1995 : Espagne : les inconnues de l'alternance

 Bien que Baltasar Garzon, le juge chargé de l'instruction de cette affaire, ait précisé que la culpabilité du chef du gouvernement n'avait pas encore été clairement établie, les plus hauts dignitaires de l'État sont éclaboussés par le scandale. Financement occulte du Parti socialiste, relations frauduleuses entre hommes politiques, banquiers et hommes d'affaires, corruption de hauts fonctionnaires, écoutes téléphoniques illégales (y compris au palais royal), recrudescence des attentats de l'ETA: tels sont les éléments d'une crise de régime sans précédent depuis 1982. Alors que le taux de croissance est mensuellement corrigé et revu à la hausse par la Banque d'Espagne (environ 3,2 % pour l'année 1995) et que le cours de la peseta semble consolidé après les deux dernières dévaluations (fin 1994-début 1995), la crise est avant tout d’ordre politique. Elle met à nu les écueils majeurs de la transition démocratique espagnole, parmi lesquels le maintien de l'appareil policier hérité du franquisme et le détournement de fonds publics à des fins d'enrichissement personnel. A la veille des élections législatives anticipées prévues pour le mois de mars 1996, l'Espagne a connu quatorze années de gouvernement socialiste, au cours desquelles elle s'est profondément transformée. 

Voici vingt ans, l'Espagne amorçait sa transition démocratique. Les changements ont été importants, voire impressionnants, parfois vertigineux.

Désormais, pleinement intégrée à l'Union européenne, l'Espagne devra, au cours du xxie siècle, consolider sa place privilégiée au sein du vaste monde hispanophone. Cependant, malgré les progrès accomplis, le système politique espagnol accuse un retard préoccupant.

La crise du régime socialiste a ouvert la voie à une alternance

qui suscite plusieurs interrogations.