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Cahier d'un retour au pays NATAL d'Aimé Césaire

Publié le 19/02/2019

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Cahier d'un retour au pays NATAL, recueil poétique d'Aimé Césaire (1939). Quel peut être ce pays? À la différence de l'Africain, également victime de la colonisation occidentale, mais

dont la culture submergée n'a jamais cessé d'exister, l'Antillais a été coupé de ses racines et sommé d'adhérer à la politique pratiquée par le maître blanc qui prétendait pouvoir l'assimiler dans le temps même où il lui refusait l'égalité la plus élémentaire. Ainsi privé de centre de gravité, puisque, voulant être blanc, il se découvre nègre et que, voulant être nègre, il constate qu'il est blanc, l'Antillais fait-il figure de bâtard de l'Europe et de l'Afrique, « partagé entre ce père qui le renie et cette mère qu'il a reniée » (préface au roman de Bertène Juminer, les Bâtards}. C'est pourtant ce destin de bâtard dans lequel le poète se reconnaît le plus intimement, et le Cahier d'un retour au pays natal (publié pour la première fois en 1939 dans la revue Volontés] est l'expression à la fois d'une passion et d'une quête qui est celle du peuple antillais tout entier. « Bêcheur de race », ainsi qu'il se désigne lui-même, le poète décide d'être le porte-parole des siens, et il entreprend alors une véritable descente aux enfers dont l'issue demeure toujours incertaine. Cet itinéraire passionné et dramatique dans les profondeurs du moi explique en grande partie le caractère complexe et déroutant d'une œuvre poétique d'une exceptionnelle densité (le Cahier a été salué en 1943 par André Breton comme « le plus grand monument lyrique de ce temps »). Bien qu'il s'enracine constamment dans le quotidien antillais, l'univers poétique de Césaire développe en effet toute une cosmogonie dont l'évocation n'a pas d'autre objet que de restituer à l'état naissant le monde authentiquement primitif des îles avec leur flore, leur bestiaire et leurs mœurs si particulières. À la fois chant et discours pour une cause, l'œuvre charrie une fascinante cargaison d'images et de mots rares auxquels une langue puissante confère un exceptionnel pouvoir d'incantation : le poète n a-t-il pas pour objet d'« allumer le feu de brousse de la fraternité »? À la manière d'une tragédie classique dont il défie pourtant toutes les règles traditionnelles, le Cahier est construit en trois actes qui constituent chacun une étape de la prise de conscience du poète, au

« retour d'une pathétique et douloureuse quête orphique.

Le premier acte brosse une peinture accablante et antiexoûque de la Martinique saisie sous son double aspect physique et moral.

Dans un second temps, le poète s'identifie au dernier des Antillais et revit par la sympathie ses humiliations et ses tares : cette > aboutit à la revendica­ tion de la démence opposée à la raison occidentale 1. »

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