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AIMÉ CÉSAIRE

Publié le 27/06/2012

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Ainsi, Césaire actualise spontanément le principe de l'engagement de l'écrivain noir que Frantz Fanon - cet autre grand Martiniquais - définira plus tard dans son dernier livre. «L'homme colonisé qui écrit pour son peuple, quand il utilise le passé, doit le faire dans l'intention d'ouvrir l'avenir, d'inviter à l'action, de fonder l'espoir. Mais pour assurer l'espoir, pour lui donner densité, il faut participer à l'action, s'engager corps et âme dans le combat national. « De même, en Césaire, le politique est inséparable du poète, car ils procèdent tous deux d'une même expérience fondamentale qu'il a longuement décrite dans son Cahier d'un retour au pays natal.

« proche en proche va s'étendre à toutes les actions et réactions des Noirs.

Aussi valable pour carac­ tériser leurs danses, leur sculpture ou leur littérature, que leurs revendications politiques et sociales.

Césaire arrive ainsi à « isoler » l'âme nègre, à la revaloriser, aussi particulière et irréductible que l'âme slave ou l'esprit français.

Cependant, la situation critique des peuples noirs postulait davantage qu'une attitude de spectateur : « Un homme qui souffre n'est pas un ours qui danse! »Non content d'être« écho sonore », même voyant et médium, Césaire veut, à l'instar de Rimbaud, « changer la vie ».

Et cela au moyen de la poésie, puisque, en cet âge d'or du colonialisme, toute révolte concrète est interdite à l'homme de couleur.

Il ne peut donc que « pousser le grand cri nègre si fort que les assises du monde en seront ébranlées ».

Mais voici qu'il réussit la démiurgique tentative et sa poésie devient vraiment une poésie­ levier, poésie pour l'action, « une force qui, au tout-fait, au tout-trouvé de l'existence, oppose le tout-à-faire de la vie et de la personne ».

Et le poète noir ne sera plus seulement témoin et porte­ parole, mais « catalyseur des énergies de son peuple », mais « réveilleur de peuple ».

Sa poésie déclenchera effectivement le dynamisme révolutionnaire.

Ainsi, Césaire actualise spontanément le principe de l'engagement de l'écrivain noir que Frantz Fanon -cet autre grand Martiniquais -définira plus tard dans son dernier livre.

«L'homme colonisé qui écrit pour son peuple, quand il utilise le passé, doit le faire dans l'intention d'ouvrir l'avenir, d'inviter à l'action, de fonder l'espoir.

Mais pour assurer l'espoir, pour lui donner densité, il faut participer à l'action, s'engager corps et âme dans le combat national.

» De même, en Césaire, le politique est inséparable du poète, car ils procèdent tous deux d'une même expérience fondamentale qu'il a longuement décrite dans son Cahier d'un retour au pays natal.

Mais cet « amour tyrannique » de sa race, cette volonté de « la sommer libre enfin de pro­ duire de son intimité close la succulence des fruits » ne l'enferme pas dans un nationalisme étriqué.

Il déborde au contraire sur l'humanisme le plus généreux.

Car c'est pour assouvir« la faim uni­ verselle » que Césaire exige la dignité et l'épanouissement de son peuple.

C'est pour supprimer toutes les injustices qu'il combat, et il assume la souffrance des opprimés du monde entier : Je serai un homme juif un homme cafre; un homme-hindou-de-Calcutta un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas l'homme-insulte, l'homme-famine, l'homme-torture.

Enfin, le bonheur qu'il prophétise obstinément nait de la réconciliation de tous les hommes, et de leur fraternité qui ne saurait manquer de venir quoique malhabile.

Et c'est pour cette raison sans doute que la poésie de Césaire est nourrissante pour chacun de nous, quelle que soit notre couleur, et que nous la trouvons, avec André Breton,« belle comme l'oxygène naissant ».

LILY AN LAGNEAU-KESTELOOT Yaoundé (Cameroun) 535. »

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