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A Hélène de PIERRE DE RONSARD (commentaire)

Publié le 15/02/2012

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ronsard

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle

 

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,

Assise aupres du feu, devidant et filant,

Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant :

Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle.

 

Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,

Desja sous le labeur à demy sommeillant,

Qui au bruit de mon nom ne s'aille resveillant,

Benissant vostre nom de louange immortelle.

 

Je seray sous la terre et fantaume sans os :

Par les ombres myrteux je prendray mon repos :

Vous serez au fouyer une vieille accroupie,

 

Regrettant mon amour et vostre fier desdain.

Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :

Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.

Ce sonnet fameux a fait l'objet d'innombrables commentaires. L'un des derniers, strictement littéral, paru en 1935 dans une revue destinée aux élèves de l'enseignement secondaire, s'est efforcé de démontrer que nous avions grand tort de nous extasier sur les « beautés « de ces vers célèbres et que la plupart de nos admirations reposaient sur notre ignorance du vocabulaire du xvie siècle....

Volontairement, nous nous en tiendrons à l'interprétation traditionnelle. La lettre tue, l'esprit vivifie. Si ce morceau a recueilli tant de suffrages en son temps et au nôtre, c'est moins, sans doute, grâce à ce que signifient les mots pris isolément qu'à la poésie qui se dégage de l'ensemble. Ne raisonnons pas pour nous empêcher d'avoir du plaisir; laissons-nous prendre aux entrailles par les choses que des hommes intelligents, avertis, au goût sûr, ont déclarées belles.

ronsard

« nutne tete.

» Ailleurs it montrait « la jeune fille attachee a de durs travaux, vaineue par le sommeil et laissant tomber peu a peu youvrage de ses doigts ».

Plus directe encore est l'imitation de.

Petrnrque.: rappelle Laure, la dame ideale, chantee par Ie sonnettiste ° Les idees sont asset nales, et ce ne sont pas elles.

qui font de ce sonnet t hef-d p 'eeuvre.

On pent les ramener it deux; gni se comPenetrent :..

1° le bonheur est ephemere, hatons-nous d'en jouir; 2° le poete immortalise les noms qu'il a tones.

La premiere, toute palenne, sans elevation, revele l'hu- maniste, l'admirateur d'Horace : Hodie gaudeamus; cras enim moriemur (Rejouissons-nous aujourd'hui, car demain nous serons morts).

Ainsi parlait le moraliste epicurien.

Deux cent cinquante ans apres Ronsard, Lamartine reprendra ce vieux refrain : Hatons-nous, jouissons, L'homme n'a point de port; le temps n'a point de rive,.

II coule, et nous passons.

(Le.

Lac.) La seconde idee n'est guere plus originale; nous la retrouvons chez Mal- herbe et Corneille, pour ne titer que ceux-la. Mais qu'en de si beaux faits vous m'agez pour temoin, Connaissez-le, mon Roi, c'est le comble du soin Que pour vous obliger ont eu les destinees. Tous vous savent louer, mail non egalement. Les ouvrages communs durent quelques annees; Ce que Malherbe ecrit dare eternellemerzt. Corneille, dela grison, tient a « Marquise », Mue Du Pare, comedienne de la troupe de Moliere, le merne langage que Ronsard a, Helene : Chez cette race nouvelle Oh faurai quelque credit Vous ne passerez pour belle Qu'autant que je l'aurai dit. Ce qui confere a ces vers une reelle valeur, ce sont plutOt les tableaux contrastes, renfermes l'un dans les quatrains et l'autre dans les deux pre- miers vers du premier tercet; les sentiments tres humains, sinon eleves, qui se greffent sur les deux idees; I'heureux choix des mots, le charme &suet de certains; l'habilete des coupes; la musicalite de la phrase; enfin la forme meme one Ronsard a choisie : le sonnet. Deux tableaux, artistement composes et opposes, attirent tout d'abord notre attention.

Its representent, le premier, Helene et sa servante, le second, Helene et Ronsard.

Le temps, le lieu de la scene, les gestes, les attitudes, les paroles des personnages sont indiques avec precision. C'est le soir, a la lueur des chandelles allumees pour la veillee; c'est pres du feu de boil qui flambe dans la waste cheminee, que se deroule la premiere action.

Helene, vieillie, s'est assise au coin de l'Atre pour occuper ntilement les dernieres heures du jour.

Nous nous la representons, avec sa quenouille et son rouet, « devidant et filant ».

Elle accompagne d'un chant appris en sa jeunesse le travail de ses doigts : ce sont des vers de Ronsard - dont un grand nombre ont ete mis en musique du vivant de l'auteur.

Elle a de speciales raisons pour chanter ceux-ci plus volontiers que d'autres sa beaute, aujourd'hui evanouie, les a inspires an poete.

Elle se souvient melancoliquement « du temps qu'elle etait belle »; et ces vers, jadis dedaignes, lui paraissent maintenant merveilleux...

Vis-à-vis, une servante, fatiguee par les ruder labeurs du jour, ravaude nonchalamment le linge; ses yeux se ferment, sa tete s'incline, mais « au bruit de Ronsard », nutr.e tête.

» Ailleurs il montrait « la jeune fille attachée à de durs travaux, vaincue par le sommeil et laissant tomber peu à peu l'ouvrage de ses doigts ».

Plus directe encore est l'imitation de~ Pétrarque'; Hélëne râppene Laure, la dame idéale, chantée par l'e sonnettiste itali'en: ' ., Les idées sont assez bJlna1es, et ce ne sont pas elles.

qui fo9t de ce sqnnl:ît U.1i cnef-d'œuvre.

ùn peut les.

ramener à deux, qüf' se eompénèf'Fent ::.

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