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Soliman Le Magnifique

Publié le 27/02/2008

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Profitant de l'incertitude provoquée par l'avènement de Soliman, le mamelouk Jânbirdi al-Rhazali se souleva à Damas et s'y fit proclamer sultan. Les troupes ottomanes le défirent. " Les Turcs poursuivirent les fuyards jusqu'à Salhiyé (faubourg de Damas) et dans les environs de Damas. La population de Damas fut saisie de panique. Une cinquantaine d'hommes furent massacrés à Salhiyé ; dans chaque quartier, on comptait une centaine de victimes et autant dans chaque village. On comptait, disait-on, sept mille soixante-dix victimes. Les soldats anatoliens s'étaient répandus dans Salhiyé, dans les quartiers de la ville et dans les villages jusqu'à une distance de vingt-quatre heures de Damas. Ils brisaient les portes, pillaient les greniers, les maisons et les boutiques ; seuls avaient la vie sauve les gens qu'ils ne découvraient pas. La soldatesque n'hésitait pas à déshabiller les femmes et n'avait pas plus de respect pour la vertu des hommes ; ni soufi, ni jurisconsulte, ni notable ne trouvaient grâce devant elle. Des femmes s'étaient réfugiées dans la mosquée des Hanbalites, dans la madrasa Omarîya et dans quelques autres lieux ; les soldats anatoliens les attaquèrent, les déshabillèrent et en emmenèrent quelques unes, ainsi que des servantes, des esclaves et des enfants. "

« y fit relever la tombe, la mosquée et la madrasa d'Abou Hanîfa, le fondateur d'une des quatre écoles juridiques del'Islam sunnite, celle dont les Ottomans avaient fait leur doctrine officielle car les solutions moyennes qu'elleproposait permettaient de maintenir vivante l'unité de la Communauté et de donner une formation homogène àl'ensemble des ulémas au service de l'État.

Le sultan visita aussi les sanctuaires chi'ites de Bagdad, Najaf, Koufa etKerbela, pour témoigner de la vénération que le sunnisme portait à la famille de Mahomet, et de sa volonté de nepas prendre à l'égard des populations chi'ites une attitude d'hostilité systématique.

Ici, dans ces lieux prestigieux dela civilisation musulmane, dans ces villes arabes, le conquérant ottoman n'était plus qu'un pèlerin venant recueillir etrestaurer l'héritage où il trouvait la justification de son pouvoir et la source morale de son action. Les routes caravanières partant du golfe Persique et de la mer Rouge vers la Méditerranée se trouvaient placéessous la souveraineté ottomane.

Pour en garantir les accès orientaux, une flotte turque conquit Aden et le Yémen en1538, et, sur les côtes de l'Inde, disputa Diu aux Portugais.

Alep, Damas et Le Caire restaient abondamment pourvusen épices et autres denrées spéculatives qui, par les échelles, alimentaient le commerce méditerranéen.

L'énormenoyau continental musulman, que la Chrétienté occidentale avait toujours tant redouté, formait l'assise de lapolitique impériale que Soliman le Magnifique opposait à celle de Charles Quint pour qui l'Atlantique était le relais desrichesses d'Amérique. Cet extraordinaire combat mobilisa les passions et les énergies, mais aussi quelles fortunes ! L'entente avec lesBarbaresques avait permis de pousser la guerre contre les Habsbourg en Méditerranée occidentale, et, lorsque lecélèbre corsaire d'Alger Khayr ed-Dîn Barberousse fut nommé kapoudan pacha de la flotte ottomane en 1534, sesraids contre les côtes espagnoles et italiennes accrurent l'âpreté des opérations navales.

De part et d'autre, ellesfurent menées avec des galères de combat toujours plus nombreuses, toujours plus coûteuses.

Malte arrêta lesforces musulmanes en 1565.

Sur terre, malgré leurs succès, les troupes turques s'enlisèrent.

Après la mort de JeanZapolyai survenue en 1540, Soliman transforma les territoires hongrois qu'il occupait en provinces sousadministration ottomane.

La consolidation de ses positions en 1543 et 1544 obligea Ferdinand d'Autriche à demanderla paix, conclue en 1547, contre l'abandon de ses prétentions en Hongrie et le paiement annuel de trente milleducats que les Turcs interprétèrent comme un acte de soumission.

Des hostilités sans envergure reprirent de 1561 à1562 ; Ferdinand, devenu empereur, ratifia alors un traité par lequel il renonçait à la Transylvanie et continuait àpayer le tribut.

