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ACTE II - DIVISION 1 (En Attendant Godot de Beckett)

Publié le 17/01/2022

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RÉSUMÉ Le lendemain, même heure, même endroit, seul au rendez-vous, Vladimir arpente fébrilement la scène. Il entonne une chanson; Estragon, l'humeur sombre, ( il a été battu) paraît sur scène. L'attente reprend, mais il y a du nouveau, l'arbre est couvert de feuilles. Mais pour Estragon, l'arbre n'était pas là la veille. Il a aussi oublié Pozzo et Lucky. Et qu'ils ont attendu à cet endroit la veille. Cette fois-ci Vladimir détient des preuves qu'ils y étaient : la plaie à la jambe d'Estragon (le coup de pied de Lucky), et ses chaussures qui sont restées là où il les avait déposées la veille.

« Gogo, qui, comme Vladimir au premier acte n'a que des souvenirs très vagues qu'il est incapable de situer dansl'espace et dans le temps, est un personnage sans histoire.

Le fil qui le relie au passé est rompu.

Le temps n'est pasvecteur d'un devenir auquel il puisse fixer un commencement, où il pourrait reconnaître les étapes du développementqui le conduit à son être présent.

C'est un temps nul qui n'est porteur d'aucune transformation.

C'est un temps quin'est que perpétuation d'une situation identique où, dans la similitude, se désintègrent les coordonnées du réel, lieuet date : «Qu'est-ce qu'il y a à reconnaître? J'ai tiré ma roulure d'existence au milieu des sables, et tu veux que j'yvoie des nuances» (page 85).

Dans ce temps immobile, qui ne sert à rien, qui ne porte rien (sauf la mort et ladégradation) il n'y a ni sens, ni continuité, ni progression; continuer, c'est recommencer, il est indifférent de reveniren arrière : «On n'a qu'à recommencer».

«Ça ne semble pas bien difficile en effet».

«C'est le départ qui est difficile».«On peut partir de n'importe quoi» (page 89).

Chaque jour, chaque moment est identique au suivant, il ramène àl'attente de Godot, comme le texte qui voit revenir invariablement le même leitmotiv : «On attend Godot».

L'arbreauquel des feuilles ont poussé en une nuit, indique qu'un jour ou six mois sont équivalents puisque l'un et l'autreramènent au même. Temps immobile et amnésie L'échec de la mémoire est révélateur des effets de ce temps sur la conscience.

L'amnésie dont tous les personnagessont atteints est une transcription en termes dramatiques de cette conception du temps : comment discriminer unjour d'un autre, un lieu d'un autre, lorsque rien ne se passe, que nul événement consistant n'inscrit ni différence nirepère dans la durée? Les voix À la page 87, le dialogue se métamorphose, devient poème.

Didi et Gogo viennent de se disputer, ils décident,puisqu'ils sont incapables de se taire, de converser sans s'exalter.

Ils se fondent alors dans l'harmonie d'unepersonne unique, un «nous».

Cette entente momentanée donne naissance à deux passages dont le premier est untrès beau poème en vers libres où se répondent, à l'intérieur des distiques et des quatrains qui le composent, lesdeux voix de Vladimir et d'Estragon.

Cette lente litanie des voix mortes est entraînée dans un processus de mort.«Ailes» et «sable» du refrain où vient s'éteindre le premier couplet deviennent dans le dernier «plumes» et«cendres».

De quoi s'agit-il ? Quelles sont ces voix mortes qu'ils cherchent à étouffer de leurs bavardagesincessants.

Pour le comprendre, il faut se reporter à la réplique énigmatique de Gogo : «Pour bien faire, il faudrait metuer, comme l'autre» (page 87).

Qui est cet autre? Le chien de la chanson ? Jésus, en la passion de qui Estragon sereconnaît ? L'échange suit la querelle relative au passé oublié d'Estragon.

Il ne se souvient plus d'avoir fait lesvendanges dans le Vaucluse, chez un nommé Bonnely.

Cette anecdote est tirée de la vie propre de Beckett, qui,fuyant la Gestapo, s'était réfugié pendant la guerre dans le Vaucluse.

«L'autre» dont il est question, c'est Beckettlui-même, et en l'occurrence, son substitut Estragon pour qui ce passé est mort, comme le sont les «billionsd'autres» mois que le temps a détachés d'Estragon Beckett, les entraînant dans la mort : «À chacun sa petite croix.Pendant le petit pendant et le bref après».

Mais bien que mortes, les âmes continuent à se lamenter pendant le«bref après» qui précède le mort de l'être.

Elles habitent le cimetière des tréfonds de l'être où plonge le poème desdeux amis.

L'être intérieur, dont leur incessante agitation vise à couvrir les voix qui n'ont de cesse de parler de leursvies antérieures est un charnier où gisent les cadavres et les ossements des «pensées» du passé (pour Beckett,lointain disciple du cartésianisme, l'être n'est que pensée).

Mais cette descente aux enfers de la propre vie intime deBeckett est par trop intenable : « Dis quelque chose ! Je cherche».

La farce reprend ses droits, et pour laquantième fois : «Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On attend Godot.

C'est vrai» (page 88).. »

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