Devoir de Philosophie

Romain Bertrand - Une histoire à parts égales - fiche

Publié le 07/05/2014

Extrait du document

histoire
Considérations théoriques et réflexion historiographique autour de l'ouvrage A) Le refus de l'européocentrisme définition Mais qu'entend Romain Bertrand en terme « d'histoire à parts égales », une expression pour laquelle il fait si souvent mention ? Dans une longue introduction l'auteur fait part de son projet historiographique, dans le sillage de l'histoire globale et plus précisément de l'histoire connectée. L'histoire connectée qui a pour principal de souci de faire fi d'une approche européocentrique de l'histoire des mondes « extra-européens ». L'européocentrisme est une réflexion intellectuelle portée notamment par Hegel au XIXe siècle. Cette dernière part du postulat essentiel que les civilisations ne sont pas au même niveau. La civilisation occidentale se pose alors en société la plus avancée. Cet idéal de supériorité inné de l'Europe eut alors un fort impact dans l'historiographie. Ce que l'auteur définit comme un fameux mélange entre mépris et oubli de l'autre conduisit à écrire de grandes fresques de l'histoire du monde qui oubli selon Pierre Chaunu la moitié de l'humanité. historiographies européocentrique Pendant longtemps on observe la persistance d'une conception évolutionniste des civilisations chez les historiens à l'instar : des historiens des civilisations dans les années 1910, 1930' des historiens de l'expansion européenne qui sous l'égide de l'institut d'histoire de l'expansion européenne de Leyde créé en 1977, ne s'intéressèrent qu'aux raisons de la généralisation quasi planétaire de l'occident. De facto les récits des grandes découvertes qui en découle mentionnèrent le rôle majeur des européens qui assaillirent leur domination à travers le monde. L'essentiel de ces monographies est largement influencé par une histoire économique et sociales des annales, se limitant aux contacts avec l'Amérique du sud. Dans la plupart de ces travaux on retrouve l'idée émise par Emmanuel Leroy Ladurie « d'une unification microbienne du monde par les européens ». Les auteurs mettent en exergue les puissances européennes, qui sont systématiquement dans le rôle des découvreurs , de conquérantes qui ont vocation à imposer leur ordre et leurs croyances. Manifestations de l'européocentrisme dans l'histoire du monde insulindien Ainsi trop souvent les histoires des mondes « extra -européen » ont été des chants à la gloire des européens confrontés à des peuples stéréotypés, réduits à un simple de rôle de spectateur d'une destinée pour laquelle ils n'ont aucune prise. Il en résulte une inculture des mondes extra-européens et davantage du monde insulindien. A l'heure où les sciences sociales soutiennent le dogme de l'égale dignité des civilisations, l'histoire des malais et des javanais est absente du champ de l'histoire. Romain Bertrand s'insurge contre le fait qu'il est toujours bon ton de s'émouvoir des arabesques et des enluminures des documents malais, mais dès qu'il s'agit de choses sérieuses, c'est à dire de politique, de science et de philosophie, personne ne s'y intéresse. En définitif les historiens ne s'intéressèrent qu'aux sources européennes comme par exemple Richard Winstedt qui affirmait en introduction de son histoire de la littérature malaise classique que : « le germe de toute romance malaise est une fable [...] manipulée par des gens immensément ignorants et incapables de tolérer l'unité de temps et de lieu et la vérité historique » On n'en finirait pas de porter des jugements péjoratifs portés sur les littératures et les historiographies insulindiennes. Encore aujourd'hui l'idée perdure que ces sources ne peuvent être passible que d'un usage documentaire ancillaire et lacunaire. L'histoire de l'insulinde portée par des orientaliste est donc toujours européocentrique en ce sens qu'elle est l'histoire des Européens dans l'océan indien, et donc in fine une histoire de l'Europe hors de l'Europe. Le monde insulindien demeure un champ historique presque vierge, Romain Ber...
histoire

« En définitif les historiens ne s'intéressèrent qu'aux sources européennes comme par exemple Richard Winstedt qui affirmait en introduction de son histoire de la littérature malaise classique que : « le germe de toute romance malaise est une fable […] manipulée par des gens immensément ignorants et incapables de tolérer l'unité de temps et de lieu et la vérité historique » On n'en finirait pas de porter des jugements péjoratifs portés sur les littératures et les historiographies insulindiennes.

Encore aujourd'hui l'idée perdure que ces sources ne peuvent être passible que d'un usage documentaire ancillaire et lacunaire.

L'histoire de l'insulinde portée par des orientaliste est donc toujours européocentrique en ce sens qu'elle est l'histoire des Européens dans l'océan indien, et donc in fine une histoire de l'Europe hors de l'Europe.

Le monde insulindien demeure un champ historique presque vierge, Romain Bertrand dresse alors le constat amère de notre méconnaissance en Europe sur cette partie du monde, reflet d'un désintérêt évident.

B) Influences et prédécesseurs La vision des orientalistes comme celle de Kern ou de Winstedt ne reflètent aucunement l'historicité du monde insulindien.

Avant d'exposer les avatars de la recherche de l'auteur, il convient de rappeler brièvement les influences de l'auteur, les travaux qui participèrent à un renouveau dans l'écriture des mondes extra-européens.

L'auteur reprend alors à son compte le projet braudélien de dessiner les contours d'une grammaire des civilisations.

Braudel prêcha pendant longtemps « qu'il n'y a pas une histoire d'Europe mais une histoire du monde ».

Sa grammaire des civilisations propose d'étudier les grandes civilisations, dans l'idée d'une multiplicité évidente des explications de l'histoire, une dialectique fondée sur la diversité des temps historiques.

De la même manière Jacobus Van Leur en 1940 soulignait déjà que l'histoire du monde devait refuser « le primat d'une histoire vue du pont du navire de négoce européen ».

En ce sens le récit lénifiant des grandes découvertes, au services des catéchismes nationaux, ne reflètent en aucun cas la réalité historique des mondes extra-européens. L'histoire globale contemporaine ne reconnaît pas non plus cet idéal européocentrique, et rompt ainsi avec toute logique de classification des civilisations, en se déportant sur le terrain de la comparaison.

Quelques travaux pionniers influencèrent ce décentrement de de l'écriture de l'histoire du monde.

Un décentrement qui s'opère d'un point de vue géographique autant que temporellement et qui porte une attention particulière à l'histoire des pratiques économiques et commerciales mais aussi politiques et religieuses. Mais c'est surtout dans le sillage de l'histoire connectée que s'inscrit la démarche de Romain Bertrand.

Ce champ à part entière de l'histoire globale prend pour domaine propre le questionnement des premières rencontres entre l'Europe et les sociétés politique extra européenne.

Dans ce contexte les travaux de Jean Aubin sur les relations insulindo-persannes, de Sunjay Subrahmanyam sur l'Inde portugaise, de Serge Gruzinski sur le Mexique hispanique peuvent être cités.

L'ensemble de ces travaux proposent une histoire connectée ; c'est à dire une histoire des connexions , des situations de contacts entre des groupes d'acteurs appartenant à des sociétés géographiquement éloignées.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles