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Turquie de 1990 à 1994 : Histoire

Publié le 16/01/2019

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Les bouleversements politiques au Proche-Orient et dans l'ex-URSS depuis 1989 ont donné à la Turquie l'opportunité de redevenir un pays charnière entre l’Occident et l'Asie, et d'accéder au rang de puissance régionale. Cette ascension est cependant freinée par des handicaps internes, dont, en premier lieu, la question kurde.

 

La Turquie, nouvelle puissance régionale ?

 

La décennie commence sous de sombres auspices : après avoir vu, en décembre 1989, sa candidature à l'entrée dans la CEE implicitement rejetée par Bruxelles, Ankara connaît, à la faveur de la détente entre les blocs, une remise en cause de son rôle stratégique au sein de l'OTAN.

 

La crise du Golfe en août 1990 lui permet pourtant d'échapper à la marginalisation qui la menace alors. À cette occasion, la Turquie opte résolument pour une position prooccidentale contre l'Irak. L'embargo à l'égard de ce dernier est strictement appliqué ; les bases turques sont mises au service de l’aviation de la coalition, afin qu’elle bombarde le nord de l'Irak.

 

Cependant, l'opposition de l'opinion publique mais aussi de la haute administration ne permet pas au président Turgut Ozal d'engager son pays aussi loin qu'il le souhaite ni d'envoyer un contingent turc en Arabie Saoudite. La crise cause d'importantes pertes financières à la Turquie et provoque l'afflux, au printemps 1991, de plusieurs centaines de milliers de réfugiés, des Kurdes pour la plupart, en provenance d’Irak. Ces charges sont en partie compensées par des augmentations de l'aide militaire et économique, annoncées en février et mars 1991 par le gouvernement américain, qui entérine ainsi le nouveau rôle stratégique joué par la Turquie dans la région. Ankara déploie par ailleurs une intense activité diplomatique, à la faveur du repli, puis de l'éclatement de l'URSS, en direction des populations turcophones ex-soviétiques.

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© Konuksever · Si pa Prtss des pays du Caucase (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie), du nord de la mer Noire (Moldavie, Russie, Ukraine), des Balkans (Bulgarie, Grèce, Roumanie).

Faute de capitaux et en raison d'obstacles politiques internes, la Turquie est cependant encore loin de pouvoir donner libre cours à ses ambitions de puissance régionale.

Un pays handicapé par ses problèmes internes Elle pâtit, en effet, d'une situation économique difficile.

Le redressement, incontestable depuis 1983, est aujourd'hui sérieusement remis en cause par un désordre monétaire croissant.

Cette dégradation est notamment imputable à l'embargo imposé à l'Irak (amenant Ankara à réclamer son allègement fin aoOt 1994), mais aussi au coOt du traitement exclusivement militaire réservé au séparatisme kurde.

Ce dernier connaît un durcissement depuis le printemps 1990.

Les élections législatives d'octobre 1991, en portant au pouvoir une coalition comprenant le Parti de la juste voie (conservateur) et le Parti social-démocrate populaire, laissent espérer la recherche d'une solution négociée.

La volonté d'ouverture affichée par le nouveau Premier ministre, Suleyman Demirel, lors de sa prise de fonctions, ne parvient pas, toutefois, à s'imposer face à l'intransigeance des corps constitués de l'État.

Leur désir de poursuivre dans la voie de la répress.i on entraîne une constante escalade de la violence entre les forces de l'ordre et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs kurdes (PKK) dans le sud-est du pays.

Cette « logique » conduit à des violations permanentes des règles démocratiques, qui sont pourtant censées progresser depuis la fin de la dictature militaire.

Se fondant sur la Constitution instaurée par cette dernière en 1981 et encore en vigueur, l'État turc réprime sévèrement toute manifestation de soutien à la cause kurde.

Ainsi, le 23 mars 1994, les députés du Parti démocratique prokurde sont arrêtés, puis condamnés à de lourdes peines en décembre de la même année.

La coalition au pouvoir, dirigée depuis juin 1993 par Tansu Ciller (après l'accession de Suleyman Demirel à la présidence à la suite de la mort de Turgut Ozal), fait également face à la montée de l'opposition islamiste.

Celle-ci comporte une mouvance extrémiste qui n'hésite pas, depuis 1 990 , à recourir à la violence, assassinant les défenseurs de la laïcité.

En juillet 1993, une manifestation islamiste contre un congrès d'intellectuels à Sivas fait trente-sept victimes pa rmi ces derniers.

Cette progression, fruit du mécontentement social, se traduit également par la percée du Parti de la prospérité aux élections municipales de mars 1994, les islamistes remportant notamment les mairies d'Ankara et d'Istanbul.. »

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