« Dans Madame Bovary, Flaubert porte un regard pessimiste sur le futur de la société française. ». Qu’en pensez-vous ?
Publié le 11/05/2023
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«
Sujet : Selon le critique littéraire Hervé Tetiste : « Dans Madame Bovary, Flaubert porte un
regard pessimiste sur le futur de la société française.
».
Qu’en pensez-vous ?
Madame Bovary est un roman écrit par Gustave Flaubert en 1854.
Comme l’indique
son sous-titre « Mœurs de province », ce roman propose une satire de la société française
au XIXe siècle au travers de la vie d’Emma.
A ce propos, Hervé Tetiste écrit « Dans Madame
Bovary, Flaubert porte un regard pessimiste sur le futur de la société française ».
Il nous
indique donc que Flaubert porte une vision négative sur la société et sur son évolution.
Cette analyse est elle pertinente ? Pour le savoir, nous étudierons, tout d’abord, en quoi la
société présentée est médiocre, ensuite, nous analyserons pourquoi la société française est
en plein déclin puis nous démontrerons que c’est une société sans avenir.
Au travers de Madame Bovary, Flaubert décrit une société française médiocre, dans
laquelle personne ne présente de qualité positive.
L’ensemble des classes sont visées.
Nous
découvrons des paysans sans raffinement qui font preuve de manières vulgaires lors des
noces d’Emma comme l’indique le passage « la mariée avait supplié son père qu’on lui
épargnât les plaisanteries d’usage » (I, 4).
Les aristocrates sont présentés comme une
classe dépassée et sans avenir, qui ne cherche que son plaisir.
Ceci est particulièrement
visible lors de la soirée de gala passée par les Bovary au château de la Vaubyessard (I,8).
Ils
jouent aux cartes, dansent, montent à cheval.
Le monde bourgeois est, quant à lui, décrit
comme un ensemble de gens méprisables.
Les personnages d’Homais et de Lheureux
montrent une classe sociale pleine de vices et de défauts.
Ils sont égoïstes, cyniques,
arrivistes.
De plus, Flaubert expose une société basée sur l’argent, vénale et corrompue.
Lheureux, le commerçant mais aussi usurier fait chanter Emma, l’accule face à ses dettes.
Il la
pousse dans ses retranchements en venant lui réclamer une partie de l’héritage paternel de
Charles en contrepartie d’argent qu’elle lui doit.
Il demande d’utiliser la procuration reçue de
Charles, lui trouve un acquéreur et lui laisse miroiter la possibilité d’obtenir la moitié de la
somme de la vente (III,5).
Lheureux exploite la frénésie dépensière d’Emma à son avantage.
De même, le percepteur Binet, au travers de sa réaction excessive à l’égard d’Emma
lorsqu’elle lui demande une aide financière, montre sa passion pour l’argent (III,7).
Cet excès
d’intérêt pour l’argent renforce la médiocrité de la société qui entraîne Madame Bovary au
suicide.
Enfin, la médiocrité de la société apparaît dans sa capacité à promouvoir les
incompétents : la plupart des professions à responsabilité sont exercées par des gens qui n’en
ont pas les aptitudes.
L’épisode de l’opération du pied bot d’Hippolyte, un palefrenier, en est
un bon exemple.
Homais fait la promotion d’une nouvelle méthode pour guérir les pieds bots
en les enfermant dans une boîte après avoir coupé le tendon coupable.
Il va convaincre
Emma de le soutenir puis Charles de réaliser l’opération.
Charles va, alors, se documenter sur
la méthode pendant qu’Homais décide Hippolyte à se faire opérer.
L’ensemble du village
insiste auprès d’Hippolyte pour qu’il accepte.
Hippolyte va donc céder et se faire opérer.
Une
fois, l’opération réalisée, le résultat escompté n’a pas lieu.
Le pied d’Hippolyte se boursoufle,
sa jambe tout entière se tuméfie.
La gangrène le gagne.
L’amputation de sa jambe est
obligatoire.
Une énorme erreur médicale vient d’être faite par Homais et Charles à cause de
leur incompétence sur le sujet des pieds bots.
Flaubert, dans Madame Bovary, présente donc une société médiocre, sans qualité,
vénale, laissant augurer d’un futur peu brillant.
De plus, la société présentée dans Madame Bovary est une société en déclin,
principalement sur le plan culturel et intellectuel.
En effet, nous observons que la bourgeoisie du XIXe siècle fait preuve d’un faible niveau
intellectuel puisqu’elle n’arrive pas à utiliser correctement l’art oratoire.
Dans le discours du
conseiller « Lieuvain », lors des comices agricoles, on constate son incapacité à écrire un
discours construit.
Il utilise des métaphores aussi stéréotypées que maladroites, comme celle
du roi “ qui dirige à la fois d'une main si ferme et si sage le char de l'État parmi les périls
incessants d'une mer orageuse ".
Le cliché du “char de l’état”, véhicule terrestre, s’avère peu
compatible avec celui de la “mer orageuse”, preuve que le discours est mal travaillé et mal
maîtrisé.
Le rapprochement de ces deux métaphores n’a pas de sens.
Dans ce même discours,
il va associer les beaux-arts avec l’industrie et l’agriculture alors que ce sont des choses qui
n’ont rien à voir (II,8).
Tout cela montre la pauvreté intellectuelle du conseiller, et, au sens
plus large, de la bourgeoisie qu’il représente.
De plus, Flaubert décrit une société culturellement pauvre.
Ainsi, Emma, qui se pense
pourtant cultivée, mélange maladroitement les styles décoratifs, les périodes, les influences.
En effet, sa chambre de jeune fille est une vraie cacophonie culturelle : on y trouve un lit à
baldaquin du moyen âge, une tête de Minerve rappelant l’antiquité portée par un
encadrement type renaissance et, en plus, des sacs de blé qui traînent (I,2).
Flaubert porte
ainsi un regard satirique sur les incohérences esthétiques de la chambre d’Emma, pour
montrer le déclin culturel de la société et son mauvais goût.
Flaubert insiste sur ce point avec la description de la pièce montée de ses noces qui est une
cacophonie culturelle (I,4).
Il parle de « colonnades » et de « donjon » qui évoquent des
périodes historiques différentes.
Pour finir, Flaubert nous dépeint le déclin de l’esprit religieux par l’entremise du déclin
d’un clergé devenu terre....
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