Adamov - La parodie
Publié le 12/01/2014
Extrait du document
«
hommes qu'elle a eus.
Mais le journaliste ne l'aime pas comme les autres hommes.
Personnages :
- Lili : c'est le modèle de la femme idéale, un mannequin, celle que tout le monde veut posséder,
comme un objet, mais que personne n'a jamais.
Elle représente plus un caractère esthétique que
psychologique.
Au début de la pièce, elle passe et repasse sur scène, ce qui suppose qu'elle aime se
donner en spectacle, comme un mannequin.
Elle semble vivre hors du temps, toujours en décalage
avec toutes ces voix qui l'appellent, et elle se plaint d'être toujours harcelée.
Allumeuse et cervelle
d'oiseau, elle sème des promesses qu'elle ne se rappelle pas et ne se rend pas compte qu'elle sème le
malheur autour d'elle.
« Ses changements de costumes symbolisent son caractère » : c'est donc une
femme assez mouvante, inconstante autant du point de vue de ses hommes que de son caractère.
Elle ne sait pas ce qu'elle veut, n'a pas de désirs.
« Vous êtes légère comme l'air, inconsistante
comme une bonne pensée », lui dit le journaliste en dansant avec elle, ce qui résume ce qu'elle est
réellement et qu'aucun autre homme n'est capable de voir.
Mais c'est une femme épuisée, accablée
qui apparaît au dernier tableau.
Elle enlève son chapeau, se masse le pied.
- L'Employé : c'est un homme très agité, qui marche dans tous les sens (même en arrière), ce qui
montre son caractère actif.
Pour lui, l'immobilisme, c'est la non-existence (« immobile, il me semble
que je n'existe pas).
Il est l'image de l'acceptation de la vie.
Il cherche à se donner tous les moyens
d'obtenir ce qu'il veut, mais c'est une quête vaine, qui ne le mènera qu'à sa perte.
Lili devient pour
lui une obsession, une idée fixe à laquelle il ne renonce jamais.
Il est très naïf, n'envisage jamais le
fait que Lili puisse avoir refusé de venir, et la preuve est sa déclaration d'amour excessive à Lili, sur
le modèle des grandes tragédies, parlant de Lili comme d'une apparition divine, ce qui montre qu'il
l'idéalise.
Il n'a donc de son travail que le nom, puisque même son costume n'est pas celui d'un
employé : costume de sport négligé, espadrilles.
Mais l'expérience de la dure réalité brise
rapidement cet élan.
Venu passer ses vacances dans la Ville, il n'en partira plus et vieillira sans rien
réaliser de ses attentes.
Il est paralysé par une force obscure.
Au fur et à mesure, la fatigue le gagne
et en prison, il titube en parlant au Journaliste, ne voit plus rien et finit par se coucher, renonçant
définitivement.
- N.
: au contraire de l'Employé, il est totalement passif, comme le prouve le fait qu'il soit toujours
étendu par terre, à la merci de tous.
Il semble se déplace avec répugnance, ce qui montre son dégoût
de la vie, son dégoût pour lui-même (il se compare à une boue), et rêve d'une mort qui soit digne de
ce nom, c'est-à-dire d'une mort donnée par la Beauté elle-même.
Comme l'Employé, il en fait une
idée fixe.
Mais il ne recherche Lili que pour la mort qu'elle peut lui donner, et non pour l'amour.
Son
attitude raide et son pas saccadé indique une distance par rapport à autrui.
Lili le compare à un
enfant, et il en a le costume : pantalon trop court, manches trop courtes.
Mais le Journaliste voit que
cette attitude témoigne d'un profond malaise existentiel.
L'apparition de Lili semble lui redonner un
peu de vie, mais il retombe vite dans un état de prostration totale.
- Le Journaliste : « froid, toujours égal à lui-même ».
Il n'évolue pas vraiment et semble être au-
dessus des autres personnages.
Il a un rôle d'observateur désabusé sur les autres personnages qu'il
essaye de mettre en garde contre leurs erreurs.
Il dit de lui-même que personne ne le remarque
jamais, et il est d'ailleurs habillé d'une façon banale, comme si sa neutralité le rendait transparent.
Il
dévoile et commente les sentiments des autres personnages, et joue même un rôle d'annonciateur en
prévenant l'Employé des obstacles qui l'attendent.
Il est le seul à pouvoir s'émanciper du pouvoir
qu'exerce Lili sur les hommes.
C'est lui que Lili cherche partout, parce qu'il est le seul à ne pas la
chercher.
Finalement, le Journaliste est la figure de l'écrivain qui consigne faits divers et cas
cliniques, qui est à l'écoute des êtres et des choses.
Il est persuadé de l'inutilité de ses
avertissements, ce qui explique sa froideur, et du fait que l'expérience ne sert à rien.
Il a une vision
très pessimiste.
- Le Directeur : c'est la figure de la Loi.
Il fait régner l'ordre établi.
Mais il se révèle aussi
vulnérable que N.
et l'Employé en ce qui concerne Lili.
Il est lui aussi en son pouvoir, et à la fin de
la pièce, il échoue lui aussi dans sa relation amoureuse puisque Lili part de l'autre côté.
Pour lui, Lili
est l'Avenir (« Plus de Lili, plus d' ''Avenir'' »)..
»
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