Devoir de Philosophie

Quelle est la situation de la France au début de VIIe siècle ?

Publié le 28/02/2010

Extrait du document

L'âge d'or de la paix romaine n'est plus qu'un souvenir. Venues de l'est au début du Ve siècle, des populations barbares ont franchi le Rhin. Non pas sur la forme d'une éruption brutale, en masse, mais par infiltrations successives. Progressivement, ces Germains ont envahi tout le territoire et précipité la fin de la civilisation gallo-romaine. Parmi les envahisseurs, les Francs. Issu de ce peuple, un homme d'exception s'est rapidement distingué. Païen, il s'est converti au catholicisme ; petit chef Franc, il s'est fait élire roi. C'est Clovis, fondateur de la dynastie mérovingienne (du nom de son ancêtre plus ou moins légendaire Mérovée). On peut considérer Clovis comme le premier roi de l'Histoire de France. Dernier roi de cette lignée, Dagobert (603-639) est certainement le plus remarquable. Deux siècles seulement séparent l'avènement et la fin de la première dynastie royale en Gaule. Avec ses luttes civiles, ses heures de gloire et son déclin. Depuis Clovis, une lente fusion s'est opérée entre les populations gallo-romaines et franques, fusion qui a donné un nouveau visage à la Gaule. Mais les souverains qui se succèdent n'ont pas les qualités pour s'élever à la notion d'État et de bien public. La loi germanique de partage du royaume entre héritiers a fortement contribué à le morceler. Les rivalités des princes, déchirés par des luttes fratricides sanglantes pour l'accession au trône, ont considérablement miné l'autorité monarchique. A la veille de l'avènement du roi Dagobert, la Gaule est affaiblie, la démographie en régression, l'agriculture en sommeil, le trésor royal dilapidé. Dagobert va redresser la situation. Ce grand roi, administrateur né, va non seulement donner un coup de frein à la décadence mérovingienne mais susciter un véritable regain économique et culturel.

« impôts), judiciaire et militaire (levée des armées).

Tout homme libre est un soldat en puissance qui doit être prêt àprendre les armes au service des grands.

Juge équitable ou tyran, le comte a une autorité absolue sur la populationrurale ou urbaine.

Rare est celui qui n'en abuse pas, oubliant que son devoir, édicté par son suzerain, est d'être"particulièrement le défenseur de la veuve et de l'orphelin" avant de "châtier les larrons et malfaiteursimpitoyablement".

La pitié n'est pas la qualité première des Francs.

Au sein de la famille, le père était également unmaître absolu ayant droit de vie et de mort sur ses enfants et pratiquant la vengeance privée (faida).

Pour la fauted'un membre de la famille ou d'un voisin, on exigeait le "prix du sang".

Afin de diminuer les excès, une nouvellelégislation royale établit des amendes (wergeld) en manière de dédommagement.

Proportionnel à la gravité du délitou à l'échelon social de la victime, le wergeld est minutieusement tarifé : "Quiconque aura blessé quelqu'un de sorteque le sang coule, devra payer 15 sous d'or.

S'il est sorti trois esquilles, 30 sous d'or.

Si le cerveau a été mis àdécouvert, 45 sous d'or." Tuer un noble franc coûte 600 sous d'or, un aristocrate gallo-romain, 300 seulement. Le monde rural n'a guère évolué au temps de Dagobert.

La Gaule ne compte pas plus de cinq à six millionsd'habitants.

Les guerres liées aux invasions des siècles précédents mais aussi les famines, la tuberculose, lesépidémies de peste et la mortalité infantile expliquent cette régression démographique.

Dans les campagnes, les solss'épuisent à donner de maigres récoltes.

L'arrivée des Barbares n'a pas modifié les méthodes d'exploitation agricole.L'araire reste l'outil médiocre du paysan.

Il n'est pas rare de voir une femme attelée, faute d'un animal de trait.

Uneclasse de petits propriétaires cultive directement ses terres.

A côté de ces petites exploitations familiales oumanses (du latin manéo, demeure), les aristocrates mettent en valeur d'immenses propriétés, villae, qu'ils ontoccupées par la force ou reçues de la générosité des rois.

