Analyse ELECTRE: L’affrontement mère-fille

« L’affrontement mère-fille Situation de l'extrait : Electre et Clytemnestre viennent d'entrer sur scène.

Elles s'affrontent aussitôt. Questions préparatoires 1) Montrez qu'il s'agit d'une scène d'affrontement. 2) Etudiez l'argumentation des deux personnages (stratégies, pertinence des arguments,…) 3) Quels rôles les autres personnages présents sur scène jouent-ils ? 4) Quel personnage obtient l'appui du spectateur ? Problématique : Dans quelle mesure cet agôn met-il en valeur la complexité des relations mère-fille ? I Un affrontement virulent A Une triple querelle – L'affrontement commence par une phrase affirmative utilisant le présent de vérité générale : « Oui, je connais votre complot.

» Le nom commun « complot » (COD dans la phrase précédemment citée ) constitue une accusation grave et une marque d'insolence de la part d'une jeune fille envers sa mère qui lui fait part de son indignation avec l'exclamation : « Quel complot ! ».

Clytemnestre utilise un argument fondé sur son expérience personnel qui commence par le CCT : « A ton âge ».

Mais, Electre va réutiliser le verbe « portais » pour lancer une accusation beaucoup plus grave que la précédente : « Tu nous portais mal.

» S'ensuit alors un duel verbal entre les deux femmes. – La violence de leur échange ne saurait pourtant masquer la présence de deux autres conflits : entre Electre et Egisthe et entre Egisthe et Clytemnestre.

Egisthe tel un arbitre intervient à deux reprises pour que l'affrontement cesse : « Cela va, Electre.

» et « Je t'en prie, Electre.

» Ces deux phrases sont presque symétriques dans leur construction syntaxique (Sujet + verbe (+ COD dans le deuxième exemple)+ interpellation).

Electre ignore ces interventions et continue son réquisitoire.

Egisthe est pris à témoin par Clytemnestre et s'impatiente de plus en plus avec « Vais-je pouvoir parler ! » : registre lyrique qui exprime la colère.

Mais l'affrontement mèrefille repart de plus belle.

Dialogue de sourds ( = Conversation qui, au bout d'un certain temps, se révèle impossible entre deux ou plusieurs personnes par refus mutuel d'écouter le point de vue de l'autre.

) B Une querelle virulente – La vivacité de l'affrontement est mise en évidence par la stichomythie qui confère au dialogue un caractère passionné.

Le rythme est rapide et la conversation rebondit de mot en mot.

Chaque parole prononcée par l'un des deux personnages est reprise par l'autre pour être niée ou retournée : « Tu l'avais poussé »,« Elle l'a poussé » et « Je ne t'ai pas poussé ». – Dispute caractérisée par la présence d'antithèses qui soulignent l'antagonisme entre les deux personnages : « Qu'en peux-tu savoir ? » / « Je me le rappelle », « Elle l'a poussé » / « Je l'ai retenu », « Je sanglotais » / « Tu riais » et .«mauve » et « bleue ».

Antithèse également présente dans les types et les formes de phrases utilisées par Electre et sa mère. Electre : colère marquée par l'emploi de tournures exclamatives : « C'est faux ! » et « Je n'ai pas poussé Oreste ! ».

Cela s'oppose à l'indignation de sa mère qui emploie des tournures interrogatives avec notamment deux questions rhétoriques : « Est-ce de vouloir marier une fille de vingt et un ans ? » et « Que pouvais-je faire ? ».

L'affrontement est aussi marqué par la succession d'accusations (avec des phrases assertives) et de défenses avec des phrases négatives. – Tension augmentée par l'impatience grandissante d'Egisthe qui veut imposer le silence aux deux femmes.

C Un affrontement qui révèle la nature des personnages – Antagonisme radical entre les deux personnages.

Il se manifeste dès l'entrée en scène des personnages et annonce d'autres disputes.

Electre, lors de la scène 2 de l'acte I, était présentée par la périphrase « une femme à histoires » (p 32).

Cette périphrase convient très bien à un personnage rancunier qui transforme un vague souvenir d'enfance en un argument pour donner de l'ampleur à son réquisitoire.

Electre a accumulé de la haine durant toutes ces années comme.... »