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Touthmôsis III

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Lorsque Touthmôsis III put effectivement exercer le pouvoir, après les vingt ans d'usurpation de la reine Hatchepsout (1484 av. JC), il trouva la situation extérieure de l'Égypte sérieusement compromise. A l'intérieur de la zone de protectorat que Touthmôsis Ier avait portée jusqu'à l'Euphrate, les petits États asiatiques soumis avaient cessé de payer à l'Égypte le tribut auquel ils étaient astreints. Et sous l'impulsion du royaume de Mitanni, que l'Euphrate séparait des protectorats égyptiens, trois cent trente princes et cités avaient formé une coalition contre l'Égypte sous l'autorité du prince de Qadesh. Sans perdre de temps, Touthmôsis III se mit aussitôt en campagne. Ce fut la première des dix-sept expéditions militaires dont les annales gravées sur les murs du couloir entourant le Saint des Saints du temple élevé par Touthmôsis III à Karnak, nous ont conservé le souvenir. En quelques semaines, le roi mena ses troupes jusque devant Megiddo où il écrasa les coalisés qui se réfugièrent dans la ville. Après sept mois de siège, acculée par la famine, la place forte se rendit.

« La guerre fut loin de remplir le règne de Touthmôsis III.

La reine Hatchepsout avait remis les pouvoirs de l'État entreles mains du grand prêtre d'Amon.

L'Égypte était devenue une théocratie menacée de s'engourdir sous uneoligarchie cléricale.

Touthmôsis III restaura l'autorité royale, non seulement en créant deux vizirs laïcs, l'un pour laHaute, l'autre pour la Basse Égypte, mais en s'arrogeant le droit de nommer tous les prêtres, de tous les cultes.Pour détruire les patriotismes locaux qui pouvaient subsister dans les anciennes principautés féodales de HauteÉgypte, il substitua aux treize principautés que comptait l'Égypte de Siout à Éléphantine, vingt-sept provinces quimorcelèrent les anciens territoires féodaux en circonscriptions administratives.

Toute noblesse privilégiée, tantlaïque que cléricale, disparut.

Toutes les charges publiques furent exercées par des fonctionnaires nommés par le roiparmi des gens de toutes conditions qui, lorsqu'ils accédaient aux hautes charges de l'État, étaient décorés detitres honorifiques qui en faisaient les égaux des anciens nobles.

Ce fut surtout à l'organisation de la justice ques'attacha Touthmôsis III, en la soumettant à l'autorité des deux vizirs.

Il est intéressant de noter que ce ne futpoint là le fait d'une évolution progressive, mais une œuvre réalisée en vertu d'un plan systématique qui donnacertainement lieu à une intense activité législative.

Les quarante rouleaux qui représentaient le code des loiségyptiennes et qui étaient rangés devant le vizir lorsqu'il donnait audience en font foi.

Sous Touthmôsis III, lesanciens tribunaux de notables furent transformés en tribunaux royaux siégeant dans les provinces, dans les districtset jusque dans les simples localités.

Par-dessus ces tribunaux, deux cours royales furent installées, l'une à Thèbes,l'autre à Héliopolis, présidées, la première par le vizir de Haute Égypte, la seconde par le vizir de Basse Égypte.

Laprocédure était écrite, les parties déposaient des mémoires conservés au greffe du tribunal et les jugements étaientenregistrés.

Le texte du discours prononcé par le roi à l'occasion de l'installation du vizir Rekhmirê a été conservédans la tombe de celui-ci.

Au milieu de ses préoccupations de grand capitaine et de fondateur d'empire, TouthmôsisIII y apparaît comme étant, par-dessus tout, pour son peuple, le dispensateur de la justice.

En présence de tous lesgrands fonctionnaires, il expose comment Rekhmirê doit concevoir ses fonctions de juge suprême :Le document décrit brièvement le décor.

Dans la salle d'audience du Palais, le roi siège sur son trône, installé sousun dais d'or fin.

On introduit les conseillers en présence du roi, puis on fait entrer le vizir.

Sa Majesté lui dit :"Puisses tu veiller sur l'office du vizir et te montrer vigilant pour tout ce qui s'y fait, car c'est la stabilité du pays quien dépend."Exercer le vizirat, ce n'est certes pas une chose douce : c'est amer comme le fiel.

