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Analyse du ''Pré aux jeux'' dans ''Le Chevalier De La Charrette''

Publié le 03/07/2012

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5. Bibliographie 5.1 Édition de l’œuvre et traduction utilisées : CHRÉTIEN DE TROYES, Le Chevalier de la Charrette, éd et trad. par Catherine Croizy-Naquet, Paris, Champion Classiques, 2006. 5.2 Études, articles et ouvrages consultés : ALVARES Cristina, « Le Conflit père-fils dans Le Chevalier de la charrette «, in Relations de parentés dans le monde médiéval Aix, CUREMA (Senifiance, 26), 1989, p.117-130. BRUSEGAN Rosanna, « L’Ature monde et le Chevalier de la charrette «, in Lancelot-Lanzelet, hier et aujourd’hui, éd. Par Danielle Buschinger et Michel Zink, Greifswald, Reineke-Verlag, 1995, pp. 77-85. GREEN André, « Le complexe de castration «, Que sais-je n°2531, PUF, Paris, 2007. LOUISON Lydie, « Les Présences féminines «, L’école des lettres II, n°10, 199697, pp. 115-127 (nous ne disposons pas de plus d’informations sur cette revue). MÉNARD Philippe, « Réflexion sur les coutumes dans les romans arthuriens «, in « Por le soie amisté «. Essays in Honor of N.J. Lacy, 2000, pp. 357-370. RYCHNER Jean, « Le sujet et la signification du Chevalier de la charrette «, in Du Saint-Alexis à François Villon : études de littérature médiévale, Genève, Droz, 1985, pp. 123-150. SALY Antoinette, « L’épisode du Pré aux jeux dans Le Chevalier de la charrette «, in Image, structure et sens, Aix, CUREMA (Senifiance, 34), 1994, pp. 49-85.

« Akermann Morgane 4/10 combats singuliers, que la mise à l’épreuve de la part des femmes ainsi que les coutumes permettent de justifier10.

Un dernier aspect nous semble judicieux pourcomprendre la tension mise en place lors de l’épisode du Pré aux jeux, c’est l’orgueil du fils.

Toujours à but narratif11, cet orgueil froisse tant les personnagesentourant le chevalier que le lecteur lui-même.

Dans notre passage, l’orgueil du fils consiste en la surestimation de ses qualités guerrières mais surtout en latransgression des autorités et des valeurs mises en jeu.

Il ne respecte ni la coutume, ni la préciosité de la femme lorsqu’il tient celleci pour sienne sans consulterquiconque : « celui qui la puceleamoit et porsoeja la tenoit » (vers 1681-1682), « ja » montrant cet état d’esprit car signifiant ici « déjà ».

De plus, il transgressel’autorité parentale et refuse d’écouter les conseils de son père.

Cet orgueil sera enfin puni, puisque le fils orgueilleux du Pré aux jeux finit réduit à l’impuissance :1791 1792 1793 1794 1795 Et cil dïent qu’il le panront, ne ja puis que il le tanront de conbatre ne li prendra talanz, et si li covendra, mau gré suen, la pucele randre. Remarquons qu’il s’agit ici d’un groupe de personnes, probablement elles-aussi las des protestations du fils, qui agissent.

De plus, elles obéissent à leur supérieur àl’instar du fils qui rejette l’autorité en place.

Notons également les verbes en fin de vers qui sont tous des verbes d’actions.

La punition est donc non seulementappliquée par une collectivité mais aussi physique et concrète.

La joute est donc encouragée par plusieurs facteurs.

Le lien né de l’obligation entre la demoiselle etLancelot fait que le fils orgueilleux doit affronter celui-ci qui se pose en intermédiaire entre lui et la demoiselle qu’il convoite.

Ainsi, son désir d’obtenir la femme semue peu à peu en désire de prouver sa force par un combat contre Lancelot : 10 11 idem p.

398 On trouve en effet au moins trois chevalier orgueilleux dans le roman. TP de Littérature médiévale 22 novembre 2011 Akermann Morgane 1726 1727 1728 1729 1730 1731 Einziert de mon escu la guige ronpue et totes les enarmes, ne an mon cors ne an mes armes n’avrai je puis nulefïance, ne an m’espee n’en ma lance, quant je li lesserai m’amie.

