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ACTE III, SCÈNES 12-15: Le mariage de Figaro de Beaumarchais (commentaire)

Publié le 17/01/2022

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Le procès permet à Beaumarchais de régler quelques comptes personnels avec l'institution judiciaire, à laquelle il a souvent été confronté au cours de son existence. Le nom même du juge, Don Gusman Brid'oison, est singulièrement proche de celui de Goézman, le juge dont l'écrivain a dénoncé la corruption (voir biographie). Dans la pièce, c'est plutôt la stupidité qui caractérise Brid'oison puisqu'il ne comprend jamais ce qu'on lui explique, tout en ne cessant pas de répéter qu'il a tout compris. En revanche, la cupidité apparaît comme le trait dominant du greffier, Double-Main, nom dont Brid'oison lui-même souligne involontairement le sens : « Oui, c'est qu'il mange à deux râteliers. »

« Le Comte a déjà changé une fois d'avis sur la conduite à adopter dans la scène 5, puisqu'il a commencé par croireque Figaro ne savait rien avant d'être convaincu que Suzanne l'avait trahi.

Au cours des scènes 9 à 11, il va denouveau modifier deux fois ses résolutions.

Ce sont les paroles de Suzanne qui provoquent cette double volte-face. Il en résulte un effet de surprise pour le spectateur mais aussi un comique de répétition qui souligne la versatilité duComte : son orgueil le rend facile à tromper par la flatterie mais aussi prompt à se venger lorsqu'il constate qu'on semoque de lui. Force et faiblesse de Suzanne Après Figaro dans la scène 5, c'est au tour de Suzanne d'affronter le Comte et de le manipuler.

Le prétexte duflacon d'éther lui permet d'aborder son maître malgré sa mauvaise humeur ; à la fin de la scène 9, l'aveu de cesubterfuge devient même un argument supplémentaire en faveur de sa bonne foi.

Alors que le Comte la menace, àmots couverts, d'empêcher son mariage, elle détourne habilement la conversation sur la dot promise qui lui permetde feindre d'accepter les avances du Comte.

Beaumarchais joue ici sur les différents sens du verbe « entendre »,utilisé par Suzanne comme verbe de perception et par le Comte comme synonyme de « comprendre ». Toutes les répliques de Suzanne sont équivoques et lui permettent de donner le change au Comte sans commettrede mensonge d'un point de vue littéral.

Elle n'hésite pas non plus à répondre au chantage du Comte par un chantagesymétrique : « Mais aussi, point de mariage, point de droit du seigneur, Monseigneur.

» Si Suzanne a triomphé de la méfiance du Comte par son habileté dans la scène 9, en répondant à toutes sesobjections, elle se trahit par inadvertance dans la courte scène 10 en voulant rassurer Figaro.

Sans doute nepensait-elle pas être entendue du Comte et a-t-elle parlé plus fort qu'elle ne croyait, dans l'élan de sa course. • Le cynisme du Comte Le Comte apparaît au cours de ces trois scènes comme un personnage parfaitement cynique et immoral.

Il nerespecte pas la personne humaine en ses valets mais les traite comme de simples objets destinés à satisfaire tousses caprices.

Il affirme ouvertement qu'il va user du pouvoir juridique que lui confère son rang, pour exercer unchantage sur Suzanne dans un premier temps : « Une fiancée bien éprise, et qui perd son futur...

», puis pour sevenger : « 0 mes chers insolents ! je vous punirai de façon...

Un bon arrêt...

bien juste...

» L'aisance du grand seigneur ne parvient pas à dissimuler la brutalité du procédé : « Si tu manquais à ta parole,entendons-nous, mon cœur : point de rendez-vous, point de dot, point de mariage.

» Le Comte semble d'ailleurs avoir renoncé à séduireSuzanne et justifie rétrospectivement les paroles de Suzanne dans la première scène du deuxième acte : «Monseigneur n'y met pas tant de façon avec sa servante : il voulait m'acheter.

». »

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