République démocratique allemande de 1980 à 1989 : Histoire

Tout au long de la décennie, les célébrations, tel le 500e anniversaire de la naissance de Martin Luther en 1983, ou le 35e anniversaire de la naissance de la RDA en 1984, sont autant d'occasions pour les dirigeants d’affirmer la légitimité et l’identité de l’État est-allemand, présenté comme l’héritier de l’histoire progressiste allemande et de sceller la réconciliation entre l’État et l'Église. Fidèle à une stricte orthodoxie, le parti communiste SED se refuse à engager toute démocratisation du régime et ne tolère aucune opposition.

Très actif depuis l'installation des fusées SS-20 sur le territoire est-allemand, le mouvement pacifiste est l'objet d'une sévère répression. Inquiétés, incarcérés, ou contraints à l’exil, les militants disposent du soutien d une partie de l'Église évangélique, qui progressivement s’affirme comme le creuset de l’opposition, une opposition, encore embryonnaire, limitée aux milieux jeunes et urbains. Aux premiers signes de la perestroïka. début 1987, le président Honecker répond par un refus catégorique à toutes réformes économiques et politiques jugées inutiles dans un pays qui connaît stabilité et prospérité. C'est avec un mutisme semblable que la République démocratique allemande accueille les réformes politiques en Hongrie et la montée du courant réformateur au sein du parti

polonais, le POUP. Seules les initiatives de Mikhaïl Gorbatchev en faveur du désarmement sont bien reçues, car elles sont autant de facteurs favorables à un rapprochement interallemand. La visite d’Erich Honecker à Berlin-Ouest, du 7 au 11 septembre 1988, confirme la partition de l'Allemagne en deux États souverains, mais prêts à des concessions mutuelles. À cette affirmation sur la scène internationale correspond néanmoins un durcissement très net du régime, qui ne cesse de réitérer son refus d'abandonner le pays aux mirages de la libéralisation. Les critiques formulées lors de la session de juin 1989 du Comité central, à l’égard du chef de la SED de Dresde. Hans Modrow, porte-parole d'un courant réformateur, témoignent du refus du régime de laisser cours à toute déviation idéologique. Même l’exode massif d’Allemands de l'Est au cours de l’été 1989 ne peut ébranler les certitudes du régime quelque peu désemparé par l'attitude des Soviétiques, qui n'ont pas condamné la «traîtrise» des Hongrois, lesquels conformément aux réglementations de l'ONU ont autorisé la fuite de milliers de citoyens de RDA vers la RFA. Destiné à exalter l’identité de l’État allemand, le quarantième anniversaire de la naissance de la RDA, fêté début octobre 1989, est un échec. Il est l'occasion de vastes manifestations en

faveur d’une libéralisation du régime et de la reconnaissance du principal mouvement d'opposition Nouveau Forum. Ces rassemblements sont les plus importants depuis ceux de 1953 réprimés par les chars soviétiques.