ACTE V, SCÈNES 4, 5 ET 6 (DON JUAN, SGANARELLE, PUIS UN SPECTRE EN FEMME VOILÉE, PUIS LA STATUE DU COMMANDEUR)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
Don Juan est, selon l'expression de Jean Roussel (Le Mythe de Don Juan), un « personnage comédien ».
Ses attitudes relèvent perpétuellement du jeu.
Jeu du séducteur (les paysannes), goût du costume et dutravestissement (l'échange de vêtements), rôle de « l'ami » devant Monsieur Dimanche, rôle du « repenti » enfin(dès l'acte I, sc.
31 qui l'amène à adopter, à l'acte V, celui de l'hypocrite, « le meilleur de tous
les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui »,dit-il explicitement (V,2).
Cette esthétique de lamétamorphose fait de Don Juan un artiste, uncomédien, dont le pouvoir de séduction sur sespartenaires rejoint celui de l'acteur sur lespectateur.
On sait qu'il ne faut pas le croire,mais il fait qu'on le croit : « il ne faut jamaiscroire les monsieux », mais « vous faites que l'onvous croit » lui dit Charlotte à l'acte II, scène 2.L'étymologie grecque suggère d'ailleurs cerapprochement : hypocrite ne veut-il pas dire « acteur » dans la tragédie et la comédie antiques? Ce thème du travestissement et du masque, quiprend la forme d'une réflexion sur l'illusiondramatique, relève de l'esthétique baroque, trèssensible dans toute la pièce.
Une figure prométhéenne
Dans cette perspective, il est logique que DonJuan, comédien perpétuel, achève sa carrièredans les flammes de l'Enfer.
Au xvIle siècle eneffet, l'Église continue de mettre au ban de lasociété ceux qui font profession d'acteurs, en lesfrappant d'excommunication.
Plusfondamentalement, Don Juan, le contestataire quibafoue les règles sociales, morales et religieuses,appelle une vengeance, non point humainecomme Tartuffe, mais divine, car son défi estessentiellement d'ordre métaphysique et religieux.En refusant les commandements de Dieu (lepremier, croire en Dieu ; le quatrième, honorer sesparents ; le cinquième, ne point tuer ; le sixièmeet le dixième, ne point commettre d'adultère et nepas convoiter la femme d'autrui), il s'exposedirectement au châtiment divin.
Or il estremarquable que ce châtiment se manifeste en lapersonne du Commandeur.
Comme on l'a vu,celui-ci représente non seulement l'homme qu'il atué pour lui arracher sa fille (version du mythequ'ignore curieusement Molière), mais aussi l'ordresocial, et en dernier la figure du Père, sublimée enDieu.
La disparition du libertin rétablit ainsi l'ordredu monde, trop longtemps altéré..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- ACTE IV, SCÈNES 4 ET 5 (DON LOUIS, DON JUAN, SGANARELLE, LA VIOLETTE)
- Commentaire: ACTE IV, SCÈNES 2 ET 3 (DON JUAN, SGANARELLE)
- Commentaire littéraire : Don Juan de Molière, Acte V, Scènes 5 et 6
- Sganarelle conclut le portrait peu flatteur qu'il trace de son maître en précisant à Gusman qu'un « grand seigneur méchant homme est une terrible chose » (Acte I, Scène I).Pensez vous que Don Juan illustre effectivement cette réputation redoutable ou bien qu'il s'agit là d'un portrait à charge, dressé par un valet envieux et rongé par le remords de devoir servir un tel maître ?
- Sganarelle conclut le portrait peu flatteur qu'il trace de son maître en précisant à Gusman qu'un « grand seigneur méchant homme est une terrible chose » (Acte I, Scène I).Pensez vous que Don Juan illustre effectivement cette réputation redoutable ou bien qu'il s’agit là d'un portrait à charge, dressé par un valet envieux et rongé par le remords de devoir servir un tel maître ?