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Yoshida Shigeru (Histoire)

Publié le 22/02/2012

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En 1945, le Japon, détruit de fond en comble, terrain d'expérience de deux bombes atomiques, se résignait à capituler sans conditions en acceptant les termes fixés par les Grands à Potsdam. Son Empereur Hiro-Hito se livrait à la merci des Alliés, prenant l'initiative d'ordonner la cessation des hostilités. Cette date allait autant marquer l'histoire du Japon que la révolution de Meiji en 1868. Pendant plusieurs années, le pays sera soumis à une occupation d'un type nouveau, celle des États-Unis qui s'emploieront à le "démocratiser" à l'américaine. Pour exécuter cette politique, il fallait un ordonnateur : ce fut le tout-puissant général MacArthur. Il convenait en même temps de s'assurer d'une courroie de transmission qui appliquât ces principes à la réalité japonaise. L'homme devait avoir de l'expérience, de l'autorité parmi ses compatriotes et ne pas s'être compromis avec la clique militaire précédemment au pouvoir.
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« compte du peu de hâte qu'il mettait à accomplir les réformes.

Parmi celles qui eurent le plus d'effet, figurent celle dela Constitution (1947), la réforme agraire (1946-1948) et celle de l'enseignement qui tendait à adopter le modèleaméricain et supprima le système des examens nationaux (1954). Yoshida demeura Premier ministre sans discontinuité jusqu'à la fin de 1954.

Pendant son ministère, le Japon régénéréavait dépassé son niveau économique d'avant-guerre.

Le "miracle" japonais se dessina à partir du "boom" de laguerre de Corée, malgré des tendances à la surchauffe et à l'inflation. C'est pendant cette période que fut signé le traité de paix de San Francisco (8 septembre 1951).

Six ans et huitmois après la capitulation sur le Missouri, le Japon passait du statut de vaincu à celui d'allié des États-Unis, qu'il aconservé depuis lors. Parallèlement, le Japon signait avec les États-Unis un pacte de sécurité accompagné d'un accord administratif quiplaçait le pays sous la protection militaire des États-Unis et en particulier sous son "ombrelle nucléaire".

Le traité desécurité, renouvelé en 1960 et reconduit dix ans plus tard, est demeuré la pierre angulaire du système de défensejaponais. A San Francisco, l'Union Soviétique et l'Inde avaient refusé d'apposer leur signature au traité de paix parce que lemaintien de bases américaines leur paraissait limiter la souveraineté du Japon et que la Chine n'était pas associée àcet accord.

Par lettre datée du 24 décembre 1951, Yoshida en effet avait fait savoir au Secrétaire d'État américain,Foster Dulles, qu'il ne souhaitait pas traiter avec le gouvernement de Pékin.

Le jour même de l'entrée en vigueur dutraité de San Francisco et du pacte de sécurité (28 avril 1952), il conclut un traité de paix séparé avec le régime deTchang Kaï-chek, qui allait, pendant de longues années, hypothéquer les relations du Japon avec la Chine.

En outre,ayant pris sa retraite, il fut chargé de maintenir des liens avec Taiwan.

Le 7 mai 1964, il adressa à Tchang Tchun,Secrétaire général de la Présidence à Taipeh, une lettre confidentielle par laquelle il assurait les autorités de l'île desbonnes intentions japonaises à leur égard.

Jusqu'à l'établissement de relations diplomatiques avec Pékin en 1972, legouvernement de Tokyo se prévalut toujours de cette lettre de Yoshida, jamais publiée, pour refuser des crédits àlong terme à la Chine. Yoshida mourut à l'âge de quatre-vingt-neuf ans, le 20 octobre 1967, quelques mois après Adenauer.

Ce fut lepremier homme d'État, après la guerre, à être honoré par des funérailles nationales. Peu d'hommes auront laissé une empreinte aussi considérable sur le Japon d'après-guerre que Yoshida Shigeru.

Sessuccesseurs ne seront que ses continuateurs.

C'est lui qui inaugura la tradition d'introduire des hauts fonctionnairescomme Ikeda et Sato dans la vie politique.

Il aura donné au Japon ses institutions et son orientation.

Certes laConstitution et le système éducatif ont fait l'objet de critiques de la part de milieux se situant généralement àl'extrême droite du Parti Conservateur.

Il n'en demeure pas moins que c'est muni des outils dont l'a pourvu Yoshida,grâce aussi à son talent manœuvrier, que le Japon aura recouvré rapidement ses forces et sa souveraineté et qu'ilsera parvenu, quelque trente ans seulement après l'anéantissement de Hiroshima, au rang de troisième puissanceéconomique du globe.. »

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