Être vizir, c'est être l'airain quientoure l'or de la Maison de son Maître..

C'est ne pas se montrer complaisant à l'égard des magistrats du Conseil,mais c'est aussi ne pas user de qui que ce soit à son avantage.

[...]"Se présente-t-il un requérant du Sud ou du ; Nord, en un mot, du pays entier, pourvu de ses pièces en vue d'uneaudience à l'office du vizir, veille à juger toute cause conformément aux dispositions de la loi, et selon la rectitudequi lui est propre, en faisant droit à chacun."Quand un magistrat juge publiquement, l'eau et le vent font rapport sur tout ce qu'il fait ; on n'ignore rien de sesagissements.

Un requérant qui a été jugé ne pourra pas dire : "Je n'ai pas été mis dans mon droit.""Garde-toi des reproches qu'on faisait au vizir Khety parce qu'il désavantageait les membres de sa famille au profitd'étrangers, dans la crainte qu'on put le traiter de partial ; cela c'est aller au-delà de la Justice."Ne juge pas irrégulièrement : l'abomination du roi, c'est la partialité."Telle est la doctrine.

Il te faudra agir en conséquence.

Tu verras celui qui t'est connu comme celui qui t'est inconnu; celui qui t'approche, comme celui qui est éloigné de toi.

Le magistrat qui agit ainsi prospérera ici en cette place."N'écarte pas un requérant sans avoir prêté attention à sa requête.

Lorsqu'un requérant en appelle à toi, ne rejettepas ses paroles, sous prétexte qu'elles auraient déjà été dites.

Ne l'éconduis qu'après lui avoir fait entendre lesraisons pour lesquelles tu l'éconduis, car on prétend qu'un requérant aime qu'on prêté attention à ses propos, plusencore que de voir juger ce pourquoi il est venu."Ne te fâche pas injustement contre un homme ; fâche-toi seulement quand il y a lieu de te fâcher.

Inspire tacrainte, de façon qu'on te craigne, car est véritablement magistrat, le magistrat que l'on craint.

Mais le prestige dumagistrat reste avant tout dans sa pratique de la justice.

Si un homme se fait craindre excessivement, il y a en luiquelque chose d'injuste qui empêche les gens de dire de lui : "C'est un homme.""Sois assuré que le magistrat qui parle injustement, est jugé en conséquence."Mais tu réussiras si tu exerces cette fonction en pratiquant la justice, car c'est l'exercice de la justice que l'onattend du comportement du vizir."Vois ce qu'on dit du scribe du vizir : "Scribe de la Justice", par ce que l'office dans lequel tu juges contient unelarge pièce où son conservés les procès-verbaux de tous les jugements.

[...]"N'exécute pas ton désir à propos de choses dont tu connais la loi qui doit les régir.

[...]"Agis conformément aux instructions qui te seront données." La vaste armature centralisée que s'est donnée l'Égypte a pour sommet et pièce centrale, le roi lui--même. Divers documents de la XVIIIe dynastie permettent d'établir quel est ce rôle personnel du roi : tous les matins, àThèbes, le vizir de Haute Égypte le met au courant de la situation du pays.

Il prépare avec lui les décrets royaux.Puis le roi donne audience au directeur du Trésor qui lui fait personnellement rapport sur l'état des finances.

Il reçoitles requêtes judiciaires que lui font parvenir des fonctionnaires, jusqu'à de simples ouvriers au service de l'État.Après les avoir examinées, il les transmet au vizir.

L'administration des Travaux Publics travaille en étroite liaisonavec le roi qui surveille les travaux en cours.

Il préside au service des eaux, s'assure de l'état des canauxd'irrigation.

Il entreprend fréquemment des tournées d'inspection dans les provinces, qui lui permettent de se rendrecompte de la manière dont vit le peuple. Il préside au culte avec le Grand Prêtre d'Amon, et s'occupe personnellement de la construction des temples.

Ilprocède à la nomination des fonctionnaires et à celle des prêtres de tous les cultes.

Il visite les mines et lescarrières, parcourt les routes de caravanes tracées à travers le désert pour relier le Nil à la mer Rouge, et décide de. »

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