» 5/10 Cette dualité est tout à fait saisissable dans le discours du fils.

La demoiselle convoitée, « amie », est toujours présente à son esprit ; notons, par exemple, que les motsen fin des vers sont tous féminins.

L’ « amie » est cependant isolée des autres rimes et placée en fin de discours, comme écrasée sous le poids donné aux qualitésguerrières et aux armes du fils : « escu », « enarmes », « cors », « armes », « fïance », « espee », « lance ».

En résumé, il y a dans l’épisode du Pré aux jeux, leséléments propices à la mise en place d’un combat.

Le fils désire vivement ce combat pour gagner une demoiselle et prouver sa force et combler son orgueil.

C’estface à cette demande que le père va à l’encontre de son fils.

C’est enfin cette opposition père-fils qui relie l’épisode du Pré aux jeux à la partie narrant les altercationsentre Baudemagu et Méléagant. 3.

Le père et le fils Tant du côté de Baudemagu que du vieux chevalier, il y a opposition à un fils qui exprime le besoin de combattre.

C’est là la plus importanteressemblance entre les deux duos.

On reconnaît, de plus, d’autres similitudes entre les pères.

Tous deux sont décrits comme étant âgés, ils sont également importantset on insiste sur leur réussite :1655 1656 1657 1658 1659 Uns chevaliers auques d’ahé estoit de l’autre part del pré sor un cheval d’Espaigne sor, s’avoit lorain et sele d’or, et s’estoit de chien esmeslez. Remarquons que ces vers sont les premiers d’un nouveau paragraphe, le U de « Uns » étant ici une lettrine.

De cette manière, une autorité de tête est attribuée auvieux chevalier, qui, régnant sur le Pré, lui donne une position similaire à celle de Baudemagu qui règne sur sa cour et son royaume.

Sa réussite est exposée au lecteurTP de Littérature médiévale 22 novembre 2011 Akermann Morgane 6/10 par la rime entre « sor » désignant ici le poil doré du cheval, et l’ « or » de la selle sur laquelle il est assis, mettant l’accent sur sa richesse matérielle.

La richesse deBaudemagu est d’un autre ordre, c’est celle de l’esprit et de la vertu :3148 3149 3150 3151 3152 Apoiez a une fenestre s’estoit li rois Baudemaguz, qui molt ert soutix et aguz a tote encor et a tot bien, et lëauté sor tote rien Chrétien fait ici rimer « Baudemaguz » et « aguz » montrant ainsi que la subtilité de l’esprit est une qualité qui lui est intimement liée.

Nous n’émettrons pas dejugement de valeur quant à la différence entre la richesse matérielle et la richesse de l’esprit.

Toutefois, nous notons bien cette distinction entre les deux pères.

Le faitque Baudemagu est plus "intellectuel" alors que le vieux chevalier est plutôt "matériel" a son importance pour notre analyse.

De quelque manière qu’elle se présente,cette notion de réussite fait référence à une forme de maturité, qui confère une certaine sagesse à l’ancien.

Ainsi, les pères sermonnent tout d’abord leur fils.

Ilsavancent un certain nombre d’arguments pour tenter de les convaincre que ne pas se battre est la meilleure des décisions à prendre.

Des deux pères, Baudemagu estcelui dont l’argumentation est la plus soutenue :3221 3222 3223 3224 3225 Qui fetenor, l’anors est soe : bien saches que l’enor siert toe se tu fez enor et servise acestui qui est a devise li miaudres chevaliers delmonde.

» Ce dernier vers, qui conclue son plaidoyer, soulève l’idée que Baudemagu a mesuré la force et les qualités chevaleresques de Lancelot12.

Cette clairvoyance est lamême pour le vieux chevalier du Pré aux jeux qui cherche également à convaincre son fils de calmer son enthousiasme13. 12 C.

Alvares, « Le Conflit père-fils dans Le Chevalier de la charrette », p.123.

Voir également note94 relative à cela à la page p.159 de notre édition de CHRÉTIENSDE TROYES, « Le Chevalier de la charrette » (l’article de J.

Mandel qui est cité nous étant introuvable).

13 Voir les vers 1700 à 1704 cités en page 3 de ce travail. TP de Littérature médiévale 22 novembre 2011 Akermann Morgane 7/10. »

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