La main-d'oeuvre étant rare, ces grands propriétairesterriens font non seulement appel aux serfs mais aussi à des contingents d'esclaves.

Ce sont des débiteursinsolvables ou des prisonniers que l'on a ramené d'expéditions militaires "attachés deux à deux comme on le faisaitpour les chiens".

Les grands domaines sont organisés sur le même modèle.

Le seigneur des lieux, dominus, vit danssa maison fortifiée, parfois richement décorée de mosaïques, entourée de thermes, d'une chapelle privée etprolongée par une cour fermée (pouvant atteindre 600 m2) où prennent place les bâtiments agricoles et les ateliers.Entre les villae, la forêt, qui a progressé au détriment des terres cultivées, couvre de très vastes étendues.

Cesforêts peuvent former de véritables frontières naturelles entre les différentes parties du royaume.

Refuge des hors-la-loi ou des ermites, elles ne sont pas laissées à l'abandon.

Grands chasseurs, les rois y ont aménagé des réserves.Eux seuls et l'entourage princier ont le droit de chasser les bêtes fauves : ours, sangliers, aurochs.

Pour lespaysans, la forêt est une source essentielle à l'alimentation (viande, baies, miel) et un lieu de pacage pour lestroupeaux.

Pour les citadins, le bois sert à alimenter les fours des "industries" du verre, de la poterie ou du métal.

Lavie économique reprend un certain élan.

On commerce avec la monnaie sortie des ateliers royaux de monnayage età l'effigie du souverain : sou, tiers de sou ou trientes.

Hommes et marchandises circulent mieux sur le réseau anciendes routes gallo-romaines qui a été amélioré.

Les syri, marchands syriens et juifs de langue grecque, sont lesintermédiaires actifs du grand commerce.

Narbonne, Marseille, Bordeaux restent en liaison avec le Levant d'oùprovient du poivre, des soieries, des épices, des esclaves, des pièces d'or de Byzance.

Des bateaux chargés de bléen vrac, de céramiques, de marbre pyrénéen voyagent jusqu'aux ports d'Espagne ou de Constantinople.

Tout aulong des routes marchandes, les villes repliées sur elles-mêmes à l'abri de leurs remparts au temps des invasions,s'ouvrent à nouveau vers l'extérieur.

A la croisée des chemins et des trafics, des bourgs (vici) se sont partoutimplantés.

Des marchés assurent la circulation des produits agricoles, des foires animent et relancent les échanges.Des hospices routiers jalonnent les voies de pèlerinage et la qualité de leur administration témoigne du rôle importantdes moniales qui les dirigent.

Presque entièrement réservée aux nobles dames ou princesses de l'entourage du roi,l'instruction des femmes s'est peu à peu développée.

Les femmes lisent et écrivent, sont copistes dans lesmonastères ou auteurs de poèmes.

Un nouveau courant poétique est né, stimulé en particulier par les femmes maisaussi par les évêques.

L'un des plus fameux, Loi, évêque de Noyon, orfèvre de métier, a contribué à la renommée del'orfèvrerie mérovingienne et notamment du damasquinage.

Au contact des lettrés ecclésiastiques mais aussi desaristocrates gallo-romains, la haute société franque a été gagnée par l'écrit (actes de vente ou de donation,brevets de nomination, testaments, édits royaux).

Cependant les monastères restent le refuge des études au VIIesiècle et les principaux foyers de la vie culturelle.

D'Irlande ou d'Italie des moines y viennent, apportant avec euxleur propre culture, échangeant idées et manuscrits, suscitant des embellissements dans l'architecture religieuse,provoquant un renouveau de la vie artistique et intellectuelle.

Cet éclat retrouvé au temps de Dagobert va être decourte durée.

Après son règne, ceux que l'on nomme les "rois fainéants" seront entièrement livrés à la tutelle desmaires du palais qui exerceront le pouvoir effectif.

Ces rois enfants dont la plupart sont morts avant d'atteindre lamajorité, vont précipiter la fin de la dynastie mérovingienne et permettre à un maire du palais, plus brillant que lesautres, Charles Martel, de donner naissance à une nouvelle dynastie : les Carolingiens.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles