire à l'exclusion detout autre moue de pensée et d'action.

L'Allemagne, seule détentrice de la culture européenne, doit se défendrecontre les contaminations de l'Asie et des races de couleur.Spengler a été beaucoup lu par ceux qui, peu de temps après, fondèrent le nazisme.

Il en a été un des principauxinspirateurs. Burnharn Le capitalisme est condamné, proclament les économistes occidentaux, à partir de la grande crise de 1929-1933.

«Donc il faut le sauver répliquera Keynes.

« Donc il faut le remplacer par la société des directeurs annonce en 1941James Burnham dans un ouvrage célèbre L'Ere des Managers complété en 1949 par Les Machiavéliens défenseurs dela Liberté.Première proposition :la lutte sociale, ou lutte des classes continue toujours et ses annales forment l'histoire.Seconde proposition :cinq conditions rendent inévitables la révolution sociale :— l'élite ne sait pas utiliser le progrès,— un pourcentage important de l'élite se consacre à la culture, aux arts, à la philosophie et aux plaisirs sensuels,— l'élite ne peut plus assimiler de nouveaux éléments,— l'élite perd confiance dans sa légitimité,— l'élite substitue à la force et à la fermeté la manipulation, le compromis, la tromperie, la fraude...L'élite du monde capitaliste actuel (1940) réunit les cinq conditions.

Donc le monde capitaliste va disparaître.

LesÉtats-Unis capitalistes perdent leur substance au profit de « l'État » qui draine les forces vives du pays : lesdirecteurs.Les directeurs sont des hommes qui, dans la société contemporaine, dirigent véritablement du point de vuetechnique le travail et la production.

Mais la disparition du capitalisme traditionnel ne fera pas la place au socialisme.Le prolétariat est en effet incapable de prendre la relève.

Daris la Russie contemporaine il n'y a ni société sansclasse, ni internationalisme, ni démocratie.La seule véritable révolution en marche est la révolution directoriale dont le nazisme est en train de porter les. »

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