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« Amer savoir, celui qu'on tire du voyage » Baudelaire

Publié le 26/07/2012

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On peut aussi revenir d'un voyage en Afrique ou d'un tout autre pays pauvre en étant totalement bouleversé et choqué par les scènes auxquelles on a été confronté. La vision de la pauvreté n'est pas toujours facile à surmonter et lorsqu'on revient à notre civilisation de consommation de choc peut être brutal. Il est vrai que nous ne revenons jamais idem d'une telle expérience, nous en ressortons grandi et voyons le monde différemment.

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« Sujet : Dans « Le voyage », Baudelaire affirme sur un ton désabusé : « Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !» Au regard de l’ensemble du recueil, ce vers vous paraît-il refléter la totalité des enjeux de ce thème ? Baudelaire n’a fait que deux voyages dans sa vie, le premier pour l’Inde, le second pour la Belgique.

Parti en 1841 sur le Paquebot -des -mers-du-Sud qui devait le mener à Calcutta, il n’ira pas plus loin que la réunion et reviendra en France neuf mois plus tard.

A la fin de sa vie, il franchira la frontière pour se rendre en Belgique, effectuant une série de conférences qui ne remporteront malheureusement pas le succès escompté et dont il reviendra amer et épuisé.

Malgré ces deux expériences décevantes, Les Fleurs du Mal font du voyage un thème riche, prometteur et obsédant.

Dans « Le voyage », ajouté au recueil par la seconde édition de 1861, Baudelaire semble déçu et affirme « Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! ».

Mais n’est-il pas paradoxal que ce beau savoir soit perçu par le poète comme amer ? Le voyage est également dans le recueil la promesse d’un ailleurs paradisiaque, l’espoir d’une existence meilleure, loin de la douleur et du spleen.

Paradoxalement, c’est aussi un leurre, un mensonge, une sorte de miroir aux alouettes.

Reste donc le seul voyage qui vaille vraiment la peine, le voyage poétique, qui permet de se connaître soi -même et d’échapper aux limites de la réalité. * * * Tout d’abord, le voyage est présenté dans le recueil comme une promesse d’idéal. En premier lieu, presque tous les voyages évoqués par Baudelaire sont des voyages sur la mer, qui répondent à la fascination pour cet élément.

Dans « l’homme et la mer », celle-ci possède en effet une valeur symbolique précise : elle est synonyme d’infini et de mouvement.

Contrairement au ciel et à la terre, elle n’est pas un carcan qui étouffe l’homme.

C’est pourquoi l’image du navire est tant valorisée.

Dans « mon cœur mis à nu », on note « le charme infini et mystérieux qui git dans la contemplation du navire ».

En témoignent les nombreuses métaphores qui associent la mer et le navire au bonheur et à la volupté comme dans « la chevelure », « le serpent qui danse », « le beau navire »ou « la musique ». Par ailleurs, Baudelaire rêve de destinations exotiques, souvent incarnées par la femme.

C’est Jeanne, la mulâtresse, qui remplit le mieux ce rôle.

Le voyage est l’espoir d’un ailleurs idéalisé, qui est l’envers de l’ici et maintenant, caractérisé par le spleen et la détresse.

Le voyage est donc une échappatoire, il incarne un rêve de fuite.

Dans « Moesta et errabunda », il dit « Emporte moi, wagon ! Enlève-moi, frégate !/Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs ! ».

L’ailleurs est aussi une fuite hors du temps, qui permet d’accéder à un « anywhere out of the world » où « tout n’est qu’ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté » Mais cette perfection existe -elle vraiment ? * * * En effet, ce voyage apparaît également comme un leurre, un mensonge.

Le voyageur des Fleurs du mal est le plus souvent l’amant ou le frère comme dans « l’invitation au voyage » ou « un voyage à Cythère ».

Mais c’est une figure rarement sereine ou joyeuse.

Ainsi, dans « Bohémiens en voyage », les voyageurs perpétuels sont des êtres tristes, en marge, qui se heurtent à des « chimères absentes ».

Cette figure du bohémien annonce d’ailleurs celle d’Apollinaire dans Alcools. Il faut aussi prendre en compte la figure de l’exilé, puisque l’exil est un voyage forcé, alors synonyme de perte, de. »

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