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Analyse de l'Etranger

Publié le 17/11/2015

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ANALYSE DE L'ETRANGER D'ALBERT CAMUS L’étranger (1942) est un livre qui, plus de cinquante ans après sa parution, mieux que beaucoup d’autres, a gardé toute sa pertinence : « ... J’ai résumé L’étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est très paradoxale : "Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort." Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle... il refuse de mentir... [...] On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L’étranger l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Meursault pour moi n’est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace l’anime, la passion de l’absolu et de la vérité. » Albert Camus 1. Cadre spatio-temporel et point de vue Nous sommes dans l’Algérie coloniale des années trente. Alger est une ville peuplée de Français d'origine souvent modeste, attirés par la possibilité de construire un avenir meilleur de l'autre côté de la Méditerranée, mais aussi d'autochtones, souvent méprisés par les colons de métropole. Albert Camus est originaire de cette terre algérienne (il est né en Algérie) et souffre de ce qu’il y voit. Il prend résolument parti dans le débat nord-africain et voit la censure s’abattre sur ses écrits dénonçant le colonialisme. Il milite par ailleurs contre la peine de mort... Ce roman est véritablement « moderne » dans la mesure où l'écriture est déconcertante et Camus joue véritablement avec les points de vue. De nombreux critiques littéraires ont analysé le roman afin de le « catégoriser » mais il semble impossible de le classer dans un genre « classique ». L'histoire est racontée à la première personne du singulier, et la première partie semble rédigée comme un journal de bord : les indications de temps et de lieux sont très précises et le lecteur peut suivre de manière scrupuleuse le parcours du héros. Cependant la deuxième partie est narrée de manière plus « romanesque » et on s'écarte de l'inventaire quotidien de Meursault. Le point de vue est interne mais le monde est perçu de manière distancée et neutre. Le narrateur ne montre pas ses sentiments, et semble étranger à lui-même mais aussi au monde qui l'entoure. Il ne semble pas éprouver de sentiments, que soit pour son amante Marie ou pour sa mère ! Il semble délicat cependant de l'intégrer dans la catégorie des romans autobiographiques : excepté l'anecdote du père, rentré bouleversé à la maison après une exécution publique, et le cadre spatio-temporel, Meursault est très éloigné d'Albert Camus. L'Etranger est véritablement un roman fictif écrit à la première personne. Pour l'auteur, il était important de rendre compte des pensées et des émotions d'un personnage confronté à la peine de mort. 2. Meursault Madame Meursault, la mère du "héros", meurt dès le début du livre et en un instant s’installe le malaise : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un t...

« « L’asile est à deux kilomètres du village.

J’ai fait le chemin à pied.

J’ai voulu voir maman tout de suite.

Mais le concierge m’a dit qu’il fallait que je rencontre le directeur.

...

C’est un petit vieux, avec la Légion d’honneur [3].

[...] Il a consulté un dossier et m’a dit : « Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans.

Vous étiez son seul soutien.

» J’ai cru qu’il me reprochait quelque chose et j’ai commencé à lui expliquer.

» Les liens familiaux se sont dilués puis se sont effacés comme cela, par habitude.

Cette indifférence apparente aux êtres et aux choses trouve confirmation dans la relation qu’il a avec sa compagne : « Le soir, Marie est venue me chercher et m’a demandé si je voulais me marier avec elle.

J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait.

Elle voulait savoir alors si je l’aimais.

J’ai répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas.

» 3.

Le meurtre et le procès De plus, il reste impassible et accepte d'aider son ami et voisin Raymond, réputé être un proxénète pour « régler le compte » de l'une de ses filles.

Sans aucune révolte, il rédige une lettre visant à piéger une Mauresque et va même jusqu'à témoigner en la faveur de Raymond au commissariat.

Meursault semble ne pas distinguer le bien et le mal, la morale et l'immoralité .

C'est un personnage inquiétant... Arrive alors dans le récit le meurtre que Meursault commet comme par inadvertance sur une plage inondée de soleil .

Il y est pour se détendre.

Un ami lui a conseillé de faire attention aux Arabes qui pouvaient traîner là et, à son corps défendant, lui a prêté un révolver puis, « ...

C’était le même soleil que le jour où j’avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau.

[...] ...

l’Arabe a tiré son couteau qu’il m’a présenté dans le soleil.

La lumière a giclé sur l’acier et c’était comme une longue lame étincelante qui m’atteignait au front.

[...] Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux.

C’est alors que tout a vacillé.

La mer a charrié un souffle épais et ardent.

Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu.

Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé.

J’ai secoué la sueur et le soleil.

J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux.

Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût.

Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.

» L’irréparable est survenu.

Ce révolver qu’il avait sur lui, c’était son ami qui lui avait prêté de force. Il n’en voulait pas, mais il s’en est servi presque malgré lui et maintenant la mort d’un homme ne semble pas l’atteindre .

Totalement inacceptable n’est-ce pas ? Meursault est arrêté.

S’en suit un procès et la magistrature va réinterpréter, à la lumière de la moralité ambiante, la succession des faits qui ont précédé le meurtre.

Pendant le réquisitoire, sa vie ordinaire devient le foyer de tous les vices.

Le fossé est en définitive infranchissable entre Meursault et la Société comme l’assène le procureur dans son réquisitoire : « Et j’ai essayé d’écouter encore parce que le procureur s’est mis à parler de mon âme.

[...] « ...

le vide du coeur tel qu’on le découvre chez cet homme devient un gouffre où la société peut succomber.

» C’est alors qu’il a parlé de mon attitude envers maman.

Il a répété ce qu’il avait dit pendant les débats.

Mais il a été beaucoup plus long que lorsqu’il parlait de mon crime, si long même que, finalement, je n’ai plus senti que la chaleur de cette matinée.

[...] Il a déclaré que je n’avais rien à faire avec une société dont je méconnaissais les règles les plus essentielles et que je ne pouvais pas en appeler à ce coeur humain dont j’ignorais les réactions élémentaires.

» Meursault reste indifférent .

Son avocat plaide strictement dans le cadre du meurtre.

Qui a tort, qui a raison ? Le verdict tombe, il est condamné à mort.

La surprise est immense.

Un Européen condamné à mort pour le meurtre d’un Arabe dans l’Algérie d’alors tient de l’improbable.

Mais le jury a suivi le réquisitoire. »

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