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A quoi peut servir un poète ?

Publié le 17/01/2022

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Malherbe : un « bon poète n'était pas plus utile à l'État qu'un bon joueur de quilles«

 

« Ouvre comme une paume aux souffles de la mer.» [2.

La grande mission du poète, une mission humaine...] Georges Duhamel, homme de lettres du XXe siècle, fixait des missions encore plus ambitieuses aux poètes: «Net'imagine pas que les oeuvres des poètes soient uniquement destinées à distraire tes loisirs.

Elles ont une missionmoins évidente, plus belle, celle de te mettre en possession de ton bien.» [2.1.

Le poète nous révèle à nous-mêmes] De quel bien s'agit-il ? de ma nature d'homme, de ce qui me rend plus humain et me donne ma dignité, ma grandeur.Chaque être unique tient, aujourd'hui plus que jamais, à sa singularité.

Mais cela n'est pas incompatible avec un fonds de sentiments et de pensées communs à tous les hommes d'une même culture ou même de l'humanité entière.Et c'est ce qui permet de se reconnaître dans ce que le poète a écrit, le poète qui devient l'interprète de ce quil'entoure. Victor Hugo se justifiait ainsi des reproches qu'on pourrait adresser aux poètes: « On se plaint quelquefois desécrivains qui disent moi: "Parlez-nous de nous", leur crie-t-on.

Hélas! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous.

Comment ne le sentez-vous pas? Ah insensé, qui crois que je ne suis pas toi!» (Préface des Contemplations.) Le poète qui s'épanche exprime plus que sa propre personnalité: il donne une forme aux idées et aux sentiments quechacun porte en soi, souvent sans le savoir.

Il nous révèle à nous-mêmes.

Ce qui dormait en nous, s'éveille grâce àlui et, par lui, nous nous trouvons plus riches d'idées, de sentiments, d'aspiration à la beauté, [2.2.

Reprendre les grands thèmes du lyrisme en les renouvelant] Ce sont toujours les mêmes grands thèmes que développent les poètes depuis Ronsard: l'inquiétude du temps quipasse, le désir d'un amour durable, la crainte de la mort, l'angoisse de notre destinée, notre relation avec la nature,aujourd'hui le mal de vivre dans les villes, la solitude, la difficulté de communiquer avec autrui. La sensibilité des poètes ne change pas, mais chacun, entre tradition et modernité, cherche à trouver sa proprevoix en innovant, en se libérant des contraintes formelles, en recherchant un nouveau langage poétique pour explorer le monde, donner aux sensations tout leur pouvoir pour saisir l'essence des choses.

Peut-être les poètescontemporains nous touchent-ils plus particulièrement parce qu'ils parlent notre langue, à moins que ce ne soit euxqui nous aient appris à parler comme eux —Apollinaire, Eluard, Aragon, Cadou, Jaccottet...

—, mais nous sommesencore sensibles à l'humour ou aux plaintes de François Villon dans sa « ballade des pendus»: «Frères humains, qui après nous vivez...» [2.3.

La poésie dévoile et renouvelle] Le poète non seulement nous aide à voir plus clair en nous mais il renouvelle aussi notre vision du monde, deschoses les plus quotidiennes.

Jean Cocteau définit ainsi la poésie: «L'espace d'un éclair nous voyons un chien, unfiacre, une maison pour la première fois.

Voilà le rôle de la poésie.

Elle dévoile dans toute la force du terme.

Ellemontre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sensenregistraient machinalement.

Mettez un lieu commun en place, nettoyez-le, frottez-le, éclairez-le de telle sorte qu'il frappe avec sa jeunesse et avec la même fraîcheur, le même jet qu'il avait à sa source, vous ferez oeuvre depoète.» (Le Secret professionnel.) Par une image insolite, par une association inattendue de mots— cocasse ou émouvante—, un mélange de couleurs, de sonorités, nos habitudes de langage, de pensée, de perception sontremises en question... «Bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle» (Apollinaire, «Zone».) ou bien nous envahit un sentiment de bonheur, de plénitude: «Et comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.» (Baudelaire, «Recueillement», Les Fleurs du mal.) [Conclusion] Dans les temps difficiles, devant les situations injustes, le poète ne peut se taire et se retirer dans sa tour d'ivoire.Lui sait trouver les mots, les cris pour alerter, condamner: il n'a pas le droit de déserter.

Mais, heureusement, la paixrevient, les crises se résolvent, les injustices reculent: le poète sera-t-il condamné au silence? Après le temps de lacontestation, revient le temps de la célébration, et, dans ce registre, le poète a plus encore à nous apprendre sur lemonde et sur nous-mêmes.. »

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