Alain Borne : Quand je serai mort
Publié le 05/02/2013
Extrait du document
Quand je serai mort
vous ne penserez plus à moi
- silence et absence -
un nom sur une marguerite d'os
5 que je ne serai plus là pour effeuiller.
Je t'aime un peu beaucoup
passionnément
brisez vos douces mains à soulever la dalle
soulevez la dalle car je suis là
10 je n'ai plus en guise de lèvres et d'yeux
qu'un peu de la terre d'où jaillit le blé.
Le blé est mon regard
le blé est mon baiser
je suis moins que le coquelicot
15 je suis moins que le duvet du rossignol
qui fut l'été.
Été ma grande saison
amour ma grande journée
et Vous
20 le seul rêve qui ait pu m'éveiller.
Je m'endors et je meurs.
Quand je serai mort
vous ne penserez plus à moi
avec moi mourra ma musique
25 et si des lèvres vives la chantent encore
ce seront elles que vous aimerez.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez,
par exemple, montrer comment l'auteur renouvelle des thèmes de
la poésie lyrique.
- L' Autre est présent dans le pronom personnel de la seconde personne : «vous«, qui peut renvoyer à plusieurs personnes dans certains cas (v. 2, 23, 26), parmi lesquelles se trouve le lecteur que le poète interpelle. Mais il fait aussi référence à une personne unique, l'être aimé, qui apparaît sous la forme de la majuscule: «Vous« (v. 19) que renforce la brièveté du vers qui lui est dédié.
- Les« douces mains« (v. 8) font penser plutôt à un personnage féminin dont le poète mort aurait besoin pour adoucir sa mort. Mais cette femme n'est pas nommée, incarnant ainsi une sorte d'idéal féminin dont on peut malgré tout craindre la trahison.
«
COMMENTAIRE COMPOSé
- DIFFICULTÉS -CONSEILS -PROPOSITIONS _
•Alain Borne (1915-1962) a été très tôt passionné de poésie,
ce qui ne
l'a pas empêché de devenir avocat.
C'est d'ailleurs
en allant plaider qu'il s'est tué dans un accident de voiture.
Il
a écrit un grand nombre de recueils dont la plupart ont été
publiés après sa mort.
Sa poésie est simple, marquée par les
images surréalistes qui naissent le plus souvent chez lui dans
un univers marqué par la nature (fleurs et oiseaux principa
lement) et la sensualité.
Le poète est fasciné par la fragilité de
l'amour, de la vie, et les images de mort jalonnent toute son
œuvre.
Le court
recueil de En une seule injure (1953) en
particulier compte onze poèmes dans lesquels la mort est très
présente.
• Le texte ne présente aucune difficulté majeure.
Seule son
irrégularité métrique peut
un moment dérouter : il suffit de
chercher
à quoi elle correspond, pour chaque type de vers.
• Le libellé invite à considérer une notion difficile à définir: le
lyrisme*.
C'est l'occasion pour vous de réfléchir à ce pro
blème,
en sachant que le lyrisme se caractérise par des
thèmes
(l'amour, la mort, le bonheur, la nature) et des modes
d'expression (images,
sensualité, expression en général de la
sensibilité exacerbée du poète).
Il est également marqué, en
prose et en poésie, par
la mélancolie et le regret.
• Il faut montrer en quoi Alain Borne renouvelle le lyrisme.
Ce
renouvellement tient à deux faits essentiellement: il déplore
sa propre mort au lieu de celle d'un être aimé; il associe l'été,
saison de la plénitude, à la mort au lieu de l'automne ou de
l'hiver traditionnels (voir« Le Lac» d'Alphonse de Lamartine,
par
exemple).
•Plan
Vous pouvez adopter une structure plus thématique, la
troisième partie englobant les deux autres dans une vision
tragique:
1.
La mort
Il.
L'amour
Ill.
La nature
127.
»
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Liens utiles
- Alain Borne (« Quand je serai mort... », En une seule injure)
- ALAIN-FOURNIER, Henri Alban Fournier, dit (1886-1914) Ecrivain, il est l'auteur du Grand Meaulnes, publié une année avant sa mort prématurée au front en 1914.
- RESNAIS, Alain (né en 1922) Reçu dans la première promotion de l'IDHEC, il expérimente les reportages photos et le 16mm, produisant des courts-métrages d'une rare acuité, dont le bouleversant Nuit et brouillard de 1956 sur les camps de la mort.
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