L'avance ottomane n'en avait pas moins été contenue par les petites places fortes peu à peudisposées par Ferdinand en un système de défense en profondeur ; il immobilisait une armée qui, mal préparée àaffronter les rigueurs de l'hiver, ne pouvait entreprendre que des campagnes d'été forcément assez brèves, jamaisdécisives, mais toujours cruelles car elles permettaient au sultan de payer et de nourrir les janissaires, donc d'éviterle danger persistant de leur agitation.

L'Empire ottoman maltraitait une frange européenne où l'arrêt de sadomination contraignait déjà son avenir. Il avait comme atteint un étalement maximum, mais aussi un prestige inégalé que Soliman le Magnifique sut assumerdans sa plénitude.

A Constantinople, Sa Majesté se réalisait au milieu d'un faste inouï : ainsi lors de ces fêtesdonnées à l'occasion de la circoncision de ses fils.

Plus tard, l'envoyé de Ferdinand, le Flamand Busbecq, mit de lasympathie et de l'admiration à le peindre : “ Je ne doute point que vous n'ayez la curiosité d'apprendre quel hommec'est que Soliman.

C'est un prince sur le déclin de son aage, qui paroist à son visage et à tout son corps estre digned'un si grand empire.

Il a la réputation d'avoir esté tousjours sage dans l'aage mesme qu'il est permis en quelquefaçon chez les Turcs de pécher sans reproche ; sa jeunesse n'a point esté infame par l'yvrongnerie, ny par l'amourdes garçons, quoy que ce sont les délices des Turcs ; et ses plus grands ennemys ne le blasment que d'estre tropsujet à sa femme et de s'estre laissé tromper par ses artifices, lorsqu'il a fait mourir son fils aîné Mustapha ; encoreimpute-t-on sa faute aux enchantements de cette sultane.

Tout le monde sçait que depuis son légitime mariage iln'a couché avec aucunes de ses concubines, quoy qu'il ne luy soit point deffendu par sa Loy, dont il est si sévèreobservateur, et de toutes ses cérémonies, qu'il a autant de passion de les faire recevoir partout que d'agrandir sonempire.

Sa santé n'est pas mauvaise pour ses années, si sa mauvaise couleur n'estoit une marque de quelquesecrette maladie, que la pluspart du monde croit estre une gangrène dangereuse à la cuisse.

Ce prince a soin decorriger le vice de son teint avec du vermillon et du rouge, lorsqu'il sçait qu'un ambassadeur est prest de venirprendre congé de Sa Hautesse, croyant qu'il est important pour sa réputation qu'on ait bonne opinion de sa santépour se faire craindre des estrangers comme se portant bien et estant robuste ; ce qui fut cause que je luy vis unmeilleur visage en luy disant à Dieu, que lors que je l'avois veu la première fois.

” Eut-il des affections ? Par sa faveur, un Épirote d'humble origine chrétienne, formé à l'école des pages du palais,beau et talentueux, devint le somptueux et arrogant Ibrâhîm Pacha, époux de la sœur du sultan, grand vizir de 1523à 1536, étranglé à cette date sur l'ordre de son protecteur.

N'est-ce pas l'itinéraire d'une amitié jalouse quel'ambition aveugle d'Ibrâhîm Pacha, son impiété affichée comme un outrage à l'unité de l'Empire, la concurrenced'une femme portèrent à la haine ? Il n'y eut plus alors que Khurrem Sultane, la fameuse Roxelane des auteursoccidentaux.

Cette esclave circassienne, achetée pour le harem du sultan, séduisit Soliman moins par sa beauté quepar son esprit et sa gaieté ; écartant ses rivales, parvenant à devenir la première concubine légale, elle le tint parsa puissante faculté d'intrigue qui s'épanouit après la mort, en 1533, de la Validé Sultane, la sultane mère.

Elleassura la carrière de son gendre Rüstem Pacha qui accéda au grand vizirat, et, utilisant l'astuce pour provoquerl'exécution du fils d'une autre femme, elle réserva à sa seule descendance mâle la succession au sultanat.

Ausurplus munificente, elle fit construire des mosquées et des hôpitaux.

Ce fut à partir de son temps que les rivalitésde factions à l'intérieur du sérail prirent des proportions si importantes sur l'action gouvernementale ; lasédentarisation du sultan qui suivit l'ankylose de la conquête subit ce funeste environnement. La solidité de l'Empire vint de sa constitution en un État durable par l'élaboration d'une législation répondant à son